Orange maintient le cap au 1er trimestre 2025 malgré les vents contraires, mais grâce aux marchés Afrique et Moyen-Orient, moteur de sa croissance l'opérateur reste sur une trajectoire stable. Avec une croissance organique de 3,2 % de son EBITDAaL, l’opérateur confirme ses objectifs annuels, porté par la dynamique en Afrique et Moyen-Orient et une stratégie de transformation prudente, mais résolue.

Orange entame l’année 2025 sur une note de stabilité maîtrisée. À l’issue du premier trimestre, le groupe affiche un chiffre d’affaires de 9,911 milliards d’euros, en hausse modeste de 0,6 % à base comparable, et un EBITDAaL de 2,480 milliards d’euros, en progression de 3,2 %, en ligne avec ses prévisions. Une performance que Christel Heydemann, directrice générale du groupe, qualifie de « robuste » dans un contexte toujours marqué par les incertitudes macroéconomiques et les tensions
concurrentielles en Europe.

France : des bases solides, mais une pression continue

Le marché africain et moyen-oriental confirme son statut de locomotive du groupe avec une croissance à deux chiffres pour le huitième trimestre consécutif. Les revenus bondissent de 12,8 %, soutenus par les quatre piliers de croissance régionaux : la data mobile (21 %), le fixe haut débit (19,1 %), Orange Money (22,1 %) et le B2B (17,1 %). L’opérateur y revendique plus de 80 millions d’utilisateurs 4G/5G et 41,1 millions d’utilisateurs actifs pour sa super app Max it. Cette dynamique tire les marges du groupe vers le haut et compense le ralentissement observé sur les marchés matures.

En France, le chiffre d’affaires recule de 1,3 % à 4,297 milliards d’euros, du fait notamment de la baisse des services aux opérateurs et du RTC. Mais Orange parvient à stabiliser ses revenus de détail hors RTC (+1,5 %) grâce à une stratégie de fidélisation sur la fibre et les offres convergentes. Près de 282 000 nouveaux clients ont souscrit à la fibre au 1er trimestre, pour un total de 15 millions de foyers en très haut débit. Orange couvre désormais 93 % des foyers français. L’ARPO convergent, les offres combinées, progresse de 4 %, atteignant 77,8 euros.

Orange Business : en mutation, mais encore sous tension

Le segment entreprises accuse une baisse de chiffre d’affaires de 4,9 %, principalement à cause du repli des activités fixes (-7,4 %) et mobiles (-6,9 %). Les services IT et d’intégration reculent de 2,5 %, reflet d’une rationalisation du portefeuille de solutions entamée l’an dernier. À l’inverse, Orange Cyberdefense continue sa progression (+8 %), tirée par une demande soutenue en cybersécurité.

L’opérateur poursuit son repositionnement stratégique, avec le lancement de Live Intelligence Open, une offre d’IA générative de confiance, et une offre 5G+ à destination des entreprises, visant à renforcer sa proposition de valeur sur les segments professionnels et les PME.

Europe : légère érosion, mais reprise des services numériques

Sur les autres marchés européens, le chiffre d’affaires est stable (-0,2 %). La croissance des services de détail (+2,5 %) et des services IT (+17 %) contrebalance la baisse des services aux opérateurs et des ventes d’équipements. La Pologne tire les résultats vers le haut, avec une hausse de 2,4 % des revenus et une amélioration du taux de résiliation des offres convergentes. Masorange, la coentreprise lancée avec MásMóvil, réalise déjà près de 200 millions d’euros de synergies sur un an. L’objectif de 500 millions d’euros d’économies sur quatre ans semble atteignable, avec plus de 300 millions attendus dès 2025.

Les eCAPEX du groupe s’élèvent à 1,463 milliard d’euros (+6,6 %), représentant 14,8 % du chiffre d’affaires, en ligne avec la trajectoire annoncée. Orange confirme également ses objectifs annuels : croissance de l’EBITDAaL autour de 3 %, cash-flow organique supérieur à 3,6 milliards d’euros, et maintien du ratio dette/EBITDAaL à 2x.

Entre solidité opérationnelle et nécessité de transformation

La performance d’Orange sur ce premier trimestre reflète la résilience d’un groupe à la stratégie multiservice et multirégionale bien établie. L’Afrique joue désormais un rôle central dans la croissance organique du groupe, tandis que l’Europe reste sous pression, nécessitant une montée en gamme des services et une attention particulière sur le B2B.

L’enjeu pour Orange dans les trimestres à venir sera de transformer l’essai dans la cybersécurité, l’IA d’entreprise et la connectivité premium pour retrouver une dynamique positive sur le segment entreprises, tout en poursuivant la transition vers des services numériques intégrés à forte valeur ajoutée. Avec le lancement de sa plateforme Live Intelligence Open, Orange entame une mutation stratégique vers les services d’intelligence artificielle, notamment à destination du marché entreprise. Une opportunité à fort potentiel… mais qui exige de redéfinir son rôle au sein de la chaîne de valeur numérique.

En se positionnant à l’intersection de la connectivité, du cloud et de l’intelligence logicielle, Orange esquisse les contours d’un modèle d’opérateur-intégrateur : capable de proposer des solutions verticalisées, sécurisées et localisées, notamment pour les ETI et le secteur public. Ce mouvement fait écho à une tendance sectorielle plus large, qui voit les opérateurs historiques tenter de sortir du rôle de « tuyau » pour redevenir des acteurs centraux de la chaîne de valeur numérique, à l’image d’AT&T aux États-Unis ou de Deutsche Telekom en Allemagne.