« Vers l’infini et au-delà », pourrait-on penser lorsqu’il s’agit du volume de données générées par l’intelligence artificielle. Cette impression de gigantisme se heurte néanmoins à une réalité beaucoup plus triviale : les capacités de stockage ne sont pas infinies, et leur anticipation devient un impératif stratégique.

Anticiper les besoins de demain

En 2025, les capacités de stockage de données s’élèveront à 180 Zo, selon l’organisation Statista. Cette croissance exponentielle, alimentée par l'IA générative, les dispositifs IoT et l'expansion du cloud, transforme fondamentalement les exigences en matière de stockage de données.

Anticiper est indispensable, car déployer des solutions de stockage haute capacité exige des cycles de fabrication longs, parfois supérieurs à un an pour certaines configurations spécialisées. Dans un contexte de forte demande, ignorer ce paramètre expose les entreprises à des goulets d’étranglement technologiques.

Pour répondre à ces défis, les fabricants innovent avec des technologies comme le HAMR (Heat-Assisted Magnetic Recording). Elle permet d’augmenter la densité surfacique des disques et de stocker plusieurs dizaines de téraoctets supplémentaires sur un seul appareil. Les 36 To sont déjà disponibles, et l’horizon des 50 To se rapproche rapidement. Pour les centres de données, c’est la possibilité de traiter et conserver davantage d’informations au sein d’un même espace physique, tout en améliorant la rentabilité, l’efficacité énergétique et la durabilité.

Stockage et confiance : un lien indissociable

À l’ère de l’IA, la confiance n’est pas un concept abstrait : elle se construit concrètement à travers la gestion des données. Les « points de contrôle », ces sauvegardes régulières réalisées pendant l’entraînement des modèles, en sont un exemple décisif. Ils offrent une photographie fidèle du modèle à un instant donné, permettant aux développeurs de corriger les biais ou d’éviter des dérives détectées en cours de route.

Mais assurer ces sauvegardes requiert des capacités de stockage massives et une architecture hybride optimisée. Les SSD, rapides et adaptés aux écritures fréquentes, prennent en charge l’entraînement actif des modèles. En parallèle, les disques durs haute capacité assurent une conservation durable des points critiques, évitant l’usure prématurée des SSD et garantissant la continuité des données.

Cette combinaison est bien plus qu’un choix technique : elle est la condition d’une IA transparente et fiable. Sans l’appui d’un stockage robuste couvrant l’ensemble des données – des sources initiales aux versions intermédiaires – l’intelligence artificielle risque de n’être qu’un « boîte noire » imprévisible, produisant des résultats approximatifs.

Il est temps de reconnaître que le stockage, souvent perçu comme une contrainte technique, est en réalité une clé stratégique de l’IA de confiance. C’est l’un des maillons invisibles mais essentiels qui garantissent la fiabilité, la transparence et la sécurité des systèmes intelligents.

En somme, anticiper ses besoins de stockage n’est pas une option, mais une condition sine qua non pour construire des IA responsables, éthiques et pérennes. Ne pas agir aujourd’hui, c’est laisser demain se bâtir sur une base instable.

Par Philippe Vaillant - ingénieur commercial pour les solutions et services LYVE chez Seagate Technology

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