14 ans après avoir succédé à Bill Gates à la tête de Microsoft, et six mois après la nomination de Satya Nadella au poste de CEO, Steve Ballmer prend sa retraite du board de l'éditeur. Pour s'occuper de son équipe de basket achetée à prix d'or ! Il n'en reste pas moins le premier actionnaire privé du groupe, et il l'a fait savoir...
C'est de manière plutôt abrupte, et certainement plus tôt que prévu, que Steve Ballmer a démissionné du board (conseil d'administration) de Microsoft. Après avoir cédé sa place de CEO au profit de Satya Nadella en février dernier, d'une simple lettre celui qui a succédé à Bill Gates à la tête de Microsoft en 2000 prend définitivement sa retraite de l'éditeur.
Un homme très occupé !
Dans une longue lettre de justification, celui qui a rejoint Bill Gates au sein de la toute jeune société Microsoft – elle avait alors 5 ans – en 1980 explique que sa décision a été motivée par ses nouvelles fonctions d'enseignant, mais surtout par le calendrier de la NBA. Steve Ballmer s'est en effet offert récemment l'équipe de basket les Los Angeles Clippers (lire « Le retraité Steve Ballmer s'offre... les Clippers de Los Angeles »). « Je suis devenu très occupé », a-t-il écrit. Parce qu'il ne l'était pas chez Microsoft ?
Rappelons que grâce aux 18.000 licenciements engagés par Microsoft, cette acquisition, réalisée au prix exorbitant de 2 milliards de dollars, n'aura finalement pas d'influence sur la fortune personnelle de Ballmer. L'accueil positif réservé par Wall Street à l'annonce de la réduction d'effectif a entrainé un bond du titre Microsoft, et lui a rapporté la modique somme de 2,4 milliards de dollars (lire « Les 18.000 licenciements de Microsoft rapportent 2,8 milliards $ à Steve Ballmer »).
Il quitte Microsoft mais demeure son premier actionnaire
Car si Steve Ballmer quitte les instances dirigeantes de Microsoft - après son remplacement à la tête de l'éditeur, il conservait jusqu'à ce jour un siège au conseil d'administration – par le jeu des actions qu'il a pu acheter, mais surtout qui lui ont été offertes, il n'en demeure pas moins le premier actionnaire privé du groupe. Et il n'a pas manqué de le rappeler : « Je détiens plus d’actions Microsoft que quiconque à part les fonds indiciels. (...) Je compte conserver cette position dans l’avenir proche. »
Si son discours d'actionnaire marque sa confiance dans l'avenir Microsoft, il ne manque pas de rappeler également qu'il conserve, par sa position de premier actionnaire, un fort pouvoir d'influence. Et pourquoi pas le pouvoir d'infléchir la stratégie du groupe dans un sens qui lui convient...
Il laisse le champ libre à son successeur
Sa lettre de justification est en effet l'occasion pour Steve Ballmer de rappeler le modèle économique de Microsoft, « une approche mobile-first et cloud-first, et une emphase prioritaire sur les plateformes et la productivité », qu'il tente avec difficultés et un succès parfois mitigé d'imposer depuis plusieurs années : « Dans un monde du mobile et du cloud, le développement de logiciels est une compétence-clef, mais pour avoir du succès il faut monétiser à travers un modèle d’abonnement pour les entreprises, des marges brutes réalisées sur les équipements et des revenus publicitaires. »
Le bonhomme continuera donc jusqu'au bout de justifier sa stratégie... Mais son départ pourrait bien également laisser les coudées franches à son successeur pour mener à bien une nouvelle stratégie. La vision de Satya Nadella, face à celle de son prédécesseur, marque un retour aux sources philosophiques de Microsoft, avec un focus sur l'innovation. Quant à la décision de ce dernier de supprimer 18.000 postes, elle a certainement été dictée par Steve Ballmer, à l'origine du rachat de la division mobiles de Nokia sur laquelle porte le plus gros effort de réduction des effectifs. Notons que son départ, de la tête comme du board de Microsoft, satisfait pleinement nombre d'observateurs !
Quant à son activité de patron-propriétaire des Los Angeles Clippers, elle devrait lui permettre d'exprimer sa gouaille légendaire... sur les bancs de touche ou dans les gradins.