Même après soixante ans d’existence, une part considérable de l’économie mondiale continue de reposer sur le mainframe et ce, malgré la progression des technologies dites « cloud native », c’est-à-dire conçues pour fonctionner dans le cloud. Cela se vérifie notamment dans les grandes entreprises des secteurs fortement réglementés comme la banque, l’assurance ou la santé. Cette tendance est par ailleurs confirmée par IBM, qui révèle que 71 % des entreprises du Fortune 500 utilisent des systèmes mainframe, et le marché devrait encore croître dans les années à venir.

L’enjeu pour les directions IT est donc d’adapter leurs infrastructures, y compris celles reposant sur le mainframe, afin de rester compétitives. D’ailleurs, Gartner prévoit une hausse de 9,8 % des dépenses IT mondiales en 2025, les systèmes de data centers représentant la part la plus importante. À mesure que la modernisation s’impose dans les discussions stratégiques, il devient crucial d’évaluer avec justesse le rôle du mainframe. Or, choisir de rester sur cette plateforme, plutôt que de migrer totalement ou partiellement vers le cloud, n’exclut en rien l’innovation. Au contraire, si bien menée, la modernisation sur le mainframe ouvre la voie à des avancées significatives, à une meilleure maîtrise des risques et à des économies substantielles.

Le mainframe, un pilier discret mais stratégique

Souvent perçu comme un système vieillissant, le mainframe reste pourtant un acteur clé de la performance numérique. Conçu pour traiter d’importants volumes de transactions et de données, il concentre souvent des informations déterminantes, essentielles à la performance opérationnelle des entreprises et à leur capacité d’innover face à la concurrence. Sa sécurité en fait un choix privilégié pour les activités stratégiques, tandis que sa fiabilité et sa rentabilité demeurent inégalées, y compris dans des environnements IT hybrides de plus en plus complexes.

Ces qualités structurelles justifient pleinement qu’il soit au cœur des stratégies de modernisation : qu’il s’agisse de le moderniser directement, de l’intégrer à une approche cloud hybride ou d’envisager la migration de certains workloads.

L’accès aux données du mainframe pour l’IA et l’analytique

Malgré sa réputation de système cloisonné au cœur des datacenters, le mainframe s’intègre en réalité aux technologies les plus modernes, s’adaptant aux besoins du marché et permettant aux organisations de bâtir sur des décennies de logique métier éprouvée tout en gagnant en agilité et en innovation. Cette ouverture est particulièrement précieuse pour celles qui cherchent à déployer des solutions d’intelligence artificielle ou d’analyse en temps réel.

Ainsi, l’efficacité de l’IA et de l’analytique avancée dépend de la qualité et de la profondeur des données traitées et, à ce titre, les ensembles historiques stockés sur mainframe représentent une ressource unique. Ces données transactionnelles et opérationnelles offrent un contexte indispensable, permettant aux modèles d’IA de repérer des tendances de long terme, de renforcer leur robustesse et de produire des analyses moins biaisées, donc plus fiables.

Par conséquent, le mainframe doit être envisagé comme un référentiel stratégique de données capable de renforcer les initiatives modernes d’IA et d’analytique. Cela garantit une intelligence d’entreprise fidèle à la réalité, tout en soutenant un véritable avantage concurrentiel, dans un monde piloté par la donnée.

Sécurité et conformité en évolution

Si le mainframe reste intrinsèquement sûr, il n’est pas pour autant à l’abri des menaces extérieures ou internes. Heureusement, il s’agit d’un environnement hautement adaptable, permettant une amélioration continue de la sécurité : accès hôte sécurisé, authentification multifacteur, analyse des vulnérabilités du code, autant de dispositifs qui protègent la plateforme, ses applications et ses données.

À mesure que les systèmes deviennent plus interconnectés, les risques spécifiques au mainframe, tels que l’abus de privilèges, l’exploitation d’API ou les ransomwares hybrides, exigent une attention particulière, d’autant que les obligations de conformité se durcissent à travers les secteurs et les juridictions.

D’après nos recherches, 41 % des dirigeants IT considèrent d’ailleurs la sécurité et la conformité comme leurs priorités absolues dans les projets de modernisation. Du règlement DORA à l’AI Act européen, ces deux piliers structurent désormais toute transformation technologique, et le mainframe en constitue souvent le centre de gravité, parfois sans que les entreprises en aient pleinement conscience.

Pouvoir innover tout en restant conforme et sécurisé est essentiel. La stabilité d’un mainframe modernisé devient un atout majeur de cyber-résilience, garantissant la protection des systèmes, des données et des applications les plus sensibles.

Les perspectives du cloud hybride

Les systèmes mainframe n’ont cessé d’évoluer. Ils forment aujourd’hui un écosystème idéal pour l’intégration avec les technologies émergentes, notamment l’open source et le cloud hybride. Ces stratégies hybrides permettent aux entreprises d’accélérer leur modernisation en s’appuyant sur la fiabilité et la performance du mainframe plutôt qu’en l’abandonnant.

Par ailleurs, contrairement à une idée reçue, le coût total de possession (Total Cost of Ownership, TCO) du mainframe est souvent inférieur à celui d’autres systèmes, grâce à son architecture centralisée qui optimise les ressources et limite la consommation énergétique.

Dans cette logique, le modèle hybride, souvent décrit comme le meilleur des deux mondes, associe mainframe et cloud pour permettre une modernisation progressive. Les données et les workloads peuvent alors circuler librement selon les besoins, garantissant à la fois continuité et innovation.

Vers une modernisation continue

L’objectif de toute modernisation n’est pas de tout remplacer, mais d’améliorer ce qui fonctionne déjà. C’est une suite de choix stratégiques guidés par les besoins métier, les exigences de conformité et la gestion des risques. Les entreprises doivent faire évoluer leurs capacités au rythme du marché, sans renoncer pour autant à des décennies d’investissement dans leurs systèmes mainframe pour adopter les nouvelles technologies.

Un projet se clôt, mais l’innovation, elle, ne s’arrête jamais. Les organisations capables de faire évoluer leurs infrastructures avec discernement sont celles qui verront, à long terme, la réussite et le véritable retour sur investissement de leurs efforts IT.

Par Mike Siemasz, Director, Solution and Customer Marketing, Rocket Software

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