Face à la sophistication des menaces ciblant les environnements IA, Trend Micro et Nvidia misent sur une cybersécurité enfouie au cœur des infrastructures pour garantir une protection structurelle, invisible mais stratégiquement placée. Ce choix de conception préfigure-t-il une nouvelle norme industrielle pour les AI Factories ?
Les environnements d’IA industrialisée, aussi appelés AI Factories, exigent aujourd’hui des garanties qui dépassent les approches traditionnelles de la cybersécurité. Les applications ne suffisent plus. Les plateformes non plus. C’est toute la pile – depuis le silicium jusqu’aux interactions avec les modèles – qui doit devenir résiliente par conception. C’est dans cette perspective que Trend Micro et Nvidia annoncent une offre conjointe, intégrant la solution Vision One AI Factory EDR directement dans les unités BlueField, conçues pour sécuriser l’infrastructure à même le matériel.
Au cœur de cette offre se trouve l’unité BlueField de Nvidia, un processeur de type DPU (Data Processing Unit) conçu pour exécuter les fonctions de sécurité, de réseau et de stockage indépendamment du processeur central. BlueField isole ces tâches critiques dans un plan d’exécution dédié, créant ainsi une barrière physique entre les applications IA et les mécanismes de contrôle. Cette approche limite la surface d’attaque et garantit que la cybersécurité reste opérationnelle même en cas de compromission du système d’exploitation hôte.
Une architecture matérielle cloisonnée pour sécuriser l’IA à la source
Trend Micro déploie sa solution Vision One, AI Factory EDR directement sur ce socle, sans recours à un agent logiciel classique. Le moteur de détection opère en temps réel à partir des signaux issus du réseau, des comportements des systèmes et des processus IA, en les corrélant avec sa base de renseignement mondial sur les menaces. En parallèle, l’intégration avec les serveurs RTX Pro assure une compatibilité avec les charges IA les plus intensives, sans compromis sur la performance ni sur la conformité réglementaire. Cette configuration rend possible une cybersécurité embarquée, enfouie dans les couches les plus profondes de l’architecture des AI Factories, et capable d’opérer à la vitesse du matériel.
Contrairement aux dispositifs de sécurité intégrés à posteriori, la cybersécurité enfouie opère sous le niveau applicatif et même sous le système d’exploitation. Elle repose ici sur les DPU BlueField de Nvidia, capables de cloisonner matériellement les flux, de décharger les tâches critiques et de préserver la performance des charges IA. En intégrant nativement l’EDR de Trend Micro dans cette unité, les deux partenaires créent une barrière indépendante de l’OS, des processus applicatifs et des éventuelles compromissions logicielles.
Cette architecture permet une surveillance les niveaux les plus bas, signaux réseaux, comportements hôtes, indicateurs de compromission, sans interaction avec le CPU principal. Le résultat est une résilience accrue, une surface d’attaque réduite, et une détection précoce de menaces complexes. Cette approche répond à une exigence stratégique dans les environnements multitenant, IA ou cloud, où les risques latéraux sont devenus structurels.
Une sécurité matérielle non désactivable, pilotée par politiques
En déportant la détection et la réponse dans un plan d’exécution matériel isolé, la solution AI Factory EDR garantit une continuité sécuritaire même en cas de compromission du système d’exploitation. Le cloisonnement matériel, combiné à l’absence d’agent classique, rend la sécurité persistante, invisible et non modifiable par l’utilisateur ou un logiciel malveillant. Cela permet aussi d’alléger la charge opérationnelle et de simplifier les audits, un atout crucial pour les secteurs régulés.
Trend Micro s’appuie également sur sa plateforme Vision One pour corréler les signaux remontés de l’infrastructure avec sa base mondiale de renseignement sur les menaces. En croisant ces indicateurs avec les politiques de sécurité d’entreprise, les équipes peuvent automatiser la réponse aux incidents via des playbooks, tout en gardant une visibilité centralisée sur l’ensemble de la pile IA.
Des garde-fous applicatifs ancrés dans le framework NeMo
La cybersécurité enfouie ne se limite pas à l’infrastructure. Pour sécuriser l’interface entre les utilisateurs et les modèles de langage, Trend Micro intègre également AI Guard dans le framework NeMo de Nvidia. Cette couche orchestre les garde-fous IA (NeMo Guardrails) chargés de détecter les déviations sémantiques, les injections, les hallucinations ou les abus d’usage. Ces garde-fous sont configurables via des API, liés aux politiques internes, et couplés à des fonctions de supervision.
La plateforme peut ainsi détecter des comportements déviants, modérer les réponses, adapter les autorisations ou déclencher des remédiations. L’objectif est de construire une défense en profondeur allant du silicium jusqu’à la sortie du modèle IA, sans discontinuité ni points faibles.
Cette approche modulaire, matérielle et orchestrée est particulièrement adaptée aux AI Factories opérant dans des contextes sensibles : défense, santé, énergie, services publics, etc. Intégrée au modèle de référence « AI Factory for Government » de Nvidia, la solution commune garantit un alignement sur les cadres réglementaires (RGPD, HIPAA, CCPA) tout en assurant la mise à l’échelle nécessaire aux déploiements en centre de données.























