Pour tirer pleinement parti des avantages de l'IA, les entreprises doivent adopter une approche stratégique, investir dans le développement des compétences et mettre en place une infrastructure technologique adéquate.

La France, traditionnellement soupçonneuse vis-à-vis des nouvelles technologies de l’information, se montre bien plus ouverte aux bienfaits prévus de l’intelligence artificielle. Une étude réalisée par IFS, le fournisseur de logiciels d'IA industrielle et de cloud d'entreprise, révèle que la France est bien positionnée dans le paysage mondial de l'IA, avec un optimisme notable parmi les entreprises.

Intitulée « Industrial AI : the new frontier for productivity, innovation and competition », l’étude rend compte des réponses de 1 709 décideurs d'entreprises de taille intermédiaire et grande dans divers secteurs tels que l'industrie, les télécommunications, l'aérospatiale, la défense, les services, la construction, l'ingénierie, ainsi que l'énergie et les ressources.

L’étude concerne le Royaume-Uni, les États-Unis, le Canada, l’Allemagne, la France, les Émirats arabes unis, la Norvège, le Japon, l’Australie, la Suède, le Danemark et la Finlande. Elle avait pour but d’évaluer l'optimisme des entreprises concernant l'intelligence artificielle et à identifier les facteurs influençant cette perception.

La France se distingue par son troisième rang mondial en termes d'optimisme concernant l'IA, juste derrière la Norvège et la Suède. À l'inverse, les États-Unis et le Royaume-Uni, pourtant considérés comme des leaders technologiques, sont classés respectivement aux 12e et 11e positions, montrant un optimisme plus mesuré. Un classement pour le moins étonnant si l’on considère que la France a une longue tradition de critique sociale et philosophique avec un fort attachement aux valeurs humanistes, la vie privée, la liberté individuelle et la cohésion sociale.

Une corrélation positive entre les compétences et l'optimisme

Selon l’étude, les entreprises dont le chiffre d'affaires se situe entre 200 et 500 millions de dollars montrent le plus grand optimisme. En revanche, celles dont les revenus dépassent 500 millions de dollars se classent en troisième position en termes d'optimisme, suggérant une certaine polarisation dans la préparation et l'adoption de l'IA. Les entreprises de taille moyenne, avec des revenus compris entre 50 et 200 millions de dollars, sont moins optimistes, probablement en raison de ressources et de compétences limitées à leur disposition.

L'intelligence artificielle (IA) est perçue comme une technologie de rupture avec un potentiel transformateur majeur pour les entreprises. Selon l'étude, les décideurs estiment que l'IA aura le plus grand impact dans trois domaines clés : les produits et services innovants (31 %), l'accessibilité des données (30 %) et la réduction des coûts (29 %). L'étude révèle également une corrélation positive entre les compétences en IA et l'optimisme.

Les pays ayant investi massivement dans les compétences en IA, comme la France (49 %), les Émirats Arabes Unis (53 %), la Norvège (48 %), l'Australie (46 %), la Suède (46%) et le Japon (45 %), montrent un optimisme plus élevé. En parallèle, la planification du développement durable est également liée à l'optimisme, les pays ayant une stratégie de développement durable en matière d'IA étant plus susceptibles d'être optimistes. Les répondants du Royaume-Uni (5 %), du Canada (6 %), du Danemark (6 %) et de la Finlande (4 %) sont les moins susceptibles d'avoir mis en place une telle stratégie.

Adopter une vision à long terme

Enfin, l'étude met en évidence une scission entre les entreprises ayant déjà adopté l'IA et celles qui ne l'ont pas encore fait. Les entreprises sans stratégie claire et sans orientation adéquate rencontrent des difficultés à tirer parti des avantages de l'IA, ce qui peut entraîner un sentiment de désillusion.

Selon Christian Pedersen, CPO chez IFS, « le manque d'optimisme de certaines personnes interrogées peut laisser penser que nous sommes au bord de la désillusion, en particulier après l'engouement général dont l'IA a bénéficié pendant la majeure partie des 18 derniers mois. En réalité, nous assistons à une différenciation des entreprises grâce à l'IA. Les entreprises qui ont établi une base de données solide, investi dans les compétences et intégré la durabilité dans leur stratégie sont optimistes parce qu'elles peuvent voir les avantages se concrétiser rapidement. Il est essentiel que les dirigeants considèrent l'IA comme une stratégie et non comme un outil. »

L'étude d'IFS met en lumière plusieurs éléments cruciaux concernant la nécessité d'adopter une approche stratégique et d'investir dans les compétences et les infrastructures pour tirer pleinement parti des avantages de l'intelligence artificielle. D’abord, l'IA ne doit pas être perçue comme un simple outil, mais comme une composante intégrale de la stratégie d'entreprise. Christian Pedersen souligne que « cela implique de définir des objectifs clairs et de comprendre comment l'IA peut s'intégrer dans les processus existants pour améliorer l'efficacité et l'innovation ».

Aligner les initiative d’IA avec ses objectifs

D’après les conclusion de l’étude, une stratégie aux objectifs bien définis permet d'aligner les initiatives d'IA avec les objectifs globaux de l'entreprise. Cela inclut la réduction des coûts, l'amélioration de la productivité et l'innovation dans les produits et services.

L'étude révèle par ailleurs que les entreprises qui investissent dans le développement des compétences en IA sont généralement plus optimistes quant à l'avenir de cette technologie. Par exemple, la France, avec 49 % des répondants ayant investi dans les compétences, se classe parmi les pays les plus optimistes. Cela souligne l'importance de former les employés aux technologies d'IA, à la gestion des données et à l'analyse pour maximiser l'utilisation de ces outils.

Enfin, l’étude démontre qu'il existe une corrélation directe entre l'état de préparation architecturale des entreprises et leur optimisme concernant l'IA. Les entreprises qui disposent d'une infrastructure solide, souvent basée sur le cloud, sont mieux positionnées pour adopter l'IA et en tirer des bénéfices. Cela implique d'investir dans des systèmes de gestion des données, des plateformes d'analyse et des outils d'IA qui peuvent interagir efficacement. Une infrastructure adéquate permet également une meilleure intégration des données, ce qui est essentiel pour l'IA.