La Conférence mondiale des radiocommunications se déroulera à Charm-el-Cheik le 28 octobre, en Égypte. Cet événement réunira plus de 3000 délégués du monde entier qui débattront sur l’utilisation des fréquences radio convoitées à la fois par les météorologues et les opérateurs de téléphonie mobile pour le prochain déploiement du réseau internet 5G. Cette conférence est appelée tous les trois ou quatre ans par l’Union internationale des télécommunications des Nations-Unies dans le but de réviser les réglementations internationales sur les télécommunications. Cette année, l’enjeu est de taille, notamment pour les météorologues. Les opérateurs 5G prévoient d’accaparer une bande de fréquence radio utilisée pour fixer des modèles météorologiques. Il s’agit de la fréquence des 24 Ghz, nécessaire pour les satellites météorologiques pour la mesure des vapeurs d’eau atmosphériques. Selon les scientifiques, si cette bande est utilisée par la 5G, cela risque de fausser les données et de coûter des vies humaines en cas d’événement météo majeur. Pour rappel, le réseau actuel, la 4G, utilise des fréquences radio plus basses. Pour pouvoir offrir un débit plus élevé avec la 5G, les opérateurs téléphoniques ont besoin d’utiliser une bande radio légèrement supérieure à 24 GHz. Justement, c’est à cette fréquence que les vapeurs d’eau émettent un signal. Les scientifiques craignent tout particulièrement que la fréquence de la 5 G vienne perturber leurs observations et fausser les prédictions de trajectoire d’une tempête, par exemple. La position des experts est claire. Ils veulent limiter l’interférence de la 5G sur les bandes radio utilisées. Ils déclarent ne pas être contre le déploiement de cette nouvelle technologie, mais veulent éviter les ingérences entre les fréquences.
Par contre, l’organe américain d’attribution des bandes radio, la FCC, semble moins s’en préoccuper. L’agence propose des limites plus laxistes entre la 5G et la fréquence utilisée par les scientifiques. Ainsi, elle a décidé en mars de mettre en vente des spectres d’émission de haute bande, en concordance avec l’objectif du gouvernement américain de ravir le leadership sur le marché de la 5G. La FCC semble ne pas faire fi des recommandations de la NOOA, l’agence américaine des océans et de l’atmosphère, qui prédit que les limites qu’elle propose vont faire reculer de 40 ans la précision des prévisions météo. Même réaction de la part de la NASA qui estime que l’interférence entre la 5G et les bandes radio météorologiques risque de causer des mauvaises décisions d’évacuation en cas de catastrophe. Même son de cloche de la part de certains élus. Dans tous les cas, les États-Unis, de même que 34 autres États regroupés dans la puissante Commission interaméricaine des télécommunications, vont défendre leur position. Le président Donald Trump a même envoyé une lettre à l’Union internationale des télécommunications dans laquelle il compte collaborer avec les États qui partagent ses visions. Par ailleurs, la conférence sera aussi l’occasion pour ses membres de discuter de certaines questions cruciales comme l’attribution d’un spectre radio destiné à améliorer la connectivité internet aux cibles dites « mobiles », comme les avions et les navires. Les scientifiques sont réalistes quant à leur faible chance de se faire écouter. Par contre, le déploiement de la 5G n’est pas encore pour demain, étant donné que l’infrastructue pouvant l’accueillir n’existe pas. Cela leur accorde, au moins, un temps de répit.
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