Le gouvernement français active un nouveau levier de financement pour soutenir l’innovation de rupture en intelligence artificielle. Baptisé « Pionniers de l’IA », ce dispositif vise des projets à fort impact dans des secteurs clés de la souveraineté technologique, avec une montée en charge en trois phases opérée par l’Inria et Bpifrance.

Dans le prolongement du plan France 2030 et de la stratégie nationale pour l’intelligence artificielle lancée en 2018, l’État français ouvre un nouvel appel à projets destiné à soutenir l’émergence de technologies IA stratégiques. Porté par le Secrétariat général pour l’investissement, la Direction générale des Entreprises, la Direction générale de la recherche et de l’innovation et le Commissariat général au développement durable, ce programme cible des innovations de rupture, identifiées comme déterminantes pour la souveraineté technologique, la compétitivité économique et la transition écologique du pays.

Ce nouveau guichet baptisé « Pionniers de l’intelligence artificielle » entend accélérer le passage à l’échelle de technologies IA en cours de maturation. L’accent est mis sur les architectures de modèles avancés, les nouvelles méthodes d’entraînement, ou encore l’intégration de l’IA dans des systèmes complexes, en particulier dans la robotique, l’industrie ou les systèmes cyberphysiques. Les projets pourront être portés par des entreprises, des laboratoires ou des consortiums, avec un accent sur les cas d’usage dans les domaines industriels, énergétiques, biomédicaux, cybersécuritaires ou environnementaux.

Une trajectoire d’accélération par étapes, jusqu’au marché

Le programme repose sur une logique de montée en puissance par paliers, avec une sélection à chaque étape. La phase 1 permet de financer les études de faisabilité technique pour un montant compris entre 100 000 et 200 000 euros sur 6 à 12 mois. La phase 2 couvre le développement d’un démonstrateur à l’issue d’une première validation, avec des aides de 400 000 à 800 000 euros sur 6 à 18 mois. Enfin, la phase 3 cible explicitement l’industrialisation et la mise sur le marché de la solution, via un soutien compris entre 3 et 8 millions d’euros sur une période allant jusqu’à trois ans.

Chaque transition entre phases sera conditionnée par une évaluation technique réalisée par les opérateurs sur la base de résultats démontrés et de jalons atteints. Cette approche permet à l’État de concentrer ses financements sur les projets à plus fort potentiel, tout en réduisant les délais d’instruction et en favorisant une progression agile dans un paysage concurrentiel dominé par des géants technologiques.

Deux opérateurs, une logique d’intervention différenciée

Le pilotage opérationnel de ce dispositif est partagé entre deux entités : l’Agence de programmes dans le numérique portée par Inria prend en charge les projets amont, tandis que Bpifrance assure l’accompagnement dans les phases de développement et d’industrialisation. Les porteurs de projet seront orientés vers l’un ou l’autre des opérateurs selon la nature de la structure (publique ou privée) et le degré de maturité du projet. Les consortiums intégrant des partenaires européens sont explicitement éligibles, avec la possibilité d’un cofinancement par la fondation Current AI, annoncée lors du Sommet pour l’action sur l’IA en février 2025.

Le dossier de candidature, accessible en ligne, doit être soumis avant la première date de relève fixée au 5 novembre 2025. Le cahier des charges complet détaille les critères d’éligibilité, les modalités de financement, les engagements attendus, ainsi que les articulations possibles avec d’autres dispositifs du plan France 2030. Cette initiative complète les défis « Convergence IA » et participe à structurer un écosystème national capable de rivaliser sur la scène mondiale.