Incontournable du paysage des acteurs mondiaux de l'informatique, HP n'en est pas moins fragile. Invité sur HP Discover, IT Social vous résumera l'actualité du groupe, tout en cherchant à comprendre le paradoxe d'HP, un numéro un mondial à la recherche de « l'efficience », dixit sa CEO !
En direct de Las Vegas avec notre correspondant Samuel Gaulay
27,3 milliards de dollars, le chiffre d'affaires d'HP au cours du dernier trimestre s'est affiché une nouvelle fois en baisse. Même si le groupe conserve largement sa place de numéro un mondial, il souffre du recul de ses activités dans les domaines des équipements informatiques (serveurs, stockage, réseaux, etc.), des imprimantes et des services. Et comme HP cultive les paradoxes, seule la division PC a connu une légère progression !
En réaction, HP va continuer de couper dans ses effectifs, qui seraient globalement de 317.500 employés à ce jour. Après 34.000 suppressions de postes en plusieurs vagues, Meg Whitman, la CEO d'HP, a annoncé en mai dernier une nouvelle suppression de 11.000 à 14.000 emplois.
Comment expliquer cette fragilité ?
HP a construit sa notoriété sur la compétence de ses ingénieurs et la distribution de proximité. Le constructeur dispose d'un des catalogues informatiques les plus larges, et d'un réseau de distribution indirect que seul Microsoft peut sans doute dépasser. Mais cela ne suffit pas, et le constructeur subit de plein fouet les évolutions du marché, quand il ne s'agit pas du retour de ses erreurs.
Vendre un PC ou une imprimante ne permet plus aujourd'hui de réaliser de fortes marges, comme le marché a pu en connaitre il y a 20 ans. Et comme dans toute industrie de masse, seule la multiplication des volumes peut permettre de maintenir le statu quo, mais à quel prix ! Il n'y a guère qu'une marque de très forte notoriété comme Apple qui peut choisir un positionnement de prix artificiellement élevé et fortement rémunérateur. HP a également bien mal pris le tournant du smartphone et des tablettes, avec parfois des choix stratégiques ambiguës et des revirements contradictoires.
Le syndrome IBM
HP a souhaité conserver son image d'industriel. Résultat, le constructeur est probablement celui qui possède le catalogue produits le plus étendu. Par ailleurs, victime du syndrome IBM - qui au début du millénaire a montré la voie en tranchant sa division PC pour confirmer son recentrage sur le logiciel et les services, et vient de nous refaire le coup avec la vente de sa division serveurs X86 de niouveau au chinois Lenovo - HP cherche à marche forcée, avec ses excès comme des acquisitions largement surévaluées, à adopter une démarche proche.
Mais qu'il est difficile de changer les mentalités ! Le prédécesseur de Meg Whitman l'a payé de sa place, à imaginer, horreur !, de se séparer du PC et de l'imprimante. Pas de ça dans un conseil d'administration marqué par l'industrie ! En revanche, le virage du service est accepté, puisqu'il ne peut qu'être porteur de marge. Le résultat est une dispersion dans 'le tout' - « Nous savons tout faire », nous a-t-on régulièrement affirmé – qui parfois fait craindre le n'importe quoi. Comme cette propension à facturer systématiquement du service là où le distributeur ne le requiert pas. L'organisation en interne d'HP a certainement souffert de ces dérives et de ces répartitions artificielles de charges, qui cependant n'ont pas suffit à justifier dans les résultats la stratégie adoptée. En effet, même le service recule !
HP Discover
Pourtant, HP Discover, la grand messe mondiale de HP, est l'occasion de confirmer, et parfois de découvrir, la richesse de l'écosystème du constructeur. C'est là qu'est sa force, à n'en pas douter. Le titre de numéro 1 mondial de l'informatique n'est pas usurpé, encore faut-il que la finance ne nuise pas trop à la valeur des hommes et des technologies. L'annonce, en mai dernier, de la prolongation des réductions d'effectifs ne va pas dans ce sens...
HP dispose en interne des ressources et des compétences pour affronter les changements fondamentaux induits par la transformation des systèmes d'information, le nuage et la mobilité. A condition que le constructeur se transforme sans trop commettre d'erreurs stratégiques, comme par le passé. Nous profiterons de notre présence sur HP Discover pour nous intéresser à l'évolution de ce géant encore bien fragile.
