Alors que les géants de la tech, à l’image de Microsoft, Google ou Meta, accélèrent leur transition vers des options d’authentification sans mot de passe, une grande partie des professionnels continue pourtant de s’appuyer sur ces mots de passe traditionnels pour accéder à leurs comptes en ligne. Cette méthode d’authentification peu sécurisée, ancrée dans les habitudes depuis la création d’Internet, persiste malgré leur vulnérabilité face à des cyberattaques de plus en plus sophistiquées et accrues avec l’intelligence artificielle (IA). Une étude menée par Cybernews révèle ainsi une crise de la réutilisation de mots de passe faibles : les combinaisons élémentaires comme « 123456 » demeurent omniprésentes, et pas moins de 94 % des mots de passe sont réutilisés ou dupliqués, selon les données divulguées pour la période 2024-2025. Ces chiffres confirment que le mot de passe est devenu l’un des maillons les plus fragiles de la sécurité numérique mondiale.
Dans ce contexte, les entreprises savent aujourd’hui que la question n’est plus de savoir si mais plutôt quand elles seront victimes d’une cyberattaque. Les pratiques évoluent, les stratégies de cybersécurité se renforcent, mais il y a encore à faire pour combler les lacunes. Les cyber-risques sont connus, documentés et chiffrés, mais la prise de décision des entreprises reste parfois freinée par une idée reçue : « cela n’arrive qu’aux autres ». Pourtant, au-delà de la protection purement technique, la sécurité moderne telle que l’authentification multi-facteur (MFA) peut être envisagée comme un levier de performance. Les décideurs qui hésitent à investir dans ces solutions oublient souvent qu’une authentification plus fluide et plus sûre n’est pas seulement un rempart contre les menaces, c’est aussi un moteur de productivité et de croissance. Les gains potentiels en efficacité, la réduction des coûts cachés et l’amélioration de l’expérience utilisateur peuvent ainsi constituer des déclencheurs bien plus tangibles pour franchir le cap.
Une meilleure expérience utilisateur pour une productivité accrue
Pour les collaborateurs, se connecter à leurs comptes en ligne est un geste quotidien, mais souvent source de frustration. Entre les exigences de complexité des mots de passe, leur renouvellement fréquent, et la multiplication des identifiants pour chaque application, les interruptions et pertes de temps s'accumulent. La MFA moderne, qu’elle repose sur la biométrie ou sur une clé de sécurité physique de type passkey, simplifie radicalement ce processus ; plus besoin de retenir une suite complexe de caractères, un simple toucher ou une empreinte digitale suffit.
Cette transformation n’est pas un luxe technologique réservé à quelques entreprises innovantes. Elle peut, dès aujourd’hui, être déployée à grande échelle, avec des bénéfices immédiats sur la fluidité du travail. Ainsi, elle réduit non seulement les frictions dans le travail, mais améliore aussi la satisfaction et la fidélisation des utilisateur. Elle favorise également un taux d’inscription plus élevé pour les nouveaux entrants car l’expérience utilisateur est plus intuitive.
Une responsabilité en moins pour les services informatiques
La disparition du mot de passe représente aussi un allègement considérable pour les services informatiques. La réinitialisation d’identifiants figure parmi les demandes les plus fréquentes et les plus coûteuses à gérer. En optant pour une authentification sans mot de passe, les équipes IT se libèrent de cette contrainte récurrente, gagnent en efficacité et peuvent se concentrer sur des missions stratégiques à plus forte valeur ajoutée. Pour certaines entreprises, cela représente l’équivalent de centaines d’heures de support économisées chaque année, un temps précieux réinvesti dans l’innovation et l’optimisation des services. Le temps économisé se traduit directement par une amélioration de la productivité globale et de la qualité de service.
Un gain économique non négligeable
Sur le plan économique, l’impact est loin d’être négligeable. Dans les grandes structures, la suppression des mots de passe peut représenter plusieurs dizaines de milliers d’euros économisés chaque année. Les coûts liés aux mots de passe à usage unique (OTPs) par SMS disparaissent, tout comme une grande partie des frais de récupération de compte. Les passkeys, compatibles avec les évolutions technologiques à venir, limitent également les dépenses futures liées aux migrations. Elles aident en outre les organisations à se conformer aux réglementations comme NIS2 ou le RGPD, qui imposent des méthodes d’authentification fortes, évitant ainsi amendes et sanctions. Enfin, elles constituent un rempart efficace contre des menaces telles que le phishing ou le credential stuffing, contribuant à réduire significativement le risque financier associé à ces attaques. En d’autres termes, la suppression des mots de passe ne se résume pas à fermer une porte d’entrée aux cybercriminels, elle ouvre également une voie vers une entreprise plus agile, plus compétitive et mieux armée pour l’avenir.
Dans un environnement numérique où la menace est permanente, repenser l’authentification n’est plus seulement une question de cybersécurité. C’est un choix stratégique qui engage la réputation, la performance et même la capacité d’innovation d’une organisation. Ceux qui franchiront le pas aujourd’hui seront les mieux placés pour affronter le paysage numérique de demain.
Par Fabrice de Vésian, Sales Director South EMEA et France chez Yubico