Que sera le cloud en 2025 ? La Cloud Week Paris s'est ouverte sur une ambitieuse série d'interventions d'experts d'origines diverses, qui ont évoqué leur vision du cloud au cours de la prochaine décade.
Devant un parterre acquis réunissant la fine fleure des acteurs du cloud français, Pierre-José Billotte, Président d'EuroCloud France – le chapitre français de l'association qui réunit les fournisseurs du Cloud Computing en Europe -, a ouvert la première Cloud Week Paris, projet ambitieux de l'écosystème français du cloud qui s'est exposé durant une semaine. Et qui n'est pas encore clause au moment où nous publions cet article.
En réponse à certaines critiques dont nous nous sommes fait l'écho (lire « La Cloud Week va parader dans Paris »), Pierre-José Billotte a tenu à rappeler que l'évènement, « agrégateur de contenu sur des sujets où le cloud a un impact […] expose des sujets trop nombreux pour adopter un format traditionnel ». Il a surtout profité de sa tribune pour fustiger « la France pyramidale, où le numérique n'est pas dans l'ADN des politiques ». Et de souhaiter non sans malice « avoir un candidat en 2017, pour mettre en place une grande politique du numérique, et faire du numérique une vraie priorité pour la France ».
Ray Wang
Fondateur de Contellation Research et analyste réputé, Ray Wang a lancé les débats en rappelant que « Le cloud est la fondation des nouveaux business models, qui ne consistent plus à vendre des produits et services, mais des expériences. La disruption dans les business models, c'est de se connecter aux réseaux, avec le triptyque contenu, réseaux et technologies. C'est de début de l'évolution digitale. […] Le business évolue au rythme de l'échelle de Maslow et apporte des sentiments. Chaque donnée est au coeur des nouveaux business models, qui vont transformer l'information en multipliant les contextes et les process. Nous devons regarder plus profondément la donnée. Et penser aux différentiateurs stratégiques et à l'efficacité opérationnelle pour accélérer l'innovation. […]. L'innovation du cloud, c'est d'accéder à des ressources qui ne sont pas dans l'entreprise. Mais la vie privée n'est pas morte. La problématique, c'est l'agrégation d'énormes volumes de données, qui les stocke, et qui à la permission de les utiliser ? Nous sommes au début du cloud, à nous de porter les technologies plus loin. »
Pierre Janin
Le président d'AXA Banque a ramené le débat sur le terrain, en évoquant le cloud au travers du programme Métomorphose mené par son groupe sur les données et le Big Data, accompagné d'un outil nommé Kafka pour optimiser le temps de réponse. « Pour le dirigeant, c'est un énorme saut dans l'inconnu, et ce n'est jamais confortable. Il y a des joies et des désillusion dans les IT ! ». Lorsque son groupe a lancé des outils pour repérer les changement de véhicule afin de prédire leur financement et augmenter la performance commerciale, il reconnaît avoir connu « un grand moment de solitude, car le résultat n'est pas à la hauteur des attentes... ». Le cloud est un bon exemple des dilemmes qui se présentent : «Il faut y aller, mais à nos risques et périls. Aujourd'hui, nous savons que nous y allons et pourquoi, mais l'on se pose encore énormément de questions ».
Pierre Janon fait cependant trois rêves dans sa quête des ressources pour participer au monde de demain : la technique, « afin de faire évoluer le cycle de développement et de production et d'améliorer la qualité de service » ; le business, « pour donner l'envie de réinventer le métier, de changer complètement les expériences, de devenir totalement mégalo si on en a les moyens, et de mettre de l'émotion. La banque peut être sympa, et on peut réellement innover » ; la motivation des équipes, l'engagement des collaborateurs 'great place du work'. « Nous devons donner un environnement de travail qui séduise, faire changer les pratiques managériales afin de pouvoir mettre le collaborateur en situation de mobilité, avec ensemble de ses outils, et la capacité de retrouver dans l'entreprise une ambiance collaborative. Pour résoudre ces sujets, il faut changer les mentalités ». Maitre mot de cette vision, la confiance. « Nous devons décider avec les clients, les engager dans une relation active, et pour cela nous devons développer de la confiance. C'est un sujet qu'il faut prendre au sérieux, le jour ou la confiance se perd, vous perdez 2 à 3 ans dans l'engagement vers le digitale. A nous de donner envie à nos clients de nous confier des données, c'est un sujet sensible, cristallisé par la confiance. »
Rachel Delacour
La présidente de BIME - un éditeur dans la BI (business intelligence) dans le cloud créé en 2009, à Montpellier, et aujourd'hui également présent aux Etats-Unis – l'affirme, sa société est restée française et montpelliéraine grâce au cloud. « Il y a trop d'avantages à passer dans le cloud, et en 2025, les entreprises auront définitivement achevé leur migration. Pour nous tous, les navigateurs seront l'OS natif, le plus censé et naturel. Nous vivrons dans un monde 100 % API centric, où tous les services seront ultra-connectés. Les entreprises 'cool kids' d'aujourd'hui seront les leaders de 2025. Le support mobile sera réduit, la puissance du cloud s'exercera de l'autre coté ».
Pour élaborer sa vision du cloud en 2025, elle a mobilisé ses équipes qui l'ont accompagnée. Avec parfois des anticipations qui laissent sceptiques, comme lorsqu'elle affirme que « les gouvernements 2.0 auront résolus les problèmes économiques en 2025, car ce sont des problèmes trop complexes pour l'être humain. Les ordinateurs vont penser comme un être humain, mais sans limitation. Et sous la surveillance des nouveaux réseaux sociaux ». Puis vient l'évocation de la santé, « la santé 2.0 en 2025 va gagner 15 ans de durée de vie, l'espoir n'est pas une stratégie ». Et une dose d'utopie, « les territoires inattendus qui deviendront prospères. Le cloud va redistribuer une partie des richesses ». Avant de conclure son intervention, très appréciée par l'auditoire, sur le cloud qui va aider à gommer les inégalités hommes/femmes, « le cloud est asexué ! » et de souhaiter l'émergence de vocations technologiques chez les femmes. « En 2025, je reviendrai pour dire que l'on en est encore au début ! ».
Cheseki Sagawa
Vice-président Corporate et directeur de la Platform Planning & Strategies, Global Software Center, en charge de la stratégie et du développement cloud computing chez Fujitsu, Cheseki Sagawa a apporté une vision très japonaise du futur du cloud en affirmant que dans 10 ans, nous serons équipés de 1 ou 2 robots dans la maison. Il a d'ailleurs rappelé que Google a acquis 8 sociétés de robotique au cours des derniers mois. Et d'évoquer les applications gratuites sur smartphone qui tirent leurs revenus de la publicité, Amazon qui communique qu'au travers d'API, Uber qui n'existerait pas s'il n'y avait ni cloud ni mobilité. « Le deap learning ou les nouveaux algorithmes n'existeraient pas sans le cloud. Mais après la production de masse, nous évoluerons vers l'individualisation de masse. C'est pourquoi nous devons nous spécialiser, adopter des solutions de plus en plus spécialisées, et les déployer dans des devices physiques. C'est l'IoT (Internet des Objets). A nous de chercher l'harmonie entre digital et analogique. Ensemble, rendons nos rêves réels. »
La suite des interventions dans notre prochain article (part 2).