Des membres d’un forum en ligne sur la cybercriminalité se sont accaparés et ont partagé plus de 70.000 photos d’utilisateurs de la plateforme de rencontre Tinder. Les victimes de cet acte malveillant sont principalement des femmes. La plupart s’inquiètent actuellement de l’utilisation future, potentiellement abusive. Aaron DeVera, membre du groupe de travail New Yorkais sur les cyber-agressions sexuelles et chercheur à la société de cybersécurité White Ops, a confirmé l’information. Il a déclaré que les images volées sont actuellement divulguées sur un site web dédié au commerce de logiciels malveillants, accompagnées de 16.000 informations d’identification (ID) d’utilisateurs de Tinder. Néanmoins, le chercheur n’a pas connaissance de la façon dont ces photos seront utilisées par les pirates. Il se pourrait qu’elles soient utilisées dans un but de harcèlement ou pour créer de faux profils sur d’autres applications de réseautage social. Le scénario le moins menaçant serait leur utilisation pour former une technologie de reconnaissance faciale. Bien entendu, Tinder a condamné ces actes, et rappelle que l’utilisation de ces données est interdite en dehors de sa plateforme. Tinder va prendre des mesures pour supprimer les données volées, sans en annoncer les détails.

Aaron DeVera a rappelé que l’API de Tinder a déjà été touché par une attaque. En 2017, un chercheur de Kaggle, filiale de Google, a volé plus de 40.000 photos de profil pour former un modèle d’apprentissage automatique. Cette année-là, Tinder a déjà annoncé avoir pris des mesures pour empêcher les vols de données. Les motivations des hackers à se concentrer sur des profils féminins pour ce nouveau piratage restent mystérieuses. Aaron DeVera pense qu’ils vont probablement les utiliser pour concevoir un logiciel biométrique du même type que la reconnaissance faciale, ou au pire, créer de faux comptes pour réaliser des actes frauduleux sur le web. Dans tous les cas, l’utilisation de plus en plus généralisée de la technologie de reconnaissance faciale suscite des inquiétudes, surtout de la part des associations de protection de la vie privée. Ces dernières veulent tout simplement l’interdire en attendant une meilleure réglementation. Les personnalités politiques lancent aussi le signal d’alarme. Devant le Congrès des États-Unis, la représentante Alexandria Ocasio-Cortez a qualifié les systèmes de reconnaissance faciale créés par Amazon et Microsoft, entre autres, d’invasifs. De leur côté, les militants des droits numériques, dont Fight for the Future et Students for Sensible Drug Policy, ont lancé une campagne nationale contre la propagation des technologies de reconnaissance faciale. Des administrateurs d’illustres universités comme Stanford, Harvard et Northwestern préconisent l’interdiction de cette technologie. En plus de cela, une enquête réalisée par le New York Times a révélé que certaines applications de rencontre comme Grindr partagent des informations personnelles des utilisateurs à des agences de marketing et de commerce. Tinder n'est pas cité par l’enquête.

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