Selon un rapport NBC News d’avril 2019, une importante fuite de données rassemblant plusieurs milliers de pages de courriels démontre la stratégie de Facebook pour limiter l’accès à ses données à ses principaux concurrents comme YouTube, Twitter et Amazon. Pour rappel, Facebook partage certaines de ces informations avec d’autres applications lorsque l’utilisateur se connecte à son compte à partir d’une plateforme tierce. Parmi ces données accessibles, on peut citer par exemple les adresses mails, la liste d’amis, etc. Mais au début des années 2010, certains cadres de Facebook ont discuté de la possibilité de restreindre cette fonctionnalité pour ses concurrents directs, et ce, même si les applications tierces aient déjà obtenu son aval. De plus, cette pratique aurait été réalisée d’une manière sélective en mettant certaines plateformes dans une liste noire. Déjà en 2013, un cadre de Facebook, Jackie Chang, a décrit la manière dont Facebook a tenté de limiter l’accès d’Amazon à certaines de ses données utilisateurs lorsque la société a constaté que le service « Liste de souhaits » d’Amazon était en concurrence directe avec son service « Gifts ». En 2011, certains employés de haut rang de la société ont aussi essayé de placer Twitter dans cette fameuse liste noire en l’empêchant d’accéder à la liste d’amis sur Facebook. Cette tentative aurait été initiée lorsque Facebook a constaté qu’il avait un avantage majeur sur ce dernier. Les liens Twitter représentaient alors 1 % du trafic sortant sur Facebook, tandis que 33 % des trafics sortants sur Twitter étaient des liens Facebook. La société aurait adopté la même approche vis-à-vis de YouTube.
Bien entendu, les responsables Facebook ont réagi après cette fuite d’informations. Selon un porte-parole, ces documents anciens ont été divulgués par une personne qui a des griefs contre la société, d’autant que cette pratique va totalement à l’encontre des lois américaines. Il a aussi mis un point particulier sur le caractère ancien de ces documents. D’un autre côté, la tentative de restreindre l’accès aux données aux concurrents s’inscrit à priori dans un cadre de protection des données des utilisateurs. Mais faut-il rappeler que la société a établi un accord spécial avec Apple pour le partage des données. Pour rappel, Facebook fait actuellement l’objet d’une vaste enquête antitrust pour ses pratiques supposées anticoncurrentielles.
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