Un article de Andrea Hak sur TNW explique comment l’Europe veut se positionner clairement sur le marché des nouvelles technologies, avec des objectifs forts pour 2020. Plusieurs programmes de soutien aux startups et entreprises technologiques vont voir le jour. La nouvelle présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, a fait appel aux différents acteurs et marques pour mettre en place la souveraineté technologique européenne en insistant sur l’accroissement de la compétitivité des pays membres face aux plus grands groupes mondiaux comme Google et Facebook. Cette initiative vise à fonder la marque « Made in Europe » en matière technologique. Mais comment l’Europe va-t-elle procéder réellement pour atteindre une meilleure compétitivité à l’échelle mondiale. Réponse avec quelques participants à l’EIT Digital Challenge qui regroupe les principaux acteurs de cette nouvelle ère technologique européenne.

Les principaux acteurs présents à l’EIT Digital Challenge ont identifié six prédictions majeures pour permettre à l’Europe de mettre en place son hégémonie technologique.

La première est de trouver un équilibre entre l’innovation et la réglementation. Selon Chahab Nastar, responsable innovation à l’EIT, il est important de donner à l’Europe les moyens nécessaires pour concurrencer les autres pays qui imposent déjà leur toute-puissance technologique (Les Etats-Unis avec Amazon, Facebook, LinkedIn, etc.). Il ne s’agit plus de rester passif quant à la réussite des autres nations, mais au contraire, de profiter de certaines opportunités comme la baisse de la confiance que les utilisateurs accordent à certaines plateformes comme Facebook à cause de leur politique de protection de données. Selon ce dernier, l’UE doit mettre en place une réglementation stricte tout en laissant le champ libre aux innovateurs pour réaliser leurs expérimentations technologiques. Cet équilibre pourrait devenir le principal facteur différenciant de la marque « Made in Europe ».

La deuxième prédiction concerne le développement de la coopération entre les banques et le secteur de la Fintech. Pour cela, l’UE doit dépasser le manque de confiance accordé aux banques après la crise financière de 2008. Une initiative en cours pourrait y apporter la solution. Il s’agit du règlement PSD2 qui vise à rendre plus transparente, accessible et sécurisée l’expérience bancaire. Pour y arriver, l’UE doit permettre aux banques de fournir des services qui répondent réellement aux besoins numériques de leurs clients. Le Minna Technologies en est un exemple concret. C’est un logiciel de gestion d’abonnement qui permet à l’utilisateur d’annuler ses abonnements inutiles en un seul clic. Selon le PDG de Minna, Joakim Sjöblom, la PSD2 donnera aux banques un nouvel outil pour diversifier leurs offres. Par ailleurs, l’UE doit faire des efforts conséquents pour agir davantage contre les fraudeurs. Le logiciel Buguroo serait une solution adaptée. En utilisant la biométrie comportementale, l’outil est capable de détecter si une autre personne essaye d’utiliser un compte utilisateur en analysant son comportement.

La troisième prédiction concerne le renforcement de la cybersécurité. Dans ce contexte, les décideurs européens ne doivent pas uniquement se concentrer sur la sécurité des comptes bancaires et des avoirs financiers des citoyens, mais surtout sur celle des données personnelles, la propriété intellectuelle et la réputation des marques. Gérard Cervello, Directeur général et directeur d’exploitation de la solution cybersécurité de Blueliv (également finaliste de l’EIT), insiste sur le fait que les données sont le moteur des entreprises. Si elles les perdent, elles n’auront plus un avantage concurrentiel. L’UE a déjà mis en place une initiative réglementaire sur la cybersécurité, permettant aux entreprises de trouver les meilleures solutions pour renforcer la sécurité de leurs données. Ioannis Bizimis, CFO de la plateforme de cybersécurité QuoScient, salue cet effort de la part de la commission.

La quatrième prédiction touche essentiellement les villes numériques. Là, il ne s’agit pas uniquement d’innover pour innover, mais plutôt de mettre en place des solutions technologiques qui améliorent réellement la vie des gens. On peut prendre l’exemple des drones pour mieux expliciter cette prédiction essentielle. Actuellement, pratiquement tout le monde peut acquérir ce genre d’appareil, normalement destiné à une utilisation militaire. Mais à côté, cela peut poser un réel problème de sécurité sur les installations industrielles, notamment en l’absence d’une réglementation claire. L’entreprise Cerbair, qui développe des technologies anti-drones, y apporte, par exemple, des solutions pour assurer la sécurité des unités industrielles contre l’utilisation malveillante de ces appareils volants.

La cinquième prédiction consiste à rendre les technologies complexes plus accessibles et plus conviviales. Quelques lauréats de l’EIT montrent déjà la voie, comme Wonderflow, un outil d’extraction d’informations à partir de commentaires clients. C’est aussi le cas d’Oculavis qui développe des lunettes AR intelligentes pour les professionnels en fabrication de machines industrielles.

La sixième et dernière prédiction consiste à rendre accessibles les solutions technologiques pour les acteurs de la santé. La start-up Mecuris est un bon exemple. Celle-ci fabrique des prothèses et des orthèses en se servant de l’impression 3D. De son côté, la société Voiceitt utilise la technologie de la reconnaissance vocale pour permettre aux personnes qui ont perdu l’usage de la parole pour cause de paralysie, perte auditive, maladie de Parkinson, etc., de communiquer avec les autres personnes qui, à priori, ne comprendraient pas leur langage sans assistance technologique. Voiceitt est déjà en train de développer sa technologie dans les maisons utilisant la domotique pour assurer plus d’indépendance aux personnes déficientes motrices.

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