Trbune - Il y a une chose qui sépare la donnée et la créativité, la première est considérée comme la connaissance, alors que la seconde est fondamentalement éloignée de la connaissance. C'est tout du moins ce que de nombreux observateurs affirment, et qui alimente le gouffre qui sépare les tenants de la créativité, artistes et designers, des opérateurs de la donnée, développeurs et DSI.
Seulement voilà, chacun campe sur sa position et oublie que si la créativité est déclarée inexplicable, elle s'appuie sur l'environnement et l'expérience, deux domaines où la donnée est une force. En fait, tous deux s'enrichissent, et la création de frontières est une forme de ségrégation instaurée entre l'art et la science… jusqu'à oublier que les plus grands artistes sont de grands scientifiques, et vice versa. A l'image emblématique de Léonard de Vinci.
Le Big Data souffre de ce clivage. C'est pourquoi il est l'objet de nombreux débats, dont le but est de déterminer si le Big Data est bon ou mauvais pour la créativité ? Questionnement déplacé, le Big Data est un outil d'analyse des données qui aboutit à fournir au créatif les informations et connaissances qui peuvent l'inspirer. La donnée et le Big Data peuvent et doivent accompagner la démarche de création.
Débat futile et sans intérêt, me direz-vous… Nous pourrions le croire, mais en réalité il est fondamental. Car il véhicule des idées fausses qui nuisent aux deux missions incontournables dans toute organisation que sont l'innovation et la prise de décision. Alors que les deux se marient fort bien : l'analyse de la donnée traduit une information froide et intimidante en données utiles, dans le sens d'utilisables, qui accompagnent l'objectif des créatifs.
C'est là que le Big Data apporte une nouvelle dimension à la créativité, celle du jeu. L'analyse offre une vue complète des différents points de vue d'un problème, jouer avec la donnée ainsi présentée, avec les avantages de la visualisation, augmente la pertinence de la découverte et les connaissances nécessaires à la compréhension des processus.
L'autre avantage de cette approche, c'est d'offrir un modèle ouvert. Classiquement la créativité s'exprime au travers d'un but à atteindre, comme de faire évoluer un produit ou de créer un objet (un service ou un site web par exemple). L'intégration de la donnée dans le processus créatif ouvre de nouvelles perspectives d'exploration et d'exploitation. La créativité peut ainsi s'appuyer sur des hypothèses itératives, d'autant plus satisfaisantes que l'information est crachée par des algorithmes mathématiques qui une fois conçus laissent libre cours à la réflexion.
La donnée devient ainsi un élément constructif de la créativité, mais également un élément de gouvernance de cette dernière, qui encadre par ses processus l'égo des créatifs pour évoluer dans le sens de la création de valeur pour l'entreprise.
Une dernière interrogation demeure : le créatif doit-il se faire mathématicien ? Ce serait certainement un plus, et c'est même envisageable, à la condition que la culture de l'entreprise amène à la prise de conscience du phénomène. Nous évoquions le mariage de l'artiste et du scientifique dans une personnalité unique, évoquons le mariage du créatif et de la donnée, mariage d'intelligence plus que de raison. Ce n'est qu'une question de volonté.