La signature électronique, autrefois perçue comme un simple outil administratif, s’est progressivement imposée comme un élément crucial de la transformation numérique. Cette évolution est alimentée par plusieurs tendances majeures et facteurs déterminants qui façonnent l’adoption et l’usage de la signature électronique à travers le continent. L’évolution règlementaire bien entendu, mais aussi des impératifs de flexibilité et de mobilité, ainsi que la réduction des coûts et d’efficacité opérationnelle.
Une étude menée par Ipsos pour Yousign, le spécialiste européen et français de la signature électronique, dresse un état des lieux des usages et de la perception de la signature électronique par les professionnels. En outre, dans un contexte d’accélération de la digitalisation des organisations, les concepteurs de l’étude ont jugé pertinent d’évaluer les perspectives de la signature électronique : quels secteurs pourraient le plus bénéficier de l’expansion de la signature électronique ? Quelles innovations et quel rôle pourrait jouer l’intelligence artificielle pour renforcer la sécurité de cette technologie ?
Pour commencer, les enquêteurs d’Ipsos ont établi une corrélation entre le taux de numérisation d’une entreprise et son usage, ou non, de la signature électronique. Plus l’entreprise est numérisée, plus elle dispose d’un environnement technologique propice à l’adoption de la signature électronique.
Dans un monde travaillé par le numérique depuis des décennies, il n’est pas étonnant que 70 % des professionnels estiment que leur entreprise est digitalisée (dont 29 % « très digitalisée »), utilisant des outils pour numériser et automatiser certaines tâches et processus, comme la gestion de la facturation, les bulletins de salaire, les coffres-forts électroniques et la signature électronique.
Les usages internes prédominent sur les usages externes
Dans un tel environnement, les répondants expriment leur confiance dans les processus numériques : 78 % des professionnels déclarent avoir confiance dans la signature électronique. Cette confiance est particulièrement majoritaire dans les services qui sont traditionnellement usagers de la signature électronique, soit 87 % parmi les employés des départements Finances, Juridique, RH et les CEO, et 86 % chez les cadres supérieurs.En France, 75 % des professionnels utilisent déjà la signature électronique dans leur vie personnelle ou professionnelle, avec un taux plus élevé chez les cadres supérieurs (85 %). Sans surprise, l’adoption est plus courante dans le secteur privé (77 % contre 70 % dans le secteur public) et particulièrement élevée dans les départements Finances, Juridique, RH et CEO (84 %).
La moitié des professionnels français utilisent la signature électronique quotidiennement ou plusieurs fois par semaine, surtout dans les services de finance, juridique, RH ou direction générale (63 %). Les usages internes (75 %) prédominent sur les usages externes (62 %), qu’il s’agisse d’approuver des documents ou des processus (49 %), de valider des documents officiels (41 %) ou de faciliter la collaboration à distance (34 %).
Pour les usages externes (62 %), la signature électronique est principalement utilisée pour finaliser des contrats avec des clients ou fournisseurs (40 %), pour soumettre des documents légaux (34 %) ou pour fournir une preuve d’identité lors de l’accès à des services en ligne (30 %).
Taux d’utilisation de la signature électronique qualifiée
En ce qui concerne les signatures à risques élevés, 27 % des professionnels ont déjà utilisé la signature électronique qualifiée. Celle-ci est le niveau le plus élevé de signature dématérialisée, offrant le maximum de sécurité et de conformité juridique. Elle est définie par le Règlement eIDAS (Electronic Identification, Authentication and Trust Services) de l’Union européenne. La signature électronique qualifiée nécessite une identification stricte de la personne signataire avant l’émission du certificat de signature. Cela peut inclure des méthodes telles que la vérification via une vidéo certifiée.Ses principales utilisations concernent les documents d’identification, la vérification de l’identité et la connaissance de la clientèle (47 %), les actes authentiques notariés à distance (38 %) et les dossiers de modification ou de cessation d’activité (34 %).
Perspectives d’évolution de la signature électronique
Comme toute technologie participant à la sécurité et à la confidentialité, le marché de la signature électronique est mû par la règlementation et les impératifs cybersécuritaires, ainsi que des événements ponctuels. Elle a été grandement accélérée par le confinement lors de la pandémie de 2020.Actuellement, les Jeux olympiques servent de moteur d’adoption : 33 % des professionnels indiquent que leur entreprise a adopté des outils digitaux, comme la signature électronique, en prévision des JO. De plus, 29 % des répondants non utilisateurs pensent que leur entreprise s’équipera d’une solution dédiée pour faciliter les processus pendant les JO, période où beaucoup seront en télétravail.
L’intégration de l’intelligence artificielle (IA) dans les systèmes de signature électronique suscite des perspectives variées parmi les professionnels français. À long terme, 35 % d’entre eux sont convaincus que l’IA pourrait considérablement renforcer la sécurité de ces systèmes. L’IA peut en effet apporter des améliorations en matière de vérification de l’identité, de détection de fraudes et de sécurisation des données.
Cependant, les opinions divergent : 27 % des professionnels anticipent que l’impact de l’IA pourrait être négatif, soulevant des préoccupations sur la complexité et la fiabilité des systèmes automatisés. De plus, 38 % des sondés restent indécis, reflétant une certaine incertitude quant aux bénéfices réels et aux défis potentiels associés à l’intégration de l’IA dans les signatures électroniques.
Les domaines qui pourraient le plus bénéficier de l’utilisation de la signature électronique en France sont l’administration publique (58 %), le secteur bancaire et financier (54 %), l’immobilier (38 %), et le secteur de la santé pour les consentements dématérialisés, les dossiers médicaux, etc. (31 %).