La Ligue majeure de baseball (MLB) intégrera en 2026 un système d’arbitrage automatisé s’appuyant sur des capteurs et une IA embarquée. L’annonce marque une étape décisive dans l’industrialisation des technologies d’aide à la décision dans le sport professionnel.

L’arbitre assisté par l’intelligence artificielle n’est plus une fiction. La MLB a confirmé que le système ABS (Automated Ball-Strike) serait déployé dans les stades dès la saison 2026, dans le cadre d’un arbitrage hybride mêlant décision humaine et validation automatisée. Concrètement, les lanceurs, frappeurs et receveurs disposeront d’un nombre limité de "défis" pour contester une décision. Lorsqu’un défi est activé, un système d’arbitrage automatisé — basé sur des caméras optiques haute fréquence et des algorithmes de reconnaissance spatiale — tranchera instantanément l’appel.

Le système ABS repose sur une infrastructure composée de capteurs placés autour du terrain, capables de saisir en temps réel la position exacte de la balle lors de son passage dans la zone de frappe. Ces données sont croisées avec des modèles géométriques personnalisés selon la morphologie du batteur. L’analyse est ensuite traitée par un algorithme de classification entraîné à distinguer balles et prises selon les règles officielles.

Contrairement à une automatisation totale, la MLB retient une approche intermédiaire : le système d’arbitrage automatique n’intervient qu’en cas de contestation explicite, laissant une place à l’arbitre central pour juger la plupart des actions. Ce compromis technique limite les ruptures de rythme tout en renforçant la transparence des décisions sur les phases contestées.

Vers une standardisation des arbitrages assistés

Ce dispositif n’est pas sans précédent. Le tennis professionnel s’appuie depuis plusieurs années sur des technologies similaires (Hawk-Eye), tout comme certaines compétitions de football assistées par la VAR. Mais la MLB franchit ici une nouvelle étape en intégrant directement un système d’IA dans la chaîne de décision. À la différence des relectures vidéo, l’arbitrage automatisé repose sur une détection instantanée, indépendante de l’humain, avec un niveau de précision inférieur à cinq millimètres.

Cette intégration pose des questions sur la gouvernance des règles, la certification des algorithmes et la fiabilité des capteurs dans des conditions variables (pluie, lumière artificielle, interférences optiques). Le contrat prévoit une standardisation complète des équipements dans les stades participants, avec un encadrement technique piloté par la MLB et ses prestataires.

Un marché émergent pour l’IA sportive

Au-delà de l’innovation symbolique, cette évolution révèle un marché en expansion pour les technologies de vision industrielle, de calcul embarqué et de traitement du signal dans les événements sportifs. Des entreprises spécialisées, à l’instar de TrackMan ou Hawk-Eye Innovations, développent déjà des solutions à la frontière entre arbitrage, analyse de performance et enrichissement des contenus destinés aux diffuseurs.

La standardisation des données de jeu ouvre aussi la voie à de nouvelles applications : valorisation des statistiques pour les clubs et les ligues, mise en conformité réglementaire, monétisation des flux de données, ou encore création de contenus augmentés pour les retransmissions. À terme, cette convergence entre sport, capteurs intelligents et IA pourrait redéfinir la relation entre décision, spectacle et engagement du public.

Vers un arbitrage hybride dans d’autres disciplines

La MLB devient ainsi un laboratoire à grande échelle pour les technologies d’arbitrage automatisé. D’autres disciplines pourraient suivre, à commencer par le cricket, le volley-ball ou le football américain. Dans un contexte où les enjeux financiers et médiatiques s’intensifient, la promesse d’un arbitrage plus objectif, traçable et vérifiable séduit les instances sportives comme les sponsors.

Reste à convaincre les acteurs historiques : joueurs, entraîneurs, arbitres et spectateurs. Car si l’automatisation gagne en légitimité technique, elle bouscule une certaine conception du jeu — où l’incertitude humaine faisait partie du spectacle. L’arbitre de demain ne sera vraisemblablement pas remplacé, mais assisté, encadré, et potentiellement corrigé par la machine — en attendant celui d’après-demain, voire d’après après-demain, qui fonctionnera peut-être sur batteries.