Sous l’effet conjugué de la nécessité de maintien de l’activité et des incertitudes sur l’avenir, les entreprises accélèrent leur transformation numérique dans un contexte d’incertitude sans précédent. Pour certains, le retard accumulé a déphasé leurs entreprises et rendu le chemin à parcourir plus laborieux.

La pandémie a révélé la fragilité des organisations immatures au regard du numérique. La conjonction de la nécessité de continuer l’activité avec un environnement externe imprévisible a démontré que les entreprises ayant un niveau de maturité numérique plus élevé sont généralement plus flexibles. Cette accélération exceptionnelle des événements a mis fin aux atermoiements de certains dirigeants.

Fini les stratégies à long terme et les horizons lointains,de nombreux aspects de la prise de décision des entreprises ont évolué de manière à adapter l’entreprise dans l’urgence. Les tunnels de décision se sont fragmentés et raccourcis pour devenir des microcycles innombrables et purement opérationnels. De nombreux dirigeants ont trouvé le chemin vers la transformation numérique.

Selon la dernière vague de l’indice Dell Digital TransformationIndex 2020 (DTI), en 2018 les programmes de transformation numérique de nombreuses entreprises étaient déphasés par rapport aux bonds de la puissance de calcul et à l’afflux de technologies émergentes. Ce qui a rendu encore plus urgent et difficile l’impératif d’adaptation aux perturbations sans précédent que connaissent les entreprises aujourd’hui. Le DTI mesure l’état de la transformation numérique des entreprises à travers le monde et leurs performances à l’ère du numérique.

Une courbe de transformation qui s’envole

Le DTI révèle que 8 entreprises sur 10 ont accéléré leurs programmes de transformation numérique cette année et que 79 % d’entre elles réinventent complètement leur business modèle.Depuis la première édition du DTI en 2016, le nombre d’entreprises européennes qualifiées de Digital Leaders a doublé, passant de 3 % à 6 %. Le nombre de Digital Adopters est quant à lui passé de 20 % en 2018 à 36 % en 2020, soit une augmentation de 16 points. Quant aux retardataires (Digital Laggards), leur nombre enregistre une baisse de 8 points (-11 pour la France) ainsi qu’une forte baisse (-19 points) au niveau des Digital Followers (-14 pour la France). Ce sont ces entreprises qui sont à l’origine de l’augmentation des chiffres des catégories supérieures.

Malgré cette accélération sans précédent, l’évolution sur le long terme représente un véritable défi pour les entreprises. L’Index rapporte que 93 % des entreprises dans le monde se heurtent à des barrières, qui vont au-delà de la technologie, des personnes ou de la politique.

Le classement de ces freins révèle des différences entre le reste du monde, la France, et l’Europe. Dans le monde, la « confidentialité et la protection des données » est classé en premier parmi les entraves. En France et en Europe, c’est « le manque de budget et de ressources » qui vient en premier. Cet obstacle vient en deuxième position pour le reste du monde, alors qu’en France et en Europe c’est « l’incapacité à tirer des enseignements utiles de la surcharge de données et d’informations ». L’Europe et la France divergent sur ce troisième point, la première invoque la confidentialité et la protection des données, et en France le troisième facteur de retard reste les changements réglementaires ou législatifs.

 FranceEuropeMonde
1Manque de budget et de ressourcesManque de budget et de ressourcesConfidentialité et la protection des données
  2Incapacité à tirer des enseignements utiles de la surcharge de données ou d’informationsIncapacité à tirer des enseignements utiles de la surcharge de données et/ou d’informationsManque de budget et de ressources
  3Changements réglementaires ou législatifsConfidentialité et la protection des donnéesIncapacité à tirer des enseignements utiles de la surcharge de données et/ou d’informations

L’importance grandissante des technologies émergentes

Avant la pandémie, les investissements des entreprises européennes étaient fortement axés sur les technologies de base, plutôt que sur les technologies émergentes. Aujourd’hui, 85 % d’entre elles reconnaissent avoir besoin d’un environnement informatique plus souple et plus évolutif pour faire face aux imprévus (91 % en France). Reconnaissant l’importance des technologies émergentes, 81 % des répondants européens envisagent une utilisation accrue de la réalité augmentée pour accélérer le développement et la production de solutions et apporter les rectificatifs instantanément (80 % en France). De même, 83 % anticipent que les entreprises utiliseront l’intelligence artificielle et les données pour prévoir les perturbations potentielles (80 % en France). Enfin, 72 %(68 % en France)prévoient que les registres distribués — tels que la blockchain — rendront l’économie des contrats à court terme plus équitable en supprimant les intermédiaires.

En ce qui concerne les principaux investissements technologiques en Europe pour les trois prochaines années, les dirigeants ont répondu vouloir se concentrer sur :

  • la cybersécurité,
  • les infrastructures 5G et matériel prêt pour la 5 G,
  • les outils de gestion des données,
  • le respect de la vie privée,
  • les environnements hybrides et cloud.

À propos du DT Index 2020 :

L’étude DTI a été menée en juillet et août 2020, en association avec le cabinet de recherche Vanson Bourne, qui a mené une enquête auprès de 4 300 chefs d’entreprise, des ETI aux grandes entreprises, dans 18 pays, afin de créer une référence mondiale indiquant l’état de transformation des entreprises. Vanson Bourne a classé les efforts des entreprises en matière d’e-commerce en examinant leur stratégie IT, leurs initiatives de transformation de la main-d’œuvre et leurs performances perçues par rapport à un ensemble d’attributs essentiels du e-commerce. Il s’agit de la troisième tranche de l’indice DT (l’étude inaugurale de 2016 a été suivie par la deuxième en 2018.).