D’après les chiffres présentés, aujourd’hui, seuls 43 % des Français déclarent avoir confiance dans le numérique, un chiffre qui illustre un retard notable par rapport aux voisins européens. La Fédération des Tiers de Confiance du numérique propose quatre axes majeurs pour renforcer cette confiance et appelle à la création d’un label « Confiance Numérique France », une certification tripartite associant l’État, les fédérations professionnelles et les utilisateurs.
De multiples défis pour un écosystème sous pression
Les Assises, qui ont rassemblé 250 experts et décideurs à Paris, ont mis en lumière les enjeux critiques liés à la transformation numérique en France. Cette transition s’accompagne d’une montée en puissance de l’intelligence artificielle et d’échéances telles que l’obligation de facturation électronique dès 2026, entraînant de conséquences pour les entreprises. Ces mutations exacerbent les risques : fraudes, abus, escroqueries et cyberattaques se multiplient.Bernard Bailet, président de la FnTC, souligne l’urgence de ce qu’il appelle « un sursaut de la confiance numérique », qu’il estime « plus que jamais nécessaire en France. La défiance croissante envers le numérique, conjuguée à l’évolution technologique rapide, exige une mobilisation générale. De la prolifération des deepfakes à l’automatisation des fraudes, il est impératif de repenser toute la chaîne de confiance, incluant la certification des données et l’audit des algorithmes. »
Garantir les échanges professionnels et personnels
En parallèle, la dématérialisation des échanges, qu’ils soient B2B ou B2C, engendre de nouvelles vulnérabilités. Les fraudes aux moyens de paiement touchent désormais 57 % des entreprises françaises. Les cyberattaques, quant à elles, fragilisent particulièrement les petites entreprises et les collectivités territoriales, déjà éprouvées par leurs nouvelles obligations numériques. À cela s’ajoute une fracture numérique préoccupante : 16 millions de Français restent éloignés du numérique, accentuant les inégalités technologiques.La complexité réglementaire ajoute aussi ses couches de complications. Elle s’intensifie avec l’entrée en vigueur prochaine d’eIDAS 2.0, de NIS 2 et de l’AI Act. Ces nouvelles normes imposent aux entreprises de s’adapter rapidement tout en garantissant la sécurité et l’accessibilité de leurs services. Les risques se multiplient, allant des fraudes documentaires à l’usurpation d’identité, mettant sous pression les échanges professionnels comme les transactions des particuliers.
L’exclusion numérique constitue une autre motivation clé pour les Tiers de Confiance. Avec 48 % des Français en difficulté face à Internet en 2022, le fossé numérique est une réalité qui limite l’accès aux services publics, à l’éducation et à l’emploi. Cette situation a des conséquences économiques : en 2023, la France occupait la 12ᵉ place dans l’Union européenne en termes d’adoption numérique, freinant sa compétitivité globale.
Les propositions de la FnTC pour restaurer la confiance
Face à ces défis, la FnTC propose quatre priorités :- Renforcer la gouvernance de la confiance numérique : créer un cadre unifié intégrant les enjeux des échanges électroniques, de l’identité numérique et de l’IA. Le Comité Stratégique de Filière Numérique de Confiance devra accélérer la coordination entre régulateurs, organisations professionnelles et professions réglementées.
- Sécuriser la transformation numérique des entreprises : généraliser l’authentification forte et adopter des solutions sécurisées pour la facturation électronique, l’archivage certifié et l’identité numérique professionnelle.
- Développer une culture de confiance numérique : intégrer des modules sur la confiance numérique dans les établissements d’enseignement supérieur et renforcer les formations professionnelles, notamment en cybersécurité. Une plateforme nationale de partage des connaissances pourrait également contribuer à réduire l’illectronisme.
- Promouvoir l’innovation responsable : instaurer une certification pour les solutions d’IA et les échanges électroniques, en accompagnement du déploiement d’eIDAS 2.0, pour garantir une innovation éthique et sécurisée.
« L’objectif européen d’équiper 80 % des citoyens d’un portefeuille d’identité numérique d’ici 2030, combiné à la généralisation de la facturation électronique, illustre l’ampleur des transformations à venir. Notre mission est de garantir une transition
sécurisée et accessible. »
Vers un label « Confiance Numérique France »
C’est pourquoi ces propositions s’accompagnent d’un appel à la création d’un label« Confiance Numérique France » qui certifierait la fiabilité des solutions numériques et encouragerait une transformation numérique responsable. Ce label pourrait devenir un outil clé pour rétablir la confiance des citoyens et des entreprises dans un écosystème numérique en mutation rapide.
Les Tiers de Confiance du numérique jouent un rôle central dans l’écosystème numérique français, garantissant la sécurité et l’intégrité des échanges dématérialisés. Leur appel à un « plan confiance numérique » reflète à la fois les profondes transformations du paysage technologique et les défis croissants qui fragilisent cette confiance. Dans un contexte marqué par des évolutions technologiques, économiques, sociales et réglementaires, ils estiment nécessaire de renouveler l’accord de confiance dont ils sont les garants. Un plan confiance numérique, accompagné de mesures concrètes comme la création d’un label tripartite, illustre leur volonté de répondre à une double exigence : renforcer la sécurité des échanges numériques et garantir leur accessibilité à tous les acteurs, qu’ils soient des entreprises, des collectivités ou des citoyens.