La fusion annoncée des deux acteurs des télécoms au passé mouvementé va aboutir à la création d'un géant au chiffre d'affaires de 27 milliards d'euros.

L'annonce a surpris tout le monde, Nokia et Alcatel-Lucent vont fusionner, le premier absorbant le second probablement via un échange d'actions. Lorsque l'opération aura été réalisée, le nouvel équipementier géant des télécoms issu de la fusion pèsera autant qu'Ericsson ou Huawei.

L'après Microsoft pour Nokia

Après le rachat de sa division téléphones portables, smartphones et tablette par Microsoft en 2014 – où l'on peut aujourd'hui légitimement se demander qui a fait la meilleure affaire ? - Nokia affiche clairement ses ambitions dans les infrastructures de réseaux, en particulier les technologies IP, stratégiques pour la transmission de la donnée, le streaming vidéo, ou encore le cloud.

En fusionnant avec le groupe franco-américain Alcatel-Lucent, Nokia met également la main sur plusieurs pépites qui vont renforcer sa position sur le marché. La Chine, tout d'abord, où Alcatel-Lucent est très présent sur les réseaux mobiles avec 1,3 milliard de connexions. Les Etats-Unis, ensuite, où Alcatel-Lucent équipe les deux plus gros opérateurs télécoms, Verizon et AT&T.

Interrogations et inquiétudes

Evidemment, comme dans tout projet de fusion, les marchés doutent et s'installe une certaine peur. SI le titre Alcatel-Lucent bondit à la Bourse de Paris, celui de Nokia dévisse à celle d'Helsinki. Depuis sa création en 2006, Alcatel-Lucent n'a enregistré que des pertes, à l'exception de 2011, démonstration flagrante de l'échec d'une fusion, ce qui a de quoi refroidir nombre d'observateurs !

Se pose également la question de l'accord des autorités de tutelle ? L'Europe ne devrait pas s'y opposer, la proximité avec la Suède est un atout. La France non plus, le ministre des Finances Emmanuel Macron a même devancé les inquiétudes légitimes des syndicats en indiquant « Il n’y aura aucune destruction d’emplois en France ». Le nouveau groupe pourrait même renforcer le son pôle R&D en France…

Il n'empêche que si la fusion donne naissance à un nouveau géant des telcos, avec environ 100.000 employés, il faudra trouver des synergies afin de réduire la voilure.