L’enquête avance concernant les pratiques anticoncurrentielles d’Amazon. La Commission européenne vient de confirmer que le géant du e-commerce s’est rendu coupable de pratiques anticoncurrentielles au détriment des vendeurs indépendants qui opèrent sur sa plateforme. Après avoir ouvert une enquête sur les pratiques du géant du e-commerce en juillet 2019, le Commission vient de franchir un pas juridique supplémentaire en adressant une communication de griefs, selon laquelle il a enfreint les règles antitrust de l’UE en faussant la concurrence sur les marchés de détail en ligne.

En tant que marchand en ligne et plateforme de e-commerce, via sa place de marché, Amazon profite d’un double rôle : il vend des produits sur son site web en tant que détaillant ; et fournit une place de marché où les vendeurs indépendants peuvent proposer des produits directement aux consommateurs. La Commission reproche à Amazon d’utiliser les données commerciales des vendeurs indépendants qui opèrent sur sa place de marché au profit de ses propres marchandises. En somme, Amazon concurrence les vendeurs indépendants sur sa plateforme en utilisant leurs données commerciales.

Des pratiques en Allemagne et en France

Les conclusions préliminaires de la Commission montrent que de très grandes quantités de données sur les vendeurs tiers sont accessibles aux employés de l’activité de commerce de détail d’Amazon et qu’elles sont directement transmises aux systèmes automatisés, qui regroupent ces données et les utilisent pour calibrer les offres de détail et les décisions commerciales stratégiques d’Amazon, au détriment des autres vendeurs du marché. Par exemple, cela permet à Amazon de concentrer ses offres sur les produits les plus vendus dans toutes les catégories de produits et d’ajuster ses offres en fonction des données non publiques des vendeurs concurrents.

Ces pratiques avérées se déroulent en France et en Allemagne, les plus grands marchés d’Amazon dans l’UE. Si cela se confirme, cela enfreindrait l’article 102 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE) qui interdit l’abus de position dominante sur le marché.

Et ce n’est pas tout, les enquêteurs de la Commission semblent avoir levé d’autres lièvres, car la Commission a également ouvert une deuxième enquête antitrust formelle sur l’éventuel traitement préférentiel des offres d’Amazon et de celles des vendeurs du marché qui utilisent les services de logistique et de livraison d’Amazon. Selon la Commission, le géant favoriserait ainsi les détaillants qui utilisent sa logistique au détriment des autres. Selon le communiqué de la Commission, ces pratiques permettent à Amazon « d’éviter les risques normaux de la concurrence du marché de détail et de tirer parti de sa position dominante sur le marché pour la fourniture de services marchands ». La Commission va maintenant mener une enquête approfondie sur ces pratiques.