Si les efforts des petites et moyennes communes pour adopter et développer le numérique sont réels, ils se heurtent à de nombreuses contraintes qui les placent en retrait sur les projets de modernisation, de transformation digitale, et de dématérialisation. La bonne volonté ne suffit pas…
Les petites et moyennes communes - entendez par là les communes de moins de 10.000 habitants, soit la majorité des 36.000 communes françaises et principalement rurales – font différemment face à une véritable problématique numérique.
Si les plus 'moyennes' d'entre elles, les moins nombreuses également, à savoir les communes de 3.500 à 10.000 habitants, bénéficient des équipements et débits de connexion des opérateurs, la grandes majorité d'entre elles - les 3/4 ou 'petites' ont moins de 1000 habitants – affirment ne pas parvenir à obtenir un débit de connexion de bonne qualité. Une petite commune sur 2 (52%) n'y aurait pas accès ! Et si encore cela se révélait possible, les difficultés budgétaires auxquelles elles sont confrontées limitent leur capacité à entrer dans la course à la modernisation. Ainsi les 2/3 d'entre elles ne disposent pas d'un serveur...
Peu d'élus 'numériques' et des secrétaires de mairie
La taille des communes, qui participe à leur capacité à investir dans une politique de transformation digitale, est un facteur essentiel. C'est ainsi que 8 mairies sur 10 (79%) ne disposent ni d’un service informatique, ni d’un service information-communication, ni d’un service de relation aux citoyens, ni d’un chargé de mission en lien avec le numérique. Quant à l'élu en charge du numérique, à peine plus de 2 communes sur 10 en disposent.
Dans ces conditions, la tâche du numérique vient s'ajouter à celles, déjà nombreuses car solitaires, du secrétaire de mairie, seule personne à assurer les missions communales. Une diversité qui rend difficile la mise en œuvre d'outils et de services, phénomène accentué par le manque de temps, de moyens et de compétences.
Du Wi-Fi et des projets démat
Dans le même temps, la consumérisation des IT touche les habitants comme les élus et le secrétaire de mairie, et tout le monde s'entend pour a minima déployer du Wi-Fi dans la mairie. Elles sont 71 % à disposer d'un accès, un chiffre qui a progressé rapidement, mais qui pourrait s'arrêter là, puisque 3 mairies sur 10 affirment ne pas disposer d'un accès au haut débit !.
Si la législation et les règlementations imposent ou imposeront aux communes de pratiquer la démat dans de nombreux domaines, certains d'entre eux sont bien engagés. C'est sans surprise le cas de la paie, premier projet et priorité numérique dématérialisée dans une commune sur 2 :
- 49 % - Paie
- 40 % - Actes règlementaires
- 37 % - Visualisation et d’exploitation de données
- 36 % - Adoption d'un tiers de télétransmission
- 35 % - Factures
Les élus ont-ils la volonté de dématérialiser ?
Les maires et les élus ont-ils la volonté de passer au numérique ? Nous l'avons vu, à peine plus de 20 % des communes disposent d'un élu en charge du numérique. Coté maires, ils ne font guère mieux, avec 32 % seulement des maires des communes de moins de 1000 habitants, 38 % dans les communes de 100 à 3500, et 33 % au-dessus des 3500 à considérer la dématérialisation comme une opportunité.
Le constat de la transformation digitale des petites et moyennes communes françaises est donc en demi teinte. Le reproche des infrastructures d'accès encore déficitaires malgré les engagements des opérateurs, s'il est certes encore vrai dans nombre de communes, ne tient pas (plus!) pour les 3/4 d'ente elles qui confirment disposer d'un accès à haut débit.
Le bilan de la démat et du numérique dans les communes françaises serait donc plutôt que peu d'efforts, cumulés à de moyens et à un manque d'accompagnement, pèsent sur les projets.
Source : 2nd Baromètre JVS-MAIRISTEM de la Dématérialisation dans les Mairies de moins de 10.000 habitants, 2015
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