
Le Cnam adopte la solution Video4XR pour renforcer ses dispositifs pédagogiques immersifs. En s’appuyant sur l’infrastructure de Prometheus-X, l’établissement place la gouvernance des données au cœur de ses pratiques d’analyse et d’évaluation. Une initiative emblématique de la convergence entre interopérabilité, éthique et innovation pédagogique.
À mesure que les formations professionnelles intègrent des scénarios réalistes et simulés, la réalité virtuelle ne se limite plus à une simple vitrine technologique. Elle devient un levier stratégique d’apprentissage actif, particulièrement prisé dans les domaines où la manipulation de gestes techniques, la sécurité ou la coordination jouent un rôle central. Pourtant, un paradoxe subsiste : si l’immersion favorise l’engagement cognitif, elle génère aussi une volumétrie massive de données sensibles, vidéos, comportements, temps de réaction, dont l’exploitation pédagogique reste souvent artisanale, voire opaque.
Le partenariat entre le Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) et Prometheus-X apporte une réponse structurée à cette problématique. En intégrant la solution Video4XR au sein de son infrastructure d’enseignement, le Cnam franchit un cap vers des pédagogies analytiques fondées sur les traces numériques des sessions VR. Video4XR est une solution développée par le Cnam, en collaboration avec les sociétés Mimbus, Widid et UbiCast, dans le cadre du Skills & Education Data Space orchestré par Prometheus‑X et opéré via VisionsTrust. Son objectif est d’analyser et de surveiller les sessions de formation en réalité virtuelle pour proposer une évaluation pédagogique immersive et personnalisée. L’ensemble repose sur le Skills & Education Data Space, un espace de données souverain conforme aux standards GAIA-X et IDSA. Ce choix architectural permet d’orchestrer les données de formation de manière interopérable, éthique et réutilisable, sans perte de contrôle pour les établissements.
Une chaîne de traitement pédagogique intégrée et souveraine
Le dispositif mis en œuvre au Cnam illustre une convergence technologique maîtrisée. Trois briques principales interagissent : les solutions immersives de Mimbus et Widid, qui captent et transmettent les séquences d’apprentissage, et la plateforme d’analyse UbiCast, qui les structure via des chapitres et des annotations. Ces contenus enrichis sont ensuite rendus accessibles depuis l’environnement pédagogique du Cnam, intégré à son système de gestion de l’apprentissage (LMS).
Cette chaîne de traitement permet aux enseignants d’annoter les actions des apprenants, de détecter les erreurs ou les zones de progression, et d’ajuster l’accompagnement. Les étudiants, quant à eux, peuvent revoir leurs gestes, recevoir un retour ciblé et affiner leur pratique. L’approche marque un glissement du score vers l’analyse contextuelle, et transforme la session immersive en un matériau exploitable pour la montée en compétences. Chaque geste technique devient une trace qualifiée, intégrée dans une logique de formation continue et individualisée.
Cas d’usage : simuler un accident pour observer les réactions
La pertinence du dispositif se mesure à l’aune de ses cas d’usage concrets. L’un des modules développés dans le cadre du projet CAP’VR porte sur la gestion d’une coupure légère dans un laboratoire. L’apprenant, confronté à la chute d’un bécher et à la présence de bris de verre, doit sécuriser la zone ou alerter les secours selon le scénario. L’intérêt pédagogique réside dans l’observation fine des réactions : le protocole est-il respecté ? Les bons réflexes sont-ils mobilisés ? Des réponses que seule une captation complète et annotée permet d’apporter.
Avec Video4XR, ces sessions deviennent rejouables, commentables, comparables. L’enseignant accède à un enregistrement chapitré, synchronisé avec les actions clés. Ce niveau de granularité dépasse les traditionnels rapports d’activité et ouvre la voie à un débriefing individualisé, à la fois plus riche et plus engageant. Il s’agit d’une étape vers l’objectivation des comportements en situation simulée, et d’un renforcement du lien entre formation et réflexes professionnels concrets.
Un espace de données conforme aux exigences européennes
Au cœur du projet se trouve l’architecture souveraine conçue par Prometheus-X. Celle-ci s’appuie sur des composants open source interopérables, dans le respect des spécifications de GAIA-X et de l’IDSA. L’infrastructure, opérée par VisionsTrust, permet une traçabilité fine des consentements, une gestion éthique des données pédagogiques et une mise en relation fluide avec d’autres fournisseurs de services ou de contenus compatibles. Elle garantit ainsi aux établissements un cadre pérenne pour construire des dispositifs évolutifs, auditables et maîtrisés.
Cette démarche s’inscrit dans une vision plus large : celle d’un espace européen des données éducatives, structuré autour de principes de souveraineté, de réutilisabilité et de transparence. Le projet du Cnam devient un démonstrateur opérationnel de ce que peut être une formation immersive conforme aux standards de l’Union européenne, sans compromis sur la sécurité ni sur l’innovation.
Vers une généralisation des pédagogies immersives fondées sur la donnée
L’initiative portée par le Cnam et Prometheus-X pourrait faire école. La structuration des données issues des sessions immersives ouvre la voie à une nouvelle génération d’outils d’analyse pédagogique, appuyés sur des infrastructures éthiques et duplicables. Ce modèle offre des perspectives concrètes de mutualisation, d’optimisation et d’enrichissement des pratiques de formation, que ce soit dans l’industrie, la santé, la logistique ou les sciences expérimentales.
À l’heure où les établissements cherchent à conjuguer excellence pédagogique et maîtrise des données, ce type de dispositif pose les bases d’une gouvernance responsable. En exploitant pleinement la richesse des traces immersives, tout en respectant la vie privée des apprenants et les exigences réglementaires, il devient possible de personnaliser les parcours, de fiabiliser l’évaluation, et de renforcer l’attractivité des formations. Une stratégie qui, à terme, pourrait repositionner l’Europe comme pôle d’innovation en matière d’éducation immersive et souveraine.