Lien direct de cause à effet chez Google, la valorisation boursière du moteur a atteint un record historique dans l'histoire des Etats-Unis après que la CFO du groupe a annoncé plus d'austérité financière.

Elle s'appelle Ruth Porat, est parfois surnommée « la banquière de Wall Street », et sa nomination à la tête des finances de Google en mai dernier aurait pu passer inaperçue si le groupe n'occupait la première place des capitalisations boursières à Wall Street, et surtout si la nouvelle CFO, une star dans les milieux financiers de l'autre coté de l'Atlantique, n'avait exercé ses talents précédemment au même poste chez Morgan Stanley. Sa nomination a d'ailleurs été interprétée comme une concession donnée à Wall Street...

Deux mois après, la place boursière enregistre déjà ce que certains analystes appellent « l'effet Ruth » : vendredi dernier, le titre Google a enregistré une hausse de 11 %, soit un gain de 68,25 dollars, pour atteindre 670,03 dollars. Le précédant pic, à 615,03 dollars, avait été atteint il y a 17 mois…

Mais c'est surtout un record historique qu'enregistre une entreprise américaine cotée à Wall Street : la valorisation boursière de Google a dépassé les 65,1 milliards de dollars. Le précédant record avait été établi en 2000 par Cisco. Pour comparaison, le record d'Apple s'établit à 46,4 milliards de dollars, en avril 2012.

L'effet Ruth

Comment un tel phénomène, sans annonce majeure de la part de Google, a-t-il pu se produire ? C'est du coté de Ruth Porat qu'il faut le chercher. La toute récente CFO (Chief Financiel Officer) s'est engagée – et probablement a-t-elle était recrutée pour cela – à lancer Google sur une nouvelle dynamique financière, celle de la discipline. Terminées les dépenses sans compter, Google va devoir enfin faire face à son incapacité à atteindre ses objectifs financiers.

Concrètement, le premier effet devrait atteindre les 'moonshots', les projets à risques chers à Larry Page, le CEO et co-fondateur de Google. Ces projets, pour la plupart sans lien avec le coeur de métier de Google (moteur de recherche et publicité), sont dispendieux pour le groupe, et une bonne part d'entre eux n'aboutissent pas ! Les projets 'moonshots' de Google - les lunettes Google glass, le ballon relai internet, la voiture sans chauffeur, la santé,etc. -, avec leurs potentialités sur le long terme, ne sont pas pour autant abandonnés. Mais Ruth Porat a averti : « La gouvernance sera serrée afin de s'assurer que leurs ressources sont appropriées ».

Google va se serrer la ceinture

En s'attaquant à cette approche des projets, Ruth Porat lance donc au marché financier un message fort : Google entre dans une période d'austérité. L'époque de la croissance des dépenses supérieure aux revenus (augmentation de 13 % des charges d'exploitation au second trimestre 2014 contre seulement 11 % pour les recettes) est révolue !

Le message a été bien compris par les marchés. Et si avec un contrôle serré de ses coûts Google risque d'y perdre un peu de sa superbe, peu importe. Les investisseurs y gagnent, les 57.000 salariés du groupe voient la valeur de leur portefeuille augmenter. Larry Page et Sergey Brin, les deux fondateurs de Google, voient également leur fortune personnelle dépasser les 4 milliards de dollars. Quant à Ruth Porat, elle justifie sa rémunération de 70 millions de dollars (!), et certainement quelques primes sur résultats pour plusieurs autres millions de dollars.