Durant son audition devant les sénateurs, les 10 et 11 avril derniers, le CEO de Facebook, Mark Zuckerberg a annoncé que la solution à tous les problèmes de son réseau social repose sur l’IA. Face aux diverses attaques, il a déclaré que « A long terme, développer des outils d’intelligence artificielle sera la meilleure façon d’identifier et de se débarrasser, à grande échelle, de ces contenus dangereux. » Le fondateur de Facebook assure que l’IA sera une technologie efficace pour endiguer les propagandes terroristes ou encore pour détecter rapidement les comptes fake, surtout durant les campagnes électorales.
Mais les avis sont divergents. Sarah Jeong, une chroniqueuse pour The Verge, a souligné que l’IA sera un paravent pour Facebook, qui va s’en servir pour faire plus de dégâts. Elle a martelé que « L’intelligence artificielle n’est pas une solution contre la vue à court terme et le manque de transparence. L’IA ne peut pas résoudre le problème de n’avoir aucune idée de ce que vous êtes en train de faire, et de s’en ficher totalement ». De son côté, le philosophe et informaticien, Jean-Gabriel Ganascia a déclaré « Facebook nous explique qu’il va tout régler avec l’IA, alors que l’IA est elle-même la cause du mal, dans le cas des “fake news” par exemple. (…) Mark Zuckerberg laisse entendre que la technologie peut être une solution au problème, alors que c’est une question beaucoup plus compliquée. Il faudrait revoir tout le modèle économique ».
Les systèmes basés sur l’IA ne sont cependant pas encore très au point. On peut se référer par exemple à Perspective, l’outil mis au point par Jigsaw et Google. Le triage des citations à connotation irrespectueuse est mal exécuté par l’IA. C’est ce qu’explique d’ailleurs Jean-Gabriel Ganascia, dans son interview au Monde « Dès qu’on a affaire au sens, c’est très délicat. Des formes d’expression, l’humour ou la dérision risquent d’être censurés par ces technologies. » Et les modérateurs humains ne sont pas plus performants. Les ambitions de Mark Zuckerberg sont donc encore trop incertaines.