stratégie compétitive.
Mais adopter des technologies digitales ne suffit plus. À mesure que les entreprises gagnent en maturité, leurs ambitions évoluent : 83 % d’entre elles souhaitent que la transformation digitale serve leur efficacité opérationnelle. Le digital doit donc à présent infuser l’ensemble des opérations et devenir l’ADN des organisations, pour leur permettre de s’adapter, et surtout d’anticiper les évolutions.
Une vision qui exige des moyens
Si de nombreuses entreprises disposent d’une feuille de route digitale claire, la concrétiser reste un défi majeur. Pour tirer pleinement parti de la transformation digitale, il est crucial de maîtriser le delivery des solutions et de structurer des équipes capables d’innover en continu. Cela implique de repenser les organisations en véritables usines digitales, intégrant des processus rationalisés à chaque étape : conception, production, déploiement et optimisation.Cette excellence opérationnelle a un prix. Elle exige des investissements significatifs, dans les outils, les compétences, les processus, ainsi que des indicateurs précis pour mesurer la performance et le retour sur investissement (ROI) des projets digitaux. Or, cet exercice reste souvent négligé.
Des gains encore trop peu perceptibles
Seules 38 % des entreprises mesurent le taux d’utilisation de leurs services et produits digitaux, et moins d’une entreprise sur cinq mesure le ROI de sa transformation digitale. Peu d’organisations mesurent par ailleurs leur Time to Market (seules 19 %) ou le taux d’usage (seules 38 %) de leurs outils digitaux. L’absence de pilotage rigoureux de la performance limite ainsi considérablement la perception des gains liés àces investissements.
L’essor de l’Intelligence Artificielle générative (IA gen) en 2024 illustre également ce défi. Si les entreprises explorent ses cas d’usage variés (68 % d’entre elles déclarent expérimenter cette technologie) – amélioration des processus, transformation des
métiers – elles peinent à transformer cette technologie en levier de productivité et de performance. Comme pour le reste, investir dans des outils de mesure sera indispensable pour maximiser l’impact de l’IA gen et mieux évaluer son ROI.
L’omnicanalité et la data, piliers de la nouvelle croissance
L’évolution des entreprises dépasse ainsi la simple mise en œuvre d’outils. Elle transforme profondément leurs modèles (une priorité pour 54 % d’entre elles, juste derrière l’efficacité opérationnelle), en adoptant par exemple l’omnicanalité, qui impose une vision data centric. En exploitant les données de manière stratégique, les entreprises peuvent proposer une expérience client cohérente et personnalisée, fidélisant ainsi leurs clients tout en optimisant leurs processus. Mais là encore, des obstacles se dressent : structurer la gouvernance de la data, garantir la qualité et la sécurité des informations, et surtout déployer des cas d’usage concrets. Ces éléments sont plus que des ajouts techniques, ils sont les fondations d’une véritable entreprise digitale.Vers une transformation proactive et intégrée
La transformation digitale est un processus continu. Elle n’est pas une simple réponse aux défis posés par les pureplayers, mais un levier pour réinventer les modèles économiques, optimiser les processus et créer de nouvelles opportunités de croissance.Seules les entreprises capables de naviguer avec agilité et vision stratégique, soucieuses de mettre leur transformation au service de leurs collaborateurs et de leurs clients et enfin de la piloter avec rigueur, tireront leur épingle du jeu.
L’excellence digitale ne se décrète pas. Elle se construit pas à pas, en intégrant progressivement le digital comme une évidence dans chaque dimension de l’organisation. C’est à ce prix que les entreprises pourront grandir. Mieux, qu’elles pourront prospérer.
Par Romain Delavenne, Directeur Consulting chez Niji