Bien des entreprises ne parviennent pas à prendre le virage de l’analytique et de l’exploitation systématique de la donnée. Prises entre les tâches du quotidien et le rythme accéléré de la transformation, elles ne parviennent pas à améliorer les compétences.
Bien avant la crise, le manque de profils dans les métiers technologiques représentait déjà un défi aux entreprises. Celles-ci sont confrontées à des besoins concomitants nés de l’émergence de nouveaux paradigme comme l’entreprise data driven par exemple. Un effet de ciseaux qui tombe au plus mauvais moment, alors que la sortie de crise se profile et que les nouveaux paradigmes de la transformation numérique doivent permettre l’innovation compétitive et la résilience. La situation est telle que bien des projets sont reportés ou à l’arrêt. Et si la situation est difficile pour les fonctions technologiques les plus basiques, elle est encore pire en ce qui concerne les compétences dans la donnée.
Une étude réalisée par Alteryx, le spécialiste de l’automatisation de l’analytique, met en évidence un décalage entre le rythme accéléré de la transformation numérique et la mise à disposition des compétences fondamentales nécessaires à sa réalisation. L’étude a été menée auprès de 1 000 professionnels de la donnée en France.
« Malgré la confiance des travailleurs dans leur capacité à apporter de la valeur commerciale grâce à leurs compétences en matière de données, l’étude remet en question la compétitivité numérique future en raison de la stagnation des compétences numériques au cours des derniers mois », explique le rapport.
« Pris par des tâches quotidiennes »
En effet, près d’un dirigeant d’entreprise sur deux en France (44 %) estime que son organisation « est à la traîne » par rapport à la concurrence. Un bon tiers (31 %) de ces dirigeants se dit « dépassé » par les choses qu’ils sont censés apprendre pour affiner les données et les transformer en informations susceptibles de changer la donne. Ayant identifié le problème, les dirigeants interrogés reconnaissent à 61 % qu’il leur incombe de mener des initiatives de formation, mais l’étude montre que les défis quotidiens continuent de prendre le pas sur la formation aux données.
Selon l’étude, 43 % des travailleurs du secteur de la donnée ne sont pas en mesure de se perfectionner du tout parce qu’ils sont « pris par les tâches quotidiennes ». Une autre proportion est encore plus perplexe, car un répondant sur cinq (18 %) ne sait même pas par où commencer. Cependant, l’étude constate que la majorité des personnes interrogées confirment qu’elles considèrent la formation continue comme une priorité, 64 % d’entre elles déclarant être motivées pour développer leurs compétences. Mais, avec seulement 9 % des répondants ayant entamé ce processus d’amélioration des compétences et 5 % l’ayant complété, « il devient urgent que les directions d’entreprises agissent », conseille le rapport.
Un changement de culture s’impose
Par ailleurs, 39 % des travailleurs de la donnée admettent qu’ils ne voient pas de corrélation entre le perfectionnement et les augmentations de salaire résultant de l’amélioration des compétences en matière de données. En partant de ce postulat, seuls 27 % des travailleurs du secteur de la donnée sont « motivés » pour apprendre pendant leur temps libre. Le développement des compétences humaines indispensables aux projets de transformation numérique est essentiel à la réussite, mais la responsabilité de cette démarche incombe aux dirigeants de l’entreprise.
« À tous les niveaux de compétence du continuum analytique, les dirigeants doivent s’engager avec conviction à dépasser toute approche dépassée de la culture des données et de la montée en compétence analytique, ainsi qu’à conduire un changement culturel en faveur de l’apprentissage au sein de leur organisation, qui évolue avec les employés. Ce n’est qu’en s’engageant à long terme à donner la priorité à l’apprentissage — et en investissant pour l’encourager — que les collaborateurs seront en mesure de fournir des résultats plus efficaces et de garantir la compétitivité à l’avenir », conseille Alan Jacobson, chief data and analytics officer chez Alteryx.