Une coalition, lancée par l’allemand NextCloud, et regroupant une dizaine d’éditeurs de logiciels SaaS européens (dont Talkspirit, le réseau d’entreprises françaises) a déposé une plainte auprès de La Direction Générale de la Concurrence de l’Union européenne accusant Microsoft de comportement anticoncurrentiel. La coalition reproche au géant du logiciel de monopole de fait sur les solutions de collaboration à distance. Le litige concerne l’offre OneDrive de Microsoft.

« Dans une répétition d’actions monopolistiques antérieures, Microsoft associe ses services OneDrive, Teams et autres à Windows et pousse agressivement les consommateurs à s’y inscrire et à confier leurs données à Microsoft. Cela limite le choix du consommateur et crée une barrière pour les autres entreprises offrant des services concurrents », expliquent les auteurs de la plainte. Celle-ci tombe au moment où le Conseil de l'Union européenne adopte ses orientations générales sur deux textes stratégiques en matière de régulation du numérique, les textes DSA et DMA pour Digital Services Act et Digital Markets Act.

Une histoire déjà bien chargée

Ce n’est pas la première fois que Microsoft est accusé de pratiques monopolistiques. Il fait d’être l’éditeur de Windows, le système d’exploitation le plus utilisé sur cette planète, l’expose, à ce genre d’accusations. Dans les années 1980, la Federal Trade Commission (FTC) a lancé une enquête au début des années 1990 pour déterminer si Microsoft essayait de créer un monopole.

En 1998, le Département de la justice américaine et les procureurs généraux de 20 États ont déposé des plaintes antitrust contre Microsoft, afin de déterminer si l’ajout de programmes supplémentaires dans son système d’exploitation constituait des actions monopolistiques. Ces poursuites ont été engagées à la suite de la « guerre des navigateurs » qui a conduit à l’effondrement de Netscape, le principal concurrent de Microsoft, lorsqu’il a commencé à offrir gratuitement son logiciel de navigation.

Crainte de la disparition d’acteurs européens

De fait, l’histoire se répète avec la plainte de la coalition, arguant que cette position de force a permis à Microsoft d’augmenter ses parts de marché, menaçant les acteurs européens de disparition. Au cours des dernières années, écrivent les coalisés, la part de marché de Microsoft a augmenté pour atteindre 66 % du marché de l’UE, tandis que les fournisseurs locaux ont perdu de 16 à 26 %. « En favorisant fortement leurs propres produits et services (ce que l’on appelle l’autoréférencement) ou en bloquant carrément les autres vendeurs, ils tirent parti de leur position de gardiens de la porte pour étendre leur portée sur un nombre croissant de marchés voisins et pousser les utilisateurs plus profondément dans leurs écosystèmes. Les fournisseurs locaux, plus spécialisés, sont incapables de rivaliser “par les mérites”, car la clé du succès n’est pas un bon produit, mais la capacité à fausser la concurrence et à bloquer l’accès au marché », préviennent-ils.

« Ce type de comportement est mauvais pour le consommateur, pour le marché et, bien sûr, pour les entreprises locales de l’UE, estiment les plaignants. Avec les autres membres de la coalition, nous demandons aux autorités antitrust en Europe d’appliquer des règles du jeu équitables, de laisser le libre choix aux consommateurs et de donner une chance équitable à la concurrence ».