Et si le soldat du futur n'était équipé que d'imprimantes 3D et de cartouches de matières ? Il pourrait imprimer ses vêtements, son équipement, ses armes, ses munitions, sa nourriture, sa peau, les pièces détachées pour son véhicule, son masque de protetion, etc., etc., etc.
L'impression 3D figure parmi les innovations qui doivent interpeller la DSI (lire « 6 technologies de demain que la DSI devra prendre en considération »). L'armée américaine s'y intéresse de très près. Pourquoi ?
Imaginez un soldat américain, loin de chez lui à jouer son rôle de gendarme du monde, solitaire ou presque sur un théâtre d'opération militaire. Il a besoin de changer de tenue, d'un masque à gaz adapté à sa morphologie et au type de menace bactériologique, d'une pièce pour son véhicule, de munitions pour son arme, d'un hamburger, voire blessé de tissus organiques pour couvrir sa plaie. Il passe commande, et une énorme opération logistique se met en place pour fabriquer ou extraire le produit du stock et le lui expédier. Avec un peu de change, il le recevra dans quelques jours.
Imaginez maintenant le même soldat qui sur son ordinateur consulte sa base de donnée d'objets 3D, évidemment adaptée à son profil, se choisit les produits dont il a besoin, et lance l'impression qui se déroule en temps réel devant lui.
Modélisation 3D d'une pièce d'armement
La révolution de l'imression 3D
Avec l'impression 3D, l'imagination peut se faire réalité. Qu'il s'agisse de fabriquer des objets, dans différentes textures, plastique, métal, textile, etc. ; de la nourriture, avec la forme, la couleur et le goût ; ou dans le domaine médical, pour fabriquer des objets médicaux ou reconstituer du tissus humain ; les domaines d'intervention et la qualité des technologies d'impression 3D ne cessent de progresser.
Certaines approches de l'impression 3D s'annoncent même révolutionnaires. Citons par exemple dans le domaine médical du 'bioprinting' le timbre d'impression de peau. Sur des blessures ou pour terminer une reconstruction après une opération, le médecin ou l'infirmier se contentera d'appliquer un coup de tampon sur le malade. Le tissus organique déposé correspondra au profil sanguin et des tissus du blessé. Un domaine bien avancé et qui intéresse énormément les hôpitaux Civils.
Une imprimante 3D fabrique la structure d'un rein
De nombreux avantages à venir
Aux Etats-Unis, l'armée américaine n'est d'ailleurs pas la seule à s'y intéresser. La NASA, l'agence spatiale américaine, a déjà pris une option sur la technologie pour équiper dans un premier temps la station spatiale internationale ISS, ainsi que ses futures missions d'exploration humaine.
Les avantages de la l'impression 3D sont multiples. Les trois principaux sont la rapidité, le militaire n'a plus besoin d'attendre pour combler son besoin ; l'adaptation à l'individu, de la taille de ses vêtements à sa nourriture préférée, et à son profil de santé ; et la réduction des coûts logistiques et des frais généraux, de stockage, de transport, etc.
La logistique de l'armée américaine, en particulier, a toujours été énorme, avec 10 hommes engagés derrière un combattant, et pléthore d'équipements stockés et déployés. Ce que l'impression 3D pourrait simplifier, en permettant de résumer une partie de la logistique aux imprimantes et cartouches de matières. L'armée française pourrait également en tirer profit, le manque de moyens étant compensé par la débrouillardise, l'impression 3D deviendrait l'assistant du bricoleur en uniforme !
Des usages identifiés
L'armée américaine a identifié 8 domaines dans lesquels elle a engagé des projets de R&D liés à l'impression 3D :
- La fabrication ou la réparation d'outils et de pièces détachées ;
- L'armement comme les fusils ou les ogives ;
- Le matériel médical ;
- La peau et d'autres organes ;
- La nourriture du soldat ;
- Les vêtements, protections, casques ;
- Les prototypes ;
- Les modèles 3D.
Impression à la demande de masques de protection bactériologique
La tenue militaire imprimée
Si l'impression 3D des textiles est encore loin de donner satisfaction, en particulier les matériaux utilisés sont trop dépendants du plastique, l'armée américaine a déjà identifié plusieurs pistes d'intérêt, au delà de l'impression rapide et sur place. Impression des vêtements totalement personnalisés, c'est à dire directement à la taille du soldat, fonction de sa morphologie. Réduction du poids et de la masse du vêtement. Capacité d'associer flexibilité, rigidité et douceur dans certaines parties 'mobiles' (coudes, genoux, etc.) du vêtement. Porosité, pour canaliser les flux d'air et de transpiration. Intégration de matières balistiques qui pourraient être exploitées pour fabriquer de l'armement.
Encore un peu de R&D, et l'impression 3D sera opérationnelle
La technologie est présente, bien qu'encore émergente, même si dans certains domaines elle doit être perfectionnée. C'est le cas dans la fabrication des vêtements, les matières qui alimentent la tête d'impression sont encore trop plastiques. De même pour la fabrication des rations alimentaires, nos critères gustatifs sont encore loin d'être respectés. En revanche, l'impression de peau est une technologie considérée comme mature, au point que l'armée américaine s'est déclarée prête à lancer des essais cliniques.
Souvent moteur lorsqu'il s'agit de développer des technologies (lire « Un projet de la DARPA automatise le provisioning du réseau en mode Cloud to Cloud »), l'armée américaine pourrait bien accélérer la révolution de l'impression 3D. Une raison de plus pour que la DSI s'y intéresse dès maintenant.