Progress Software dévoile une solution SaaS de génération augmentée par récupération (RAG), conçue pour rendre l’IA générative exploitable, traçable et abordable pour toutes les entreprises. Cette annonce s’appuie sur le rachat de Nuclia et marque une incursion stratégique dans le domaine des agents IA.
À mesure que les entreprises cherchent à industrialiser l’usage de l’IA générative, la fiabilité des réponses et l’exploitation de leurs propres données deviennent des enjeux déterminants. Le modèle RAG (Retrieval-Augmented Generation), qui consiste à enrichir les réponses d’un modèle de langage par des données métiers contextualisées, s’impose peu à peu comme une architecture de référence. Mais sa mise en œuvre reste encore complexe, souvent réservée aux organisations les mieux dotées en ressources techniques et en ingénierie de données.
Progress Software entend changer la donne avec sa nouvelle plateforme Progress Agentic RAG. Conçue comme un service SaaS complet et prêt à l’emploi, la solution s’adresse à des entreprises de toutes tailles désireuses d’exploiter leurs données non structurées, courriels, documents, vidéos, audio, sans expertise préalable en IA. Cette annonce survient à la suite de l’intégration de Nuclia, une jeune pousse spécialisée dans les bases vectorielles et la recherche multimodale, rachetée discrètement par Progress plus tôt cette année.
Un pipeline RAG no-code pour agents intelligents
La plateforme s’appuie sur une combinaison de composants clés : un pipeline d’ingestion et d’indexation no-code, une base vectorielle propriétaire (NucliaDB), un moteur de recherche sémantique multilingue, et une compatibilité multimodèle (OpenAI, Mistral, Claude…). Mais son originalité réside surtout dans l’intégration native aux logiques agentiques. Progress revendique en effet être le premier fournisseur à proposer une plateforme RAG spécifiquement pensée pour l’orchestration d’agents IA en entreprise, capables d’ingérer, d’interroger, de résumer ou d’agir sur des corpus hétérogènes en toute transparence.
Chaque agent bénéficie d’un socle de vérifiabilité grâce aux mécanismes de traçabilité intégrés (REMi) et peut être déployé sans codage via des connecteurs standards. L’architecture est également optimisée pour des usages temps réel sur données sensibles, un point clé pour les directions juridiques, les fonctions support ou la capitalisation des savoirs internes. Patrick Garcia, directeur digital de SRS Distribution, témoigne d’un gain de productivité significatif : « Sa capacité à fournir des informations rapides, précises et vérifiables a révolutionné la prise de décision ».
Une offre orientée usages métier et cycles courts
Progress ne se limite pas à un argument technologique. La plateforme cible directement les cas d’usage à fort retour sur investissement : recommandation produit assistée par IA pour les équipes commerciales, réponses optimisées pour les centres de support, recherche documentaire pour les services juridiques, intégration accélérée des collaborateurs via des guides dynamiques, ou encore consultation sécurisée de documents réglementaires. Chaque flux peut être automatisé ou encapsulé dans un agent spécialisé, avec des options de personnalisation selon les processus métier.
Le modèle économique suit cette logique d’accessibilité : à partir de 700 dollars par mois, la solution est proposée en libre-service sur AWS Marketplace, sans engagement d’infrastructure. Progress vise ainsi autant les équipes métiers autonomes que les départements IT en quête de déploiements rapides. Pour IDC, cette approche pourrait accélérer l’adoption de l’IA dans des structures encore peu outillées : « Des solutions économiques comme Progress Agentic RAG, conçues pour un déploiement simplifié, peuvent aider les entreprises à optimiser leur productivité et leur innovation », analyse Amy Machado, analyste chez IDC.
Concurrence, souveraineté et leviers d’adoption
Avec cette initiative, Progress vient concurrencer frontalement les approches plus techniques proposées par des acteurs comme Pinecone, Weaviate ou Milvus, tout en se positionnant en alternative plus intuitive aux solutions verticalisées des grands hyperscalers (Amazon Bedrock, Azure AI Studio…). Le recours à une base vectorielle propriétaire (NucliaDB) pourrait aussi séduire les clients attentifs à la gouvernance des données et à la traçabilité des traitements, dans un contexte réglementaire de plus en plus exigeant.
Reste à savoir si cette approche agentique packagée saura convaincre les DSI et directions métiers au-delà des premiers cas d’usage. Le succès de la plateforme dépendra en grande partie de sa capacité à fédérer un écosystème d’intégrateurs, à démontrer une robustesse opérationnelle à grande échelle, et à convaincre sur les aspects de sécurité et de confidentialité. L’intégration à des environnements de confiance ou des clouds de proximité pourrait à terme devenir un levier supplémentaire d’adoption, notamment en Europe.