Depuis son émergence, l’intelligence artificielle n’a cessé de transformer les métiers en entreprise, avec un impact immédiat sur les métiers du digital. Ce sont les premiers métiers à être bousculés par l’IA, car ils sont directement liés à la gestion de l’information et de la relation client. Le marketing, par exemple, a vu apparaître des outils d’automatisation de campagnes et d’analyse prédictive qui modifient la manière de cibler et d’engager les audiences. Les chatbots et les agents conversationnels, mus par des IA comme ChatGPT, ont bouleversé la gestion de la relation client.
Selon une étude de Sage, « Comptabilité 2030 : anticiper la prochaine étape de la transformation alimentée par l’IA », menée en collaboration avec Forrester Consulting, la prochaine étape de la transformation induite par l’IA concernera les métiers de gestion des entreprises. Jusqu’à présent, ces fonctions (comptabilité, finances, gestion des stocks, ressources humaines) ont été plus lentes à adopter l’IA, en raison de leur caractère plus réglementé et de la complexité des processus sous-jacents. Cependant, une révolution silencieuse est en cours, marquée par l’intégration de l’IA dans les systèmes ERP et les outils de gestion financière.
D’après les conclusions de l’étude, l’adoption de l’IA en comptabilité au sein des PME présente des avantages considérables, mais également des limites spécifiques à ce type de structure. Les outils d’IA actuels, qu’il s’agisse de l’IA générative, de l’automatisation intelligente ou des systèmes d’apprentissage automatique, se concentrent sur des tâches variées telles que l’automatisation des écritures comptables, la classification des transactions, l’identification des anomalies et la génération de rapports financiers. L’enquête, menée auprès de 2 250 décideurs financiers et comptables de PME à travers le monde, dresse un panorama des tendances à venir et met en avant cinq prédictions majeures sur l’évolution du secteur.
1 - Vers une nouvelle ère de leadership éthique dans l’IA
D’ici 2030, plus de 80 % des entreprises adopteront des politiques éthiques robustes en matière d’IA, intégrant audits réguliers et formations spécifiques pour garantir la transparence et la responsabilité des outils IA utilisés. En effet, le rapport indique que 72 % des entreprises prévoient d’établir des politiques spécifiques à l’utilisation de l’IA, tandis que 71 % s’engagent à organiser régulièrement des formations éthiques pour leurs équipes. Cette évolution marque un tournant stratégique pour les PME, qui, au-delà de l’efficacité, devront prioriser la confiance et l’intégrité dans leurs pratiques financières.Le rapport souligne la nécessité pour les entreprises d’adopter une approche permettant de construire une IA responsable. Les équipes comptables devront alors se positionner en leaders éthiques pour s’assurer que les solutions adoptées respectent les normes de confidentialité et d’impartialité. Cela sera non seulement crucial pour maintenir la confiance des parties prenantes, mais aussi pour se conformer aux réglementations croissantes en matière d’éthique de l’IA.
2 - Refonte totale de la gestion des risques
L’étude révèle que plus de 90 % des entreprises utiliseront des outils d’IA pour la surveillance continue et la détection d’anomalies d’ici 2030. L’IA permettra d’améliorer l’efficacité de la détection des anomalies de 21 % au minimum et de réduire de plus de 95 % les incidents liés aux erreurs financières et à la fraude. Cette capacité de détection quasi instantanée transformera la manière dont les PME gèrent leurs risques, leur permettant une surveillance en temps réel et une prompte réactivité.Pour les directeurs financiers et les responsables informatiques, cette évolution implique la nécessité de repenser les processus de gestion des risques et de cybersécurité autour de l’IA. L’adoption de solutions basées sur l’IA, telles que les systèmes d’analyse comportementale, deviendra incontournable pour protéger l’intégrité des informations financières, tout en réduisant les coûts de surveillance manuelle.
3 - La fin de la clôture mensuelle ?
D’après les répondants, d’ici à 2030, 75 % des entreprises auront adopté des pratiques comptables dynamiques et continues, faisant de la clôture mensuelle une relique du passé. L’étude montre que 98 % des professionnels interrogés estiment que l’IA améliorera l’efficacité de la clôture mensuelle au cours des cinq prochaines années, avec 54 % d’entre eux anticipant une augmentation de l’efficacité de 20 % ou plus.Cette transformation permettra aux entreprises de basculer vers une comptabilité en temps réel, permettant l’accès instantané à des données actualisées et précises pour des prises de décision rapides et informées. Pour les responsables financiers, cela implique une réduction de la charge administrative, mais aussi un changement profond de leur rôle : d’acteurs opérationnels, ils deviendront des stratèges capables de piloter l’entreprise en temps réel.
4 - Les données en temps réel au cœur de la prise de décision
D’ici 2030, plus de 70 % des entreprises intégreront des flux de données en temps réel dans leurs processus de décision financière, remplaçant les analyses statiques, basées sur des données historiques. « Les entreprises qui sauront exploiter cette tendance pourront anticiper les évolutions du marché, atténuer les risques et saisir de nouvelles opportunités plus rapidement », affirme le rapport.Toutefois, la gestion des flux de données en temps réel nécessite des infrastructures IT performantes et interconnectées. Les responsables informatiques devront donc s’assurer que les systèmes de collecte, de stockage et d’analyse des données sont à même de traiter un volume important de données, tout en maintenant la qualité et l’intégrité de celles-ci.
5 - Montée en compétences des comptables
Bien entendu, l’IA a ses exigences, notamment la montée en compétences des comptables. L’automatisation des tâches répétitives, telles que la saisie de données et les contrôles de conformité, libérera près de 50 % du temps des comptables d’ici 2030, leur permettant de se concentrer sur des activités à plus forte valeur ajoutée, comme l’analyse stratégique et le conseil. Par ailleurs, 43 % des PME ont déjà augmenté leurs recrutements depuis qu’elles ont adopté l’IA, contredisant les craintes selon lesquelles l’IA pourrait remplacerles emplois humains.
Un changement de paradigme pour les RH
Pour la RH, cette adoption devrait aboutir à un changement de paradigme, estiment les rédacteurs de l’étude. Les PME devront non seulement recruter de nouveaux talents, mais aussi accompagner la montée en compétences de leurs équipes actuelles. L’IA ne remplacera pas les comptables, mais redéfinira leur rôle, les incitant à développer des compétences analytiques, stratégiques et technologiques pour rester pertinents dans un environnement autonome, car automatisé.Du fait de leurs capacités limitées, les PME seront en première ligne de cette transformation par l’IA. Elle leur permettra de bénéficier de fonctionnalités qui comblent quelque peu leurs manques : de compétences, de personnel, et de moyens… L’étude de Sage montre qu’en se concentrant sur l’amélioration de l’efficacité, de la gestion des risques et de la prise de décision, les PME peuvent transformer la comptabilité en un levier stratégique de croissance. Cependant, réussir cette transition nécessitera des investissements dans des solutions IA adaptées, des compétences renouvelées et une gestion proactive de l’éthique.