Computer crime concept

Le Threat Labs d’Avast constate que les menaces numériques pesant sur la vie privée et la sécurité des personnes ont pris de l’ampleur après la mise en place des mesures de confinement. Ce constat serait presque anodin si ce n’est que l’éditeur d’antimalware établit une corrélation entre la prolifération des logiciels espions et de harcèlement et l’augmentation des violences domestiques pendant cette même période.

Le laboratoire de traque des attaques aconstaté une hausse de 51 % de l’utilisation des logiciels espions (spywares) et de harcèlement (stalkerwares) entre mars et juin 2020, par rapport à janvier et février 2020. Cela représente une augmentation de 46 % en moyenne par mois par rapport aux deux premiers mois de l’année.

Et c’est là qu’on quitte le domaine purement technologique de la cybersécurité pour entrer dans le domaine social des violences domestiques. Car cette menace numérique en pleine expansion a pour toile de fond une augmentation des violences domestiques pendant le confinement. Au cours de cette période, le 3919, le numéro de téléphone d’urgence, destiné aux femmes victimes de violence domestique en France, a été composé à 9 906 reprises en avril 2020 (contre 5 098 fois le même mois en 2019). En outre, les appels de proches et de voisins adressés à la police pour signaler une situation de violence domestique (en proportion de tous les appels à ce sujet) ont augmenté entre février et avril 2020 allant de 23 % à 31 %.

Espionner sa victime pour resserrer son emprise

Lorsqu’on analyse le fonctionnement de ces logiciels, on comprend mieux la corrélation établie par les chercheurs d’Avast. Un stalkerware est un logiciel malveillant qui permet de localiser une personne, d’accéder à ses photos et vidéos personnelles, d’intercepter ses e-mails ainsi que ses messages et ses conversations sur des applications telles que WhatsApp et Messenger, ainsi que d’écouter ses appels téléphoniques et d’enregistrer ses conversations sur Internet à son insu.

Grâce à ces malwares, les bourreaux disposent d’outils qu’Avast n’hésite pas à qualifier de logiciels malveillants domestiques. Cette emprise est facilitée par la multiplication des appareils connectés, et l’existence d’applications furtives d’espionnage et de harcèlement est un autre moyen pour les agresseurs d’exercer un contrôle sur leurs victimes, lesquelles sont incapables de quitter leur domicile en raison des mesures de confinement.

« Le stalkerware désigne une catégorie émergente de logiciels malveillants domestiques dont les implications sont inquiétantes et dangereuses, explique Jaya Baloo, CISO d’Avast. Alors que les spywares et les infostealers ont pour objectif de voler des données personnelles, les stalkerwares sont différents : ils privent la victime de sa liberté physique et cyber. Habituellement installés secrètement sur les téléphones portables par de soi-disant amis, des conjoints jaloux, des ex-partenaires, et même des parents inquiets, les stalkerwares traquent la localisation physique de la victime, surveillent les sites visités sur Internet, les SMS et les appels téléphoniques, portant ainsi atteinte à la liberté individuelle et à la liberté en ligne d’une personne ».