Puce quantique Quobly

La start-up grenobloise Quobly, pionnière de la microélectronique quantique, vient d’annoncer lors de l’événement France Quantum le lancement d’un émulateur quantique dit « parfait », développé en partenariat avec la jeune pousse française QPerfect. Ce logiciel d’émulation, désormais accessible via le cloud d’OVHcloud, marque une nouvelle étape dans la stratégie d’industrialisation de Quobly, en préparation de l’arrivée de son futur ordinateur quantique basé sur du silicium.

Le qualificatif d’émulateur « parfait » désigne un simulateur quantique qui n’intègre pas les erreurs physiques normalement présentes dans les qubits réels. En d'autres termes, cet émulateur permet d’exécuter des circuits quantiques sans bruit ni dégradation, ce qui est techniquement impossible sur les machines quantiques actuelles. En supprimant ces variables d’erreur, l’émulateur permet aux utilisateurs de tester leurs algorithmes dans un environnement stable, reproductible et conforme aux lois théoriques du calcul quantique. C’est un environnement « propre » pour apprendre, concevoir et anticiper.

Accélérer la phase de production industrielle

Le pionnier de la microélectronique quantique, qui a levé 21 millions d'euros, entend accélérer la phase de production industrielle de sa première puce quantique sur silicium de 100 qubits physiques. Cette puce quantique est conçue pour être produite sur des semi-conducteurs FD-SOI de 300 mm, la même technologie que celle utilisée pour les puces destinées aux applications grand public telles que les smartphones. Cette approche unique au monde lève les obstacles à l'industrialisation à grande échelle de la technologie quantique.

Compatible avec les standards de développement existants, notamment Cirq (Google) et Qiskit (IBM), l’émulateur de Quobly permet aux chercheurs, aux développeurs et aux industriels de concevoir et de tester dès aujourd’hui des algorithmes en vue de leur exécution sur la puce quantique que Quobly prévoit de commercialiser à court terme. Cette compatibilité native réduit significativement les barrières à l’adoption et accélère la montée en compétence des utilisateurs dans des secteurs stratégiques.

Parmi les cas d’usage visés figurent l’optimisation combinatoire, la finance quantitative, la chimie moléculaire, l’intelligence artificielle et la bio-informatique. L’outil trouve aussi des débouchés dans des contextes souverains, à l’image de l’accord conclu avec la Direction générale de l’armement (DGA) pour une utilisation dans le cadre de programmes de défense.

Un émulateur « parfait »

Présenté comme « parfait », cet émulateur ne modélise pas encore les erreurs physiques des qubits, mais permet l’émulation d’algorithmes jusqu’à 31 qubits logiques sans bruit. Il s’agit d’un premier jalon d’une feuille de route logicielle plus ambitieuse, avec des versions à venir qui intégreront la modélisation réaliste des erreurs matérielles et les phénomènes de bruit quantique, en s’appuyant notamment sur des approches avancées comme les réseaux de tenseurs.

Ce lancement intervient quelques mois après l’annonce d’un partenariat stratégique entre Quobly et STMicroelectronics, centré sur l’utilisation de la technologie FD-SOI 28 nm pour la fabrication en volume de circuits quantiques. Cette collaboration confère à Quobly un avantage industriel indéniable dans un paysage technologique encore marqué par des incertitudes de mise à l’échelle.

Bâtir un écosystème quantique européen souverain

« Cet émulateur précède la production de notre machine quantique et en accélère le développement, explique Maud Vinet, cofondatrice et présidente de Quobly. Par analogie avec les circuits intégrés classiques, nous tirons bénéfice de l’émulation pour prédire les performances matérielles, concevoir les architectures système et préparer le passage à l’échelle avec nos clients. »

Créée en 2022 et issue de quinze années de recherche collaborative entre le CEA-Leti, le CNRS et la RTO, Quobly poursuit ainsi son ambition de bâtir un écosystème quantique européen souverain, maîtrisé de bout en bout, du logiciel à la puce physique. Avec un financement total dépassant 40 millions d’euros en moins de trois ans et des partenariats structurants (Soitec, Air Liquide, Orano), la société entend jouer un rôle moteur dans la transition vers une informatique quantique industrialisée et accessible.