Le Dazzle Club est un groupe d’activistes réunissant quelques résidents londoniens pour dénoncer les dérives de l’utilisation des caméras de surveillance publiques dotées de reconnaissance faciale. Ses membres se réunissent une fois par mois en peignant leur visage avant de parcourir les rues de Londres. Ils pensent que leur stratagème peut tromper le système de surveillance faciale. Les membres du Dazzle Club appliquent les peintures sur leur visage d’une manière spécifique pour tromper les caméras, notamment en essayant d’effacer leur nez ou en déformant les contours de leurs yeux. Avant de longer les rues de la ville parsemée de caméras, les activistes testent leurs peintures sur le filtre de Snapchat pour savoir si la caméra arrive à définir s’il y a un visage. Un des membres du groupe explique que malgré tout, le système de reconnaissance faciale utilisée par les caméras de surveillance peut être dupé très facilement. Cette technique de dissimulation de visage a été créée par l’artiste américain Adam Harvey.

Londres est la deuxième ville au monde qui concentre le plus grand nombre de caméras de surveillance. Au dernier décompte, la ville compte plus de 600.000 de ces dispositifs. Par rapport au nombre de personnes qui circulent quotidiennement dans ses rues, une personne peut être filmée environ 300 fois par jour. La technologie de reconnaissance faciale a été utilisée pour la première fois à Londres en 2016. Selon les versions officielles, elle sert surtout à aider la police à détecter les potentiels criminels dans les lieux publics comme les stations de métro. Mais la technologie a aussi été utilisée lors de certaines manifestations comme le carnaval de Notting Hill et pendant un défilé de commémoration de la Première Guerre mondiale. De leur côté, les organismes de défense de la vie privée comme Big Brother Watch affirment que la reconnaissance faciale se trompe à 98 % du temps en signalant plutôt des innocents. Ce dernier déclare aussi que le Royaume-Uni se rapproche davantage de la Chine en matière de surveillance des citoyens que des pays démocratiques. En septembre de l’année dernière, une polémique de grande ampleur a déjà éclaté à propos du sujet de la reconnaissance faciale. La société Kings Cross Central Development était alors montrée du doigt pour l’utilisation d’une telle technologie à la gare King’s Cross. La société a été obligée de publier un communiqué affirmant que sa technologie aidait la police à prévenir la criminalité et de garantir la sécurité des citoyens. Big Brother Watch déplore que des millions de personnes ont sans doute été scannées par ces technologies sans le savoir.

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