Le marché freelance IT reste marqué par de fortes disparités de rémunération en fonction de la région et un besoin croissant de talents qualifiés, tout en révélant des enjeux d’inclusion et de compétitivité territoriale pour les années à venir.

  L’emploi indépendant connaît une augmentation sans précédent au niveau mondial, redéfinissant en profondeur la structure du marché de l'emploi et les stratégies RH des entreprises. Selon une étude récente de Freelance.com, le nombre de freelances a augmenté de plus de 145 % au cours de la dernière décennie en Europe. La France compte plus de 4 millions de travailleurs indépendants actuellement, contre 930 000 en 2019 selon une étude de la place de marché Malt. 

  Cette évolution est en grande partie portée par la digitalisation des métiers, la recherche d'une flexibilité accrue, et le besoin d'expertise ponctuelle pour la conduite des projets des entreprises. Aujourd’hui, le freelancing ne se limite plus aux professions créatives ou aux petites missions, mais s’étend à des fonctions techniques et stratégiques de haut niveau, notamment dans l'informatique, le conseil et le marketing numérique.

  L’étude des taux journaliers moyens (TJM) menée par Fyte Freelance -Business Unit de Morgan Philips Group, dédiée au freelancing dans l’IT- propose une vue d'ensemble du marché des freelances spécialisés dans l'IT en France. L’étude analyse les niveaux de rémunération selon plusieurs critères tels que l'expérience, la localisation et la nature du poste. Cette enquête, qui s’appuie sur les missions réalisées, les entretiens menés par des consultants spécialisés, et l’analyse de la base de données interne de Fyte, intègre également des données provenant de partenaires jobboards et des réseaux sociaux professionnels.

  Un marché en expansion

  D’après l’étude, le marché des freelances IT est en forte croissance, porté par une demande accrue dans plusieurs secteurs, notamment l’industrie pharmaceutique, le secteur financier et le luxe. La complexification des systèmes d’information et l’évolution rapide des technologies ont engendré un besoin de compétences spécifiques. Ainsi, les domaines de la cybersécurité, du développement d'applications et de l’analyse de données figurent parmi les plus recherchés. Cette dynamique favorise les profils experts capables d’accompagner les entreprises dans leurs projets de transformation numérique tout en apportant une valeur ajoutée stratégique.

  Pour faire face à la complexité de la pile informatique, les entreprises recherchent des profils de plus en plus experts, tant sur le plan technique que comportemental. Plus de 70 % des missions recensées dans cette étude indiquent que la maîtrise des « soft skills » est un critère majeur, en particulier les capacités relationnelles, de communication, de collaboration et de gestion de projet. Le développement de ces compétences non techniques est devenu un facteur de différenciation pour les freelances en quête de missions à forte valeur ajoutée. Par ailleurs, la maîtrise des nouvelles technologies (ERP, outils de communication et de travail collaboratif) est jugée essentielle pour répondre aux besoins de plus en plus complexes des entreprises. 

  TJM : fortes disparités en fonction des postes et des régions

  L’étude Fyte Freelance 2024 met en évidence des écarts de taux journaliers moyens significatifs en fonction du niveau d’expérience, du type de poste et de la région. L’étude montre que l’Île-de-France reste le principal bassin d’emploi pour les freelances IT, concentrant entre 50 % et 60 % des missions selon les profils. Les grandes entreprises et les cabinets de conseil y recrutent massivement, offrant des conditions tarifaires plus attractives que dans les régions. Cependant, certaines métropoles régionales comme Lyon, Nantes ou Bordeaux commencent à attirer des talents, grâce à un écosystème technologique dynamique et un coût de la vie plus abordable.

  En Île-de-France, les freelances peuvent prétendre à une rémunération jusqu’à 20 % supérieure à celle des régions pour des postes équivalents. Cela s’explique par la concentration des grandes entreprises et des centres de décision dans cette zone géographique. Les TJM, structurés en trois niveaux (Junior, Confirmé, Expert), varient aussi selon la nature des responsabilités. 

  Par exemple, un responsable SI métier est rémunéré en moyenne 500 € en début de carrière à Paris contre 400 € en régions, tandis que le TJM d’un expert peut atteindre 1 100 € (contre 1 000 € en régions). Pour un ingénieur cloud confirmé, les TJM s'élèvent à 750 € en régions et 800 € en IDF. Ils peuvent atteindre jusqu'à 1 500 € pour les profils experts en Île-de-France. Les postes de chef de projet technique sont les mieux rémunérés, avec un TJM qui s’échelonne de 400 € (Junior, Régions) à 1 350 € (Expert, IDF).

  Un marché encore très masculin, façonné par l’expertise 

  L’analyse paritaire révèle une forte domination masculine, particulièrement pour les postes techniques. Environ 94 % des développeurs réseaux et infrastructure sont des hommes, une tendance qui se confirme pour les postes d’architectes et de consultants en cybersécurité. Cette surreprésentation masculine est moins marquée dans le management, où la proportion d’hommes varie entre 70 % et 90 %. 

  En 2024, le marché des freelances IT se structure autour de la spécialisation des compétences et de la maîtrise de nouvelles technologies. Les variations de TJM sont déterminées par l’expérience, les compétences spécifiques et la localisation géographique. Les profils polyvalents, disposant à la fois de compétences techniques pointues et de soft skills solides, sont particulièrement prisés. La tendance vers des missions plus courtes mais à forte valeur ajoutée se confirme, laissant entrevoir un besoin croissant d’agilité et de capacité d’adaptation chez les freelances.