Avant de se précipiter dans la révolution de l’Intelligence Artificielle, commençons par réfléchir sur l’introduction de l’IA dans la stratégie de l’entreprise, et le rôle que doit y jouer le DSI.
Véhicule autonomes (de l’industrie automobile aux grands acteurs des IT), détection et traitement des maladies (IBM Watson), assistants personnels (Siri, Alexa), plateforme de recommandation et d’e-commerce (Criteo), banque, bourse, robots… L’Intelligence Artificielle (IA) est partout, et cet envahissement n’est pas prêt de s’interrompre.
Passé l’émergence, force est de reconnaitre que les perspectives de transformation de l’entreprise sont réelles, et d’une richesse que nous peinons à imaginer. D’ailleurs, les entreprises se penchent largement sur le phénomène. Chacune a son idée, son projet, et cible une technologie, qui le machine learning, qui le moteur de recommandation, qui les réseaux neuronaux, qui les bots, etc.
Difficile d’y échapper, difficile également de s’y retrouver… Car en fait l’attrait pour l’IA dans beaucoup d’entreprises tient encore du buzz. L’accélération du phénomène mélangée à l’égo des dirigeants imposent également à chaque entreprise d’avoir son projet. Quant aux thématiques justificatives, elles sont connues : l’amélioration du service au client, l’accompagnement de la prise de décision, l’automatisation des processus, etc.
L’idée associée à l’IA est simple, finalement, transformer la machine pour qu’elle travaille pour nous, jusqu’à penser pour nous !
Développer des systèmes qui travaillent pour nous, l’idée n’a rien de nouveau, simplement ces systèmes aujourd’hui deviennent ‘intelligents’. Il est même un domaine que l’IA investit, celui de l’empathie (lire : « Que va-t-il rester à l’humain à l’âge de l’Intelligence Artificielle ? »).
Ce qu’il y a de réellement nouveau, qui rend l’IA stratégique, c’est qu’elle se place à la convergence du Cloud, de la mobilité, du Big Data et des analytiques, donc de ce que les IT apportent de plus potentiellement riche. Nos entreprises ont la possibilité – pour les moyens, c’est une autre histoire ! – d’analyser toutes les données auxquelles elles ont accès afin de comprendre. L’étape suivante sera de prédire…
Emerge donc la notion, et les solutions, de l’entreprise prédictive. Toute entreprise est potentiellement une ‘entreprise prédictive’, et c’est là que sera la révolution, celle d’une IA transformatrice et non plus émergeante.
Cela étant établi, la mission du DSI va se complexifier. D’abord parce que malgré les métiers et le shadow IT, le DSI demeure le maître de la donnée via son infrastructure et sa capacité de déployer l’interopérabilité. Il ne s’agira pas non plus de remplacer l’humain par la machine, mais peut-être le décideur… La perspective peut faire peur !
Il devient nécessaire de clarifier la situation et de définir les directions qui doivent être prises avec une certaine prudence. Face à un PDG qui monte très vite dans l’utopie, au risque d’ailleurs de finir sur une dystopie, c’est au DSI de modérer ses ardeurs et d’imposer une triple stratégie.
D’abord il ne peut y avoir de convergence sans une vraie plateforme partagée, dont l’infrastructure tient la route. Ensuite, l’analyse est une affaire d’experts, de talents qu’il faut trouver, recruter ou former. Et surtout, en préalable aux Cloud, mobile, Iot, Big Data, etc., il faut penser sécurité.
Nous sommes aujourd’hui capables de répondre aux conditions qui doivent nous permettre d’aboutir à l’entreprise prédictive. Avons le choix ? Non ! En avons-nous les moyens… Ce qui est certain, c’est qu’avant de toucher le Graal, il va falloir que le DSI ait une discussion avec son PDG, et que ce dernier lui donne la direction à suivre, si ce n’est la direction tout court (du projet, cela va de soi !).
Il n’y a pour le moment pas de recette pour atteindre le résultat attendu. Peut-être que l’IA n’est pas encore assez intelligente pour nous la donner !
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