Satya Nadella, le CEO de Microsoft, a tenu à rassurer ceux qui craignaient que l'éditeur ne voit plus son avenir que dans le nuage… Microsoft ne renonce pas à ses produits pour l'entreprise qui s'exécutent sur des datacenters. Mais seul le cloud occupe ses rêves !
Le journaliste est généralement au fait de l'actualité, en relation directe avec la nouveauté du fournisseur, et sous l'influence de son discours. C'est ainsi que le cloud occupe aujourd'hui une place de premier plan, et qu'à recevoir les informations et tendances des marchés et des fournisseurs, nous n'écrivons plus que sur le Cloud Computing, le Big Data, l'Internet des Objets, etc., puisqu'ils font l'actualité !
Cet aveuglement nous fait oublier l'essentiel, la majorité des DSI n'en est pas encore là ! Selon les contacts que nous avons, elles ont un, deux voire trois trains de retard, ou elle attendent tout simplement le prochain train. Pour les plus avancées testant avec parcimonie les dernières technologies. Ou pour la majorité elles laissent tout simplement aux autres le soin d'essuyer les plâtres, une attitude bien française !
Le cloud doit encore faire sa place
Concrètement, si tout le monde s'intéresse au cloud, la majorité des entreprises et de leurs DSI n'ont pas encore franchi le pas, et en sont encore à réfléchir sur la virtualisation. Ce qui signifie que sur le terrain les infrastructures et les solutions sont encore on-premise. Ce qui ne signifie pas que le cloud n'a pas sa place, simplement il doit se la faire… sa place.
Alors, lorsqu'à l'occasion d'une conférence téléphonique avec des analystes financiers - et en marge de résultats trimestriels décevants, une première perte depuis 3 ans, liés à une dépréciation de 7,5 milliards de dollars suite à l'acquisition de Nokia - Satya Nadella constate que le chiffre d'affaires de la division serveurs de Microsoft a progressé de 4 %, faisant mieux que ses concurrents. Et là, on se dit que le patron de l'éditeur fait enfin preuve d'un peu plus de pragmatisme que son prédécesseur.
Des produits entreprise éloignés du nuage
Rappelons que cette division regroupe les produits qui ont fait le succès de Microsoft dans les entreprises, Windows Sever, ainsi que Sharepoint, Exchange Server et Lync Server. A trop nous faire miroiter la Xbox, Windows Phone, et aujourd'hui Azure, on en oublierait presque que la majorité des revenus du groupe, et la quasi totalité de sa marge, continuent de provenir des produits pour poste de travail (Windows et Office) et des produits pour serveur.
Difficile également pour Microsoft de ne pas reconnaître l'importance du legacy, de tous ces serveurs et toutes ces solutions qui tournent sur une infrastructure locale, sur site, on-premise. C'est d'ailleurs ce qui différencie Microsoft d'Amazon. Le second peut arguer que l'avenir est dans le cloud public, il ne dispose d'aucun historique et d'aucune légitimité sur des décennies d'infrastructures d'entreprises dont certaines sont encore en cours d'amortissement au bilan des entreprises.
La vision de Nadella
Voilà qui vient relativiser le discours de Satya Nadella lorqu'il affirme que « Dans l'ensemble, je démarre même avec la vision mondiale du business serveur de mon entreprise qui n'est pas un business legacy. Nous pensons fondamentalement de nos serveurs qu'ils sont l'extension du cloud ; je le décris même architecturellement au bord du cloud ».
Décidément, même lorsque nos fournisseurs affichent des poussées de réalisme, le discours cloud revient systématiquement à grands pas. Aux DSI de trier dans ce fatras médiatique orchestré par les fournisseurs afin d'y trouver la solution qui pourrait leur correspondre.