Considéré comme l'un des pionniers du mainframe, à l'origine de l'IBM 704 puis du populaire IBM System/360, mais aussi de la loi d'Amdahl sur la parallélisation des tâches, avant de créer la firme qui porte son nom, Gene Amdahl est décédé à l'âge de 92 ans.

Les années passent, et les pionniers de l'informatique également soumis aux lois de la nature disparaissent. C'est au tour de Gene Amdahl, bien connu dans le milieu du mainframe dont il fut un des principaux acteurs, de tirer sa révérence, à l'âge de 92 ans.

C'est en 1952 – après un diplôme d'ingénieur en physique à la South Dakota University, suivi d'un Masters et d'un doctorat dans la même discipline à l'University of Wisconsin, que Gene Amdahl rejoint IBM. Firme qui la même année lançait son premier ordinateur électronique, c'est à dire dont les transistors remplaçaient les lampes.

Directeur de l'architecture de l'IBM 704, un mainframe destiné au milieu scientifique, on lui doit de nombreuses décisions qui vont pour longtemps dessiner les orientations de ce marché, et permettre à IBM de vendre beaucoup plus de machines que le constructeur ne l'avait imaginé. En 1960, il est le directeur de l'architecture de l'IBM System/360, qui va donner naissance à l'une des premières 'success story' de la courte histoire l'informatique.

La loi d'Amdahl

Bien avant Gordon Moore, le co-fondateur d'Intel, et sa célèbre loi de Moore, Gene Amdahl aura été à l'origine d'une des premières lois de l'informatique, qui d'ailleurs porte son nom. La loi d'Amdahl, élaborée en 1967, est une théorie sur les performances des ordinateurs parallèle et série, qui encore aujourd'hui n'a pas été mise en défaut. Elle stipule que toute tâche informatique peut être décomposée en portions, une règle essentielle pour le développement des architectures informatiques.

La loi d'Amdahl peut se résumer par une accélération théorique de toute tâche lorsque l'on améliore les ressources du système. Autrement dit placer plus de processeurs dans un système ou plus de thread (tunnel de parallélisation des calculs) dans un processeur permet d'accélérer la latence d'exécution d'un programme. Elle est à l'origine du calcul parallèle. Et elle a également ses limites, définies par Gene Amdahl lui-même, car la parallélisation d'un programme s'accompagne de la nécessité d'utiliser la partie sérielle du processeur, ce qui explique que la multiplication des processeurs n'augmente pas d'autant la puissance de calcul, imposant des rendements souvent déceuvants.

Amdahl Corp. et l'après IBM

En 1970, Gene Amdahl quitte IBM et crée la compagnie éponyme Amdahl Corporation. Il y crée l'un des premiers ordinateurs compatibles de l'histoire, à savoir une machine compatible avec le mainframe d'IBM, c'est à dire sur laquelle s'exécutent les mêmes logiciels. Mais moins cher… Le succès est au rendez-vous, au meilleur de sa forme Amdahl Corp. occupera 8 % de part du marché du mainframe. En 1997, la firme sera vendue au japonais Fujitsu.

Mais Gene Amdahl, qui ne s'est jamais départi de sa fibre entrepreneuriale toujours dans le mainframe, avait déjà et depuis bien longtemps, en 1979, quitté la firme qu'il a créée. Il va créer ou participer à la création de nombreuses autres entreprises, mais aucune ne rencontrera la succès d'un Amdahl Corp. Citons Trilogy Systems, en 1979, qui réalise le design de composants pour mainframe et en technologie VLSI (Very-large-scale Integration) ; Andor International en 1987, qui a tenté de créer un mainframe pour entreprises de taille moyenne ; et Xbridge Systems en 1996, encore existante, qui a développé des processeurs 'super-cooled' pour mainframe.