En mettant 700 M€ sur la table, le gouvernement entend aider les start-up technologiques à passer le cap difficile de la crise. Outre le renforcement d’un secteur technologique innovant, il veut aussi les mettre à l’abri des prédateurs à la recherche de bonnes affaires.

« Les start-up ont fait preuve d’une résilience et d’une adaptabilité qui en feront un moteur clé de croissance et d’emplois à venir ». Et c’est pour préserver ce moteur de la croissance et des emplois du futur que le gouvernement a décidé de mettre 700 M€ sur la table. Ce plan en 5 volets, sera financé pour l’essentiel à travers le Programme d’investissements d’avenir (PIA) piloté auprès du Premier ministre par le Secrétariat général pour l’investissement (SGPI).

L’objectif avoué d’une telle démarche est quadruple. Outre la sauvegarde de la croissance et des emplois, le gouvernement veut assurer la souveraineté de la France, « car cette crise a révélé avec une clarté renouvelée un constat sans équivoque : sans leaders technologiques européen et français, nous ne serons pas capables d’assurer notre autonomie ni de défendre notre modèle et nos valeurs dans l’économie de demain », explique le communiqué du ministère de l’Économie et des Finances. 

Il s’agit ensuite de favoriser le développement de solutions technologiques d’avenir, tel que les outils de téléconsultation, de télétravail et d’apprentissage en ligne, et qui permettent de répondre aux défis sociétaux à venir. Enfin, le but est de préserver les start-up françaises de la convoitise des grands groupes internationaux, qui pourraient profiter de la crise pour s’adjuger à bon compte quelques pépites hexagonales.

1Lancement du fond French Tech Souveraineté

Des entreprises technologiques françaises développant des technologies d’avenir à caractère souverain pourraient, dès les prochains mois, être la proie de grands acteurs étrangers ou être dépassées par des concurrents parvenant à mieux se financer. En réponse, le Gouvernement lance un véhicule d’investissement géré par Bpifrance, à vocation à la fois offensive et défensive, disposant dès à présent d’une première somme de 150 M€ afin de soutenir ces entreprises, acteurs majeurs de l’autonomie technologique de la France. En fonction des besoins, la taille de ce fonds pourra être augmentée en 2021 pour atteindre plus de 500 M€.

2Soutien au financement des entreprises technologiques

pour passer la crise et continuer à innover, pour environ 500 M€. En raison de la crise et de la contraction du capital-risque, de nombreuses start-up ont des difficultés à accéder à des financements malgré leur fort potentiel. C’est pourquoi le Gouvernement a décidé de prendre les mesures de soutien suivantes :

  • Soutien à la trésorerie : réabondement de 80 M€ du fonds French Tech Bridge dont l’enveloppe atteint un total de 160 M€, qui vise à financer des bridges entre deux levées de fonds, sous forme d’obligations convertibles ; et lancement d’une offre de prêts, d’un total de 100 M€, distribués par Bpifrance à des start-up prometteuses ayant conjoncturellement le statut d’entreprise en difficulté et ne pouvant accéder au prêt garanti par l’État (PGE) ;
  • Rechargement du fonds d’investissement PSIM pour 120 M€ afin d’accompagner de nouvelles start-up lauréates du Concours mondial d’innovation ;
  • Renforcement de dispositifs d’aides à l’innovation : extension du Concours d’innovation (i-Nov) avec une dotation supplémentaire de 20 M€ pour une enveloppe totale de 80 M€, afin de soutenir les projets ayant été freinés par la crise ces dernières semaines, et lancement d’une nouvelle vague de Challenges IA pour 15 M€ afin de financer des entreprises technologiques spécialisées dans l’intelligence artificielle qui développent des réponses à des problématiques portées par des entreprises exploitant leurs données.

3Soutien à l’émergence d’un nouveau vivier de start-up,

en particulier fortement technologiques, pour près de 200 M€. Plusieurs mesures de soutien à la maturation et à l’incubation de projets technologiques sont mises en œuvre dans le cadre des investissements d’avenir afin de ne pas compromettre la création de nouvelles start-up :

  • Déblocage d’une troisième tranche de financement de 65 M€ en faveur de 4 sociétés d’accélération du transfert de technologie (SATT) dont la mission est de valoriser les résultats de la recherche académique ;
  • Soutien à l’accompagnement : lancement d’une deuxième vague d’appel à projets dotée de 15 M€ à destination de programmes d’accompagnement spécialisés sur l’entreprenariat deep tech, et création du fonds d’investissement French Tech Accélération n° 2 doté de 100 M€ qui a vocation à soutenir la création et le développement d’incubateurs et accélérateurs de start-up, avec une concentration sur celles fortement technologiques.

4Soutien à la demande

Inventaire des verrous pour accélérer la numérisation de la société et de l’économie. Afin de recenser les mesures à maintenir et les nouvelles dispositions à prendre pour accélérer le développement des usages numériques, le Secrétariat d’État chargé du Numérique lance un large appel à contribution auprès du grand public et des entreprises. L’ensemble des propositions recueillies seront analysées afin d’alimenter un projet de loi présenté d’ici la fin de l’année au Parlement dans le cadre de la relance. La consultation sera lancée dans les prochains jours et durera jusqu’au 31 juillet.

5Soutien au recrutement par des actions d’information.

Les start-up peuvent aujourd’hui rapidement offrir des débouchés aux jeunes diplômés, très touchés par la crise. Cependant, les métiers liés aux nouvelles technologies évoluent constamment, ce qui complique l’appréhension de leur contenu et de leurs exigences. Afin d’améliorer l’orientation des candidats potentiels et la connaissance des carrières dans les start-up, seront lancées, pendant l’été, une plateforme de contenus en ligne présentant les métiers de la tech et une campagne de communication promouvant les opportunités d’emploi dans la French Tech. Par ailleurs, la moitié du French Tech Community Fund 2020 (1 M€) financera des initiatives locales sur le thème des carrières et des opportunités dans la French Tech. L’appel à projets sera lancé dès juillet. Une attention particulière sera portée aux projets à destination de publics peu représentés dans l’écosystème.