L’étude « EMEA Digital Transformation Market Forecast, 2024–2028 », réalisée par IDC à partir du Worldwide Digital Transformation Spending Guide, met en évidence l’ampleur de la croissance des dépenses liées à la transformation numérique dans la région EMEA. Selon le cabinet d’étude, le total des investissements en transformation numérique dans cette zone devrait s’élever à 1 201 milliards d’euros d’ici 2028, avec un taux de croissance annuel composé de 15,8 % sur la période 2024-2028.
Un élément clé de cette progression réside dans l’essor de l’intelligence artificielle, et plus particulièrement de l’IA générative, considérée comme une priorité stratégique par 99 % des PDG interrogés dans le cadre de l’IDC WW CEO Survey. Cette dynamique s’explique par le potentiel de l’IA à redéfinir les modèles d’affaires et à optimiser les processus, en facilitant l’émergence d’organisations capables de tirer parti de l’IA à chaque étape de leur chaîne de valeur. Dans le secteur du commerce de détail par exemple, certaines enseignes utilisent déjà la GenAI pour perfectionner l’analyse en temps réel de la demande, réduire leurs stocks et améliorer l’expérience client.
Chaque secteur d’activité affiche des orientations différentes
IDC répartit les technologies de la transformation numérique en fonction de leur rythme de croissance. Certaines, comme les appareils personnels et les services de connectivité, enregistrent une progression plus modérée, tandis que l’Internet des objets et les services informatiques croissent au même rythme que la transformation numérique.D’autres secteurs technologiques vont encore plus vite, notamment l’IA générative, le cloud, et certaines technologies émergentes telles que la réalité augmentée et la réalité virtuelle. Dans l’édition d’octobre 2024 du Worldwide Digital Transformation Spending Guide, IDC précise que la croissance de l’IA générative pourrait être jusqu’à quatre fois supérieures à la moyenne du marché, signe que les cas d’usage liés à la personnalisation à grande échelle, à la création de contenus automatisés ou encore à la maintenance prédictive connaissent un essor rapide.
Chaque secteur d’activité affiche des orientations différentes en matière d’investissement. Les services financiers enregistreraient, selon IDC, le taux de croissance annuel composé le plus élevé, en se concentrant fortement sur la cybersécurité — notamment pour prévenir les rançongiciels et autres maliciels — et sur l’expérience client, avec l’adoption de l’IA pour l’automatisation de la détection des fraudes ou la mise en place de services de conseil virtuels. Le secteur de la distribution et des services, malgré des tensions géopolitiques affectant la chaîne d’approvisionnement, maintient de forts investissements dans des plateformes numériques et des solutions d’IA générative dédiées aux interactions personnalisées avec la clientèle.
Capter des parts de marché avant les concurrents
Dans le domaine de l’infrastructure, où la maturité numérique est déjà élevée, l’objectif consiste à renforcer la position concurrentielle en déployant l’IA pour automatiser la gestion des réseaux et optimiser les flux, notamment dans l’énergie et les télécommunications. L’industrie manufacturière et les ressources, habituées à de vastes déploiements technologiques, se tournent de plus en plus vers l’IA générative pour améliorer la productivité et étendre leurs capacités d’innovation, par exemple en recourant à des applications de maintenance prédictive avancées ou à de la conception assistée par l’IA.Quant au secteur public, l’essor de l’IA et du cloud s’y poursuit malgré de fortes contraintes budgétaires, comme en témoignent les efforts croissants pour moderniser les systèmes administratifs et proposer de nouveaux services numériques tout en renforçant la sécurité et la protection des données.
Selon IDC, plusieurs facteurs soutiennent cette croissance, en premier lieu l’opportunité stratégique que représente l’IA pour les organisations de la zone EMEA, soucieuses de gagner des avantages compétitifs et de capter des parts de marché avant leurs concurrents. De nouvelles réglementations, conjuguées à l’augmentation des cyberattaques, incitent également les entreprises et les pouvoirs publics à investir dans la confiance et la sécurité, qui deviennent incontournables pour pérenniser leurs transformations.
Cependant, l’incertitude économique et les tensions géopolitiques actuelles freinent certaines initiatives, car elles entraînent une hausse des coûts et une incertitude sur le retour sur investissement. Le manque de compétences spécialisées et le cloisonnement organisationnel figurent aussi parmi les obstacles que les entreprises doivent surmonter pour valoriser pleinement leurs projets de transformation numérique.