Pegasystems veut repositionner sa plateforme au cœur de l’entreprise « agentifiée »

Lors de son grand rendez-vous annuel PegaWorld 2025 début juin, Pegasystems a dévoilé une série d’innovations structurantes qui témoignent d’une stratégie d’ancrage dans la chaîne de valeur, en permettant aux entreprises de sortir du piège de la dette technique et d’entrer résolument dans l’ère de l’automatisation agentique. En misant sur une orchestration agentique maîtrisée, Pegasystems entend faire de sa plateforme un socle stratégique pour les entreprises en quête d’agilité opérationnelle et de mise à l’échelle intelligente.

L’éditeur américain ancre son positionnement autour de trois tendances : la modernisation des systèmes hérités, l’orchestration de flux de travail intelligents, et l’accélération du développement d’applications pilotées par l’IA. Il identifie la dette technique comme un frein majeur à la transformation numérique.

Au cœur de cette édition 2025 figure la publication d’une étude mondiale menée par Savanta pour le compte de Pegasystems auprès de plus de 500 décideurs IT. Les résultats sont sans appel : 88 % des répondants estiment que leur dette technique compromet leur capacité à rivaliser avec des concurrents plus agiles. En France, 56 % affirment que leurs systèmes existants bloquent l’adoption de technologies modernes, en particulier l’intelligence artificielle.

Près de la moitié des entreprises interrogées déclarent ne pas pouvoir abandonner leurs systèmes les plus anciens, souvent âgés de 11 à 30 ans, car ceux-ci restent critiques pour leurs activités. Or, cette inertie technologique a un coût : 42 % du temps des équipes IT est absorbé par la maintenance, et 46 % des répondants estiment que ces systèmes obsolètes entraînent une dégradation de l’expérience client susceptible de provoquer des pertes de chiffre d’affaires.

« Repenser les flux métier à la lumière de l’automatisation »

Pour déverrouiller un obstacle, Pegasystems mise sur sa solution phare, Pega Blueprint, un agent de conception d’applications mû par l’IA générative. Cette solution permet d’ingérer des actifs variés — vidéos de démonstration, fichiers techniques, captures d’écran, code source — pour générer automatiquement des applications natives du cloud. Avec les dernières évolutions, Pega Blueprint s’enrichit d’une capacité d’analyse de fichiers issus de plateformes partenaires comme AWS Q Developer ou Google MAT, permettant un diagnostic plus large et plus précis des systèmes existants.

Ce que l’éditeur cherche à instaurer ici, c’est un changement d’échelle dans la manière dont les projets de transformation sont initiés. Il ne s’agit plus d’auditer manuellement des systèmes anciens, mais de leur faire produire eux-mêmes la matière première de leur transformation. La valeur de cette approche reste à valider sur le terrain, mais elle témoigne d’un glissement stratégique : rationaliser l’effort de modernisation en le confiant à une IA spécialisée plutôt qu’à des équipes projet.

Une orchestration de bout en bout avec Agentic Process Fabric

La nouveauté majeure réside dans le lancement de Pega Agentic Process Fabric, une extension de l’architecture Process Fabric conçue pour orchestrer des agents d’IA au sein d’un réseau contrôlé et interopérable. Ce tissu agentique repose sur la séparation nette entre le design (prise en charge par Blueprint) et l’exécution (confiée aux Predictable AI Agents). L’intention est explicite : rassurer les entreprises face aux risques liés à des agents trop autonomes ou imprévisibles, en encadrant leur comportement par des flux de travail vérifiables.

Pegasystems défend ici une vision architecturale structurante de l’automatisation : chaque agent doit être traçable, gouverné, interconnecté aux autres via des standards ouverts, comme Model Context Protocol, et inséré dans une architecture de confiance. Il s’agit moins d’un virage technologique que de la réaffirmation d’une trajectoire stratégique : faire de l’automatisation un levier opérationnel au service de la conformité, de la fiabilité et de la performance.

Démocratiser le développement structuré par l’IA

Dans la continuité, Pega Infinity App Studio bénéficie de plusieurs améliorations visant à accompagner les développeurs dans la création d’applications. Parmi les apports notables : la génération automatique de tests, la configuration accélérée de l’UX, l'intégration guidée avec les systèmes tiers et un agent RPA capable d’automatiser des interactions sans API en analysant directement les interfaces utilisateur.

Ces évolutions dessinent une volonté d’industrialiser le développement d’applications sur des fondations IA-natives, tout en conservant un haut niveau de gouvernance. Le discours est structuré, mais la preuve de la valeur restera à apporter par les premiers cas clients. Ce que l’on perçoit en filigrane, c’est une tentative de reprendre la main face à des acteurs du no code plus agiles.

L’intelligence des partenaires en écosystème

Enfin, avec Powered by Pega Blueprint, l’éditeur ouvre sa technologie à son écosystème de partenaires. Ceux-ci peuvent désormais intégrer leur propriété intellectuelle — modèles, cas d’usage, bonnes pratiques — au sein de Blueprint pour concevoir des applications sectorielles sur mesure. Ce mécanisme permet de capitaliser sur l’expertise métier des intégrateurs pour accélérer les projets clients, tout en renforçant la valeur différenciatrice de l’écosystème Pega.

Cette ouverture est stratégique et permet à Pega de créer un effet de levier sans accroître sa dette produit, tout en positionnant ses partenaires comme co-producteurs de valeur. Dans un contexte où la transformation numérique s’accélère, mais exige de plus en plus de spécialisation, c’est un signal fort envoyé au marché.

Vers un nouveau rôle pour la plateforme Pega

L’ensemble des annonces de PegaWorld 2025 converge vers une ambition : faire de la plateforme Pega non plus un simple moteur de règles ou de flux de travail, mais une infrastructure décisionnelle et opérationnelle pour l’entreprise automatisée, « agentifiée ».

Cette superstructure, intégrant des systèmes agentiques automatisés, ne doit pas reposer sur des agents proliférants et incontrôlables, mais sur une orchestration précise d’agents prédictibles, gouvernés, capables d’interagir de manière fiable dans l’ensemble du système d’information. Telle est la vision de Pegasystems.

En s’appuyant sur ses fondamentaux — flux, décision, conformité — l’éditeur cherche à reprendre l’avantage dans un marché bousculé par la vague de l’IA générative. Là où d’autres multiplient les bouts de solutions, Pega mise sur la maîtrise, la traçabilité et l’intégration. Cette orientation stratégique, si elle trouve son écho dans les entreprises, pourrait redonner à l’éditeur un rôle important dans les architectures IT de demain.