La Chine impose l’exclusion des puces étrangères dans les centres de données financés par l’État, durcissant sa politique d’autonomie technologique. Nvidia, Intel et AMD sont évincés des nouveaux projets, au profit d’acteurs nationaux comme Huawei ou Cambricon.

La stratégie d’autosuffisance technologique de la Chine franchit une nouvelle étape. Selon les informations recueillies par l’agence Reuters, les autorités chinoises ont ordonné aux centres de données financés par l’État d’exclure désormais toute puce d’intelligence artificielle conçue à l’étranger. Cette directive s’applique à l’ensemble des projets dont l’avancement est inférieur à 30 %, avec injonction de retirer les composants concernés ou d’annuler les commandes en cours.

Les chantiers plus avancés seront soumis à une évaluation au cas par cas. Cette décision, bien que non rendue publique, a été transmise aux principaux opérateurs publics sous forme d’instruction gouvernementale. Elle marque une volonté claire de recentrage sur des solutions nationales, en contournant les sanctions technologiques américaines et en sécurisant les chaînes de valeur critiques.

Une éviction brutale pour les leaders étrangers

Cette mesure pourrait avoir un effet radical sur la répartition du marché des puces IA en Chine. Nvidia, longtemps dominateur avec plus de 90 % des parts de marché pour les accélérateurs IA, se voit exclu des infrastructures publiques. Huawei, Cambricon, MetaX ou encore Moore Threads deviennent les bénéficiaires directs de ce réajustement stratégique. Toutefois, cette substitution ne se fait pas sans contrepartie : les systèmes logiciels, les bibliothèques de développement et les outils d’orchestration associés aux puces étrangères sont profondément ancrés dans les pratiques des développeurs et opérateurs.

Leur remplacement exigera un effort de compatibilité, de formation et d’optimisation, susceptible de ralentir certains déploiements. Cette interdiction risque aussi de renforcer la fragmentation technologique mondiale, chaque bloc consolidant sa filière souveraine au détriment des échanges internationaux et de l’interopérabilité. Pour les industriels européens, cette évolution constitue à la fois un signal d’alerte sur les risques géopolitiques et une opportunité de redéfinir les partenariats technologiques hors des zones sous contrainte extrême.

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