On peut afficher 97 millions d'utilisateurs et 500 millions de téléchargements, 1,4 milliard d'accès quotidiens et une progression explosive du chiffre d'affaires – il est passé de 164 millions de dollars en 2012 à 1,88 milliard en 2013 -, et dans le même temps subir le désintérêt des investisseurs boursiers...

Lors de son introduction hier à Wall Street, l'éditeur King Digital – créé en Suède et basé à Dublin -, auteur du célèbre jeu Candy Crush (les personnes que vous croisez au quotidien dans les transports en commun et qui jouent sur leur smartphone sont probablement accros à ce jeu), n'a pas séduit la bourse américaine.

Introduit à 22,50 dollars, pour une recherche de valorisation de l'éditeur à 7,1 milliards de dollars, le titre King Digital dévissait de 9 % quelques minutes plus tard, pour s'afficher en milieu de séance à Wall Street à 19 dollars, soit une chute de 15 %. Ambitieux, les patrons de King se rêvaient à la tête d'un pactole d'un milliard de dollars levés en bourse, ils devront se contenter dans un premier temps de 500 millions !

Victime du syndrome Zynga ?

Les observateurs s'interrogent : King est-il victime du syndrome Zynga ? En 2011, l'éditeur spécialisé dans les jeux vidéo sur réseaux sociaux, valorisé à 20 milliards de dollars avant son introduction, a vu sa capitalisation réduite presque de moitié depuis son introduction. L'éditeur ne vaut plus aujourd'hui 'que' 4,2 milliards de dollars. Et les déboires de King ne vont pas arranger les choses !

Ce que les investisseurs lui ont reproché, c'est de baser son succès sur un seul titre, FarmVille. Alors que ce dernier ne représentait qu'à peine plus d'un quart des revenus de la société. Engoncé dans ce type de jeu addictif, et cherchant systématiquement à le reproduire, Zynga a perdu une partie de sa crédibilité, et s'est vu contraint de fermer des studios de création et de licencier à tour de bras.

King plus fragile que Zynga

Face à Zynga, King paraît autrement plus fragile. Candy Crush pèse pour 78 % dans les revenus de l'éditeur, qui pourrait se prendre une énorme claque si la popularité de ce jeu vient à chuter. Ce qui paraît inéluctable tant la concurrence est rude, et la durée de vie d'un jeu réduite... Les investisseurs craignent tout particulièrement un phénomène de mode, et il sera difficile de les déloger de cette vision.

A miser sur un succès présent, King oublie qu'acquérir une action c'est miser sur sa pérennité ou sa capacité à grossir rapidement afin de faire fructifier l'investissement. Certes Candy Crush est un succès planétaire, et un modèle économique astucieux – le feemium, le joueur télécharge gratuitement un jeu addictif, mais doit payer pour progresser rapidement. Insuffisant pour les investsisseurs dont les regards sont tournés vers le futur, pas vers le passé !