La Mission French Tech a officialisé la nouvelle promotion du programme French Tech 2030, réunissant 80 jeunes pousses à fort impact industriel, technologique ou stratégique. Issues de filières sensibles comme l’intelligence artificielle, la cybersécurité, la robotique ou les semiconducteurs, ces entreprises concentrent les ambitions françaises en matière de souveraineté, de réindustrialisation et d’exportation de technologies critiques.
La sélection a été dévoilée par Roland Lescure, ministre de l’Économie, et Anne Le Hénanff, ministre déléguée à l’Intelligence artificielle et au Numérique, en présence de Christel Heydemann, PDG d’Orange et marraine de cette nouvelle promotion. L’initiative French Tech 2030 a pour but d’accompagner les startups les plus prometteuses dans leur passage à l’échelle, en mettant à leur disposition un accompagnement public renforcé sur le financement, le recrutement, les débouchés internationaux et la levée des freins réglementaires. En parallèle du label Next40/120 dédié aux futures licornes du numérique, le dispositif 2030 cible les innovations de rupture dans des secteurs d’intérêt national et européen.
Cette nouvelle cohorte se distingue par la maturité technologique de ses membres et leur ancrage dans les dynamiques de résilience industrielle. Elle confirme la capacité de la France à faire émerger des champions technologiques sur des filières à très fort enjeu. Au total, les 80 entreprises ont levé 1,1 milliard d’euros, déposé 353 brevets, investi 130 millions d’euros en R&D sur la seule année 2024, et donné naissance à 45 usines (18 déjà actives, 27 en cours de construction), marquant une progression tangible vers la souveraineté économique.
Une dynamique économique et géographique déjà bien ancrée
La diversité des domaines couverts illustre la stratégie de montée en gamme de l’écosystème. Synapse Medicine développe un assistant médical IA certifié, MedGPT, pour assister les professionnels de santé. Welinq rend interopérables les traitements informatiques classiques et quantiques. Glimps déploie une technologie de détection de maliciels dopée à l’IA. Cailabs fournit des solutions de communications laser pour les satellites. Diamfab conçoit des semi-conducteurs en diamant pour les environnements extrêmes. Quant à Shark Robotics, elle équipe les services d’urgence de robots d’intervention capables d’évoluer dans des environnements extrêmes, comme lors de l’incendie de Notre-Dame.
Ces réussites témoignent d’un changement d’échelle : nombre d’entre elles ont émergé de laboratoires publics ou de coopérations avec des établissements d’enseignement supérieur, et disposent déjà de premiers clients industriels. Leur sélection dans la French Tech 2030 agit comme un catalyseur de légitimité dans les marchés publics et les filières export. Le programme valorise ainsi une chaîne complète, allant de la recherche jusqu’à la première industrialisation, avec un accent porté sur les usages concrets dans la santé, la défense, l’énergie, les transports ou la transition écologique.
À elles seules, les entreprises de cette nouvelle cohorte emploient près de 3 200 personnes sur le territoire national. La Mission French Tech anticipe une croissance de 45 % des effectifs en 2025. Près de 40 % de ces startups sont situées en dehors de l’Île-de-France, démontrant le rôle structurant du programme dans les écosystèmes régionaux. Cette déconcentration géographique conforte la logique d’un maillage industriel équilibré, au plus près des besoins sectoriels et des ressources locales.
Des ambitions clairement tournées vers l’international
Sur le plan financier, leur trajectoire est déjà solide. Les startups sélectionnées ont levé ensemble plus de 1,1 milliard d’euros et généré 188 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2024. Au-delà des montants, c’est la diversité des investisseurs qui retient l’attention, combinant fonds spécialisés, family offices, industriels et financements européens. Ce profil hybride reflète une maturité croissante des projets technologiques français et une capacité à combiner ambition commerciale, excellence scientifique et crédibilité réglementaire.
Trois entreprises sur quatre de la promotion réalisent déjà une partie significative de leur activité à l’étranger. Plus de la moitié ont ouvert des filiales ou des représentations locales. La cartographie de leur présence mondiale est révélatrice de leur projection stratégique : 55 % sont actives en Europe, 51 % en Amérique du Nord, 26 % en Asie, 20 % au Moyen-Orient. L’Afrique (11 %) et l’Océanie (5 %) sont également représentées, avec une percée plus modeste en Amérique du Sud (4 %).
Les priorités d’expansion confirment cette tendance. Soixante-six startups ciblent une implantation renforcée en Amérique du Nord, 71 en Europe, 63 en Asie. Dix marchés prioritaires ont été identifiés collectivement par les lauréats : les États-Unis, l’Allemagne, le Royaume-Uni, le Japon, l’Italie, les Émirats arabes unis, le Canada, la Corée du Sud, la Belgique et l’Espagne. Cette stratégie d’ancrage international repose sur des partenariats industriels, des dispositifs de diplomatie économique, et un alignement progressif sur les standards globaux de cybersécurité, d’IA et d’interopérabilité logicielle.
Un levier d’action publique et d’influence réglementaire
Le programme French Tech 2030 ne se limite pas à un rôle de vitrine. Il permet également aux pouvoirs publics de mieux identifier les obstacles juridiques, les besoins de normalisation et les freins sectoriels qui ralentissent l’adoption des technologies de rupture. En structurant un retour terrain permanent avec les lauréats, la Mission French Tech alimente l’évolution des politiques d’innovation, des dispositifs de soutien à l’export, et des référentiels réglementaires dans des domaines aussi sensibles que l’IA, le quantique ou les biotechnologies.
Cette fonction de capteur stratégique fait du programme un outil de régulation anticipée, au plus près des enjeux industriels réels. Elle complète les autres volets de la Mission, notamment le programme Next40/120 (licornes en devenir), Tremplin (accès aux publics sous-représentés) ou le dispositif « Je choisis la French Tech », qui incite les administrations et les grands comptes à privilégier des solutions locales. À l’heure où l’Europe renforce ses instruments de souveraineté numérique, le programme 2030 contribue à positionner la France comme une force de proposition crédible, outillée et connectée.

























































