Apparues sous la forme d’un mouvement au sein de la communauté des développeurs, les plateformes Low-Code/No Code (LCNC) existent en fait depuis plusieurs décennies. Dans les années 80 et 90, elles étaient en effet utilisées sous diverses appellations : langage de programmation de quatrième génération » (4GL), ingénierie logicielle assistée par ordinateur (CASE — Computer Assisted Software Engineering) et autres outils de développement rapide d’applications (RAD — Rapid Application Development). Selon le cabinet d’études Forrester, les plateformes « Low Code » ou « No Code »permettent de développer des applications jusqu’à 10 fois plus rapidement qu’en utilisant les méthodes traditionnelles. Mais pour certaines entreprises, ce n’est pas suffisant.

Prenons un exemple : depuis plus d’un an, la pandémie de Covid-19 oblige les entreprises à créer à la hâte des expériences en ligne en remplacement des expériences physiques et ce, malgré la pénurie de développeurs expérimentés et la réduction des budgets informatiques. À l’heure où les entreprises mettent tout en œuvre pour gagner en agilité et préserver leur capacité d’innovation, l’approche Low Code/No Code apporte une solution séduisante qui fait tomber les barrières entre les idées et les solutions en répondant aux exigences de développement d’applications rapide et en démocratisant l’innovation.

Comment les entreprises utilisent-elles les plateformes Low Code/No Code ?

La mise en œuvre de l’approche LCNC dépasse le cadre de la simple théorie et nombre d’entreprises l’utilisent pour générer une valeur ajoutée bien réelle. Selon des prévisions du cabinet Gartner, plus de 50 % des moyennes et grandes entreprises adopteront une plateforme LCNC d’ici 2023dans le cadre de leur stratégie informatique globale.

Ainsi, le bientôt centenaire magazine Time s’est attaqué aux processus manuels et répétitifs qui caractérisaient le processus de gestion des fournisseurs, allongeant les cycles de paiement et pénalisant les activités de planification. À l’aide d’une série d’applications Low Code/No Code automatisées, la vénérable institution est parvenue à réduire le cycle de règlement des factures de plusieurs mois à quelques jours tout en rationalisant les échanges avec ses fournisseurs.

Troisième exemple, le groupe Suez, géant mondial de la gestion de l’eau, de l’électricité et des déchets, a remplacé les ventes en porte-à-porte en développant son portail de commerce électronique au moyen de solutions Low Code/No-Code dans le but d’offrir à ses clients davantage d’options de libre-service. Dès les trois premiers mois, le projet a généré près de 700 000 dollars en nouveaux contrats, tout en réduisant de 20 %le coût d’acquisition des clients.

Pendant la pandémie, les demandes d’aide au logement d’urgence enregistrées par la ville de San Antonio (Texas) sont passées de quelques dizaines à plusieurs milliers de dossiers par semaine. Géré manuellement, le processus existant ne permettait pas de suivre le rythme. En optant pour une plateforme Low-Code/No Code, la ville texane a numérisé le processus de A à Z. Alors qu’une approche traditionnelle aurait nécessité plusieurs mois, la plateforme LCNC a permis de réaliser une preuve de concept en huit jours et de lancer le nouveau programme en deux semaines avec le concours d’une équipe formée de seulement deux développeurs. Résultat, les résidents peuvent à présent solliciter une aide d’urgence et soumettre les documents requis à partir de leur PC de bureau ou d’un terminal mobile.

Ces quelques exemples montrent comment les plateformes Low Code/No Code aident les entreprises de tous horizons à former des équipes plus agiles, à livrer des produits viables en quelques heures au lieu de plusieurs semaines, et à lancer une application en l’espace de quelques jours et non plusieurs mois. Fortes de cette nouvelle option, les entreprises peuvent s’adapter plus facilement à une situation nouvelle et déployer plus rapidement les capacités demandées. En outre, la possibilité d’être présentes sur le marché avant leurs concurrents leur permet d’accroître leur chiffre d’affaires, de se différencier et de prendre de l’avance au lieu de s’évertuer à rattraper leur retard.

Écueils potentiels de l’approche Low Code/No Code

Mais avant d’intégrer des options Low Code/No Code à leur écosystème, les entreprises doivent tenir compte de certains facteurs qui contribueront à l’efficacité des protocoles mis en place :

1Gouvernance et sécurité

Si les plateformes Low Code/No Code accélèrent le développement d’applications, elles peuvent également accroître la complexité IT si elles ne sont pas administrées efficacement. Les systèmes composés de plusieurs éléments hétérogènes s’avèrent souvent difficiles à gérer, à sécuriser et à faire évoluer. En outre, il suffit qu’un groupe mette en œuvre une application qui échappe au contrôle du service informatique pour que l’entreprise soit tout entière exposée à des failles de sécurité, des erreurs de conformité ou des dépassements de budget.

C’est pourquoi les entreprises doivent à tout prix échapper à la prolifération des applications non administrées ; c’est également pourquoi il convient que ces plateformes soient intégrées à un cadre de gouvernance robuste de type ITIL, et qu’elles s’appuient sur une fonction de supervision de la sécurité, sur des principes de gestion du changement et sur une documentation complète.

2Attention aux conditions des éditeurs !

Dans la mesure où la plupart des entreprises sont dépendantes de la plateforme d’un éditeur, il importe de bien comprendre ce que recouvre l’offre : est-ce que l’entreprise peut accéder aux données ? En conserve-t-elle la maîtrise ?Le système s’appuie-t-il des standards ouverts, ou utilise-t-il des technologies propriétaires ?

Ces questions, ainsi que le degré d’intégration à des systèmes externes, sont autant de facteurs à prendre en compte pour conserver une certaine latitude par rapport à la plateforme de l’éditeur — une liberté indispensable pour agir rapidement et atteindre les objectifs métier.

3Personnalisation

Les éléments qui composent une plateforme LCNC sont conçus pour une « consommation de masse » ; en d’autres termes, peut-être sera-t-il nécessaire d’utiliser certains gabarits ou modules prédéfinis. Avant de se lancer, il convient de savoir que certains éditeurs proposent davantage d’options de personnalisation que d’autres. À ne pas oublier au moment de rechercher la perle rare !

Plus exigeant, plus féru de technologie numérique que jamais, le consommateur moderne attend aussi davantage d’agilité. Avec les plateformes Low Code/No Code, les entreprises disposent de nouveaux atouts pour créer des offres réellement uniques et novatrices qui amélioreront l’expérience et rationaliseront les opérations de leurs clients.

La véritable valeur de l’approche Low Code/No Code tient au fait que ce type de plateforme solidifie les fondations que la plupart des entreprises ont déjà construites. Elles facilitent en effet le développement et la livraison agiles de solutions hautement différenciées capables de relever des défis uniques — transformation numérique ou amélioration de l’expérience client —de façon rapide et avec un impact métier significatif. Cette approche est bien plus intéressante qu’un fastidieux processus de migration vers un progiciel de gestion intégré (ERP) ou la refonte d’une plateforme. Après des décennies de développement et d’affinement, les dorsales ERP sont aujourd’hui robustes et solides. Peut-être le moment est-il venu de tester une plateforme Low Code/No Code ?

Par Steven Salaets, DSI, DRH &Executive Vice President chez Rimini Street