Le Gartner Hype Cycle for Emerging Technologies 2020 est un recueil des technologies susceptibles de changer considérablement la société et les entreprises au cours des cinq à dix prochaines années. Comme la technologie est un des domaines qui influencent le plus l’évolution de la société humaine, il est en retour influencé par ce qui se passe dans celle-ci. Élément exogène à toute technologie, le Covid-19 est une des tendances le plus influentes actuellement. De nouvelles applications ont vu le jour, l’impératif de distanciation physique génère ses propres besoins.

C’est ainsi que le cabinet d’analyse s’est vu intégrer dans la liste des tendances, les réponses technologiques aux besoins issus de la crise du Covid-19. Les applications de traçage font désormais partie de la catégorie des « passeport santé ». « Les populations de l’Inde et de la Chine qui utilisent des passeports de santé ont poussé cette technologie à une pénétration du marché de 5 à 20 %, un chiffre sans précédent pour une technologie qui vient d’entrer dans le Hype Cycle », explique Kasey Panetta, Senior Content Marketing Manager chez Gartner.

Les 5 tendances technologiques à surveiller

La liste de cette année met en évidence cinq tendances : les architectures composites, la confiance algorithmique, au-delà du silicium, intelligence artificielle formative et digital me.

1Les architectures composites

Face aux changements rapides et à la décentralisation, les organisations doivent passer à des architectures plus agiles et plus réactives. Une architecture composite est constituée de capacités commerciales packagées reposant sur un ensemble de données flexible. Cela permet à l’entreprise de répondre à des besoins commerciaux qui évoluent rapidement.Par exemple, une « entreprise recomposable », comme la qualifie Gartner, soutenue par une architecture composite offre une plus grande résilience commerciale. « Une conception modulaire qui permet aux organisations de se “recomposer” lorsque cela est nécessaire, comme lors d’une pandémie mondiale ou d’une récession économique ». L’entreprise composable repose sur quatre principes fondamentaux : modularité, efficacité, amélioration continue et innovation adaptative.

2La confiance algorithmique

L’exposition accrue aux données des consommateurs, les fausses nouvelles et vidéos, et l’IA biaisée, ont amené les organisations à passer de la confiance dans les autorités centrales (registres gouvernementaux, chambres de compensation) à la confiance dans les algorithmes. Les modèles de confiance algorithmiques garantissent la confidentialité et la sécurité des données, la provenance des biens et l’identité des personnes et des choses.

Par exemple, la « provenance authentifiée » est un moyen d’authentifier les biens dans la blockchain et de s’assurer qu’ils ne sont pas faux ou contrefaits. Si la chaîne de contrôle peut être utilisée pour authentifier des biens, elle ne peut suivre que les informations qui lui sont fournies.

3Au-delà du silicium

La loi de Moore prédit que le nombre de transistors dans un circuit intégré dense doublerait tous les deux ans, mais la technologie a atteint rapidement les limites physiques du silicium. Cela a conduit à l’évolution de nouveaux matériaux avancés dotés de capacités accrues, conçus pour supporter des technologies miniaturisées et plus rapides.Par exemple, le calcul et le stockage de l’ADN utilisent l’ADN et la biochimie à la place du silicium ou des architectures quantiques pour effectuer des calculs ou stocker des données. Les données sont encodées en brins d’ADN synthétique pour le stockage et des enzymes fournissent les capacités de traitement par des réactions chimiques.

Malgré deux prototypes réussis, la technologie est actuellement rudimentaire et coûteuse, avec des obstacles techniques importants à son utilisation courante. Cependant, l’impact d’une technologie de calcul et de stockage de l’ADN transformerait le stockage des données, le parallélisme du traitement et l’efficacité du calcul.Parmi les autres technologies qui s’inscrivent dans cette tendance figurent les capteurs biodégradables et les transistors à base de carbone.

4L’AI formative

L’IA formative est un type d’IA capable d’évoluer dynamiquement pour répondre à une situation. Il en existe plusieurs types, allant de l’IA qui peut s’adapter dynamiquement au fil du temps aux technologies qui peuvent générer de nouveaux modèles pour résoudre des problèmes spécifiques. Par exemple, l’IA générative est un type d’IA qui peut créer de nouveaux contenus (images, vidéo, etc.) ou modifier des contenus existants. Les nouveaux artefacts sont similaires, mais pas exactement identiques aux originaux.

Cette technologie est à l’origine desdeep fakes qui peut entraîner une désinformation et un risque graves, et dont le nombre devrait augmenter au cours des cinq prochaines années. Cependant, des utilisations moins néfastes comme la découverte de médicaments et la génération de données synthétiques — et même des œuvres d’art générées par l’IA — gagnent également en popularité.Parmi les autres technologies qui s’inscrivent dans cette tendance, on peut citer l’IA composite, la confidentialité différentielle, les petites données et l’apprentissage autosurveillé.

5Digital me

Des passeports de santé aux jumeaux numériques, à mesure que la technologie s’intègre aux usages, les possibilités de créer des versions numériques de nous-mêmes se multiplient. Ces modèles numériques représentent les humains dans le monde réel et virtuel. Par exemple, les interfaces cerveau-machine (IMC) bidirectionnelles sont des wearables qui modifient le cerveau et permettent une communication bidirectionnelle entre un cerveau humain et un ordinateur ou une interface machine.

Les IMC peuvent être portés ou des implants qui surveillent l’activité électrique du cerveau et l’état mental des individus. La différence entre l’IMC de contrôle régulier et l’IMC bidirectionnel est que ce dernier peut utiliser l’électrostimulation pour modifier l’état mental de la personne.

Dans le monde des affaires, les applications potentielles comprennent l’authentification, l’accès et le paiement, les analyses immersives et les exosquelettes. Mais d’autres applications, qui ont leurs propres préoccupations sociales et éthiques, pourraient inclure l’utilisation de la stimulation pour stimuler la vigilance ou modifier l’humeur en appliquant des courants au cerveau. Bien que les cas d’utilisation potentiels soient nombreux, les IMC introduisent également un facteur de risque si elles sont exploitées à des fins peu recommandables.