L'Internet des Objets, ce sont d'abord des capteurs largement dispersés, des données qui explosent, et la nécessité de les traiter via les analytiques. Soit la multiplication des problématiques de plateformes, volumes, temps réel, juridique…

L'évocation de l'IoT (Internet des Objets) renvoie naturellement vers les objets connectés du quotidien, en particulier les wearables (objets connectés personnels). Mais cette vision est particulièrement restrictive, car l'IoT aujourd'hui et plus encore demain concerne l'industrie. L'automobile, les transports, la chaine logistique en sont des exemples concrets, qui multiplient les capteurs.

Se posent alors deux interrogations : les infrastructures sur lesquelles reposent les réseaux de capteurs et d'objets connectés, et les datacenters qui centralisent l'information produite, qu'elle provienne des objets eux-mêmes ou des solutions qui les pilotent, seront-ils suffisants. Et surtout le traitement des données qui s'amassent, débordent, et qu'il faut bien exploiter car la donnée est la valeur au coeur de l'IoT.

Voilà pourquoi le mariage de l'IoT et des Big Data analytiques est inéluctable. Le premier est à l'origine et/ou destinataire de la donnée ; le second traite la donnée et porte sa valeur.

  • Un potentiel encore inimaginable

Dans le seul cadre de l'Union Européenne, la contribution de l'IoT au PIB est estimée à 1.000 milliards d'euros à l'horizon 2025. Difficile d'analyser ce chiffre tant il représente plus une tendance qu'une réalité qui sera probablement différente. En revanche, la création de valeur associée à ce marché n'est estimée qu'à 10 % ! Rappelons, nous l'avons évoqué en préambule, que le principal de l'IoT est et sera industriel.

Face à une montre connectée, ce sont des milliers de capteurs qui font l'essentiel des objets connectés. Et dans l'industrie, la création de valeur porte moins sur la marge d'un produit (l'exemple d'Apple n'est qu'un épiphénomène contraire à la moyenne) que sur les gains de productivité et la monétisation des services. C'est là que la capacité à valoriser les données IoT via des solutions analytiques fera la différence. Et pour la plupart des entreprises, la révolution sera moins technologique que sur les modèles économiques.

  • Le prédictif, une nouvelle dimension pour l'IoT

L'IoT transforme les modèles économiques. Mais avec les analytiques, c'est tout un pan de nos process qui se transforme. Après la connectivité, c'est une nouvelle marche que nous franchissons, celle du temps réel. Mais cela ne suffit pas (ou plus), et la prochaine étape, en cours, sera celle du prédictif. C'est toute la chaine de la maintenance qui se fait prescriptible et qui est en pleine mutation. Avec une dimension spécifique et cognitive, celle de la collecte, de l'exploitation et de la restitution de la connaissance, ainsi que des règles métiers.

  • L'épine du juridique

Le juridique peut en effet être considéré comme une épine dans le pied de l'ioT comme du Big Data. Et cela parce qu'il manque une véritable ligne directrice, avec les législations associées, sur lesquelles se reposer. La donnée peut provenir de trois sources, chacune avec sa réglementation propre, pour peu qu'elle existe, et ses particularités géographiques. En France, ce sont les données publiques, à l'exploitation gratuite (loi cada) ; les données privées produites par l'entreprise, soumises au droit des bases de données ; et les données personnelles qui doivent être conformes à la loi informatique et libertés. S'ajoutent à cela la dispersion des données et de leurs origines, leur usage, et le recueil éventuel du consentement.

Enfin, dernière interrogation juridique soulevée par l'association de l'IoT et du Big Data analytiques, la contractualisation des projets doit prendre en compte l'ensemble de ces éléments, le respect des règles associées aux données publiques, la licence d'utilisation des données privées, le consentement associé aux données personnelles, et le VRM qui théoriquement donne aux personnes concernées la maitrise de leurs données.

Autant de problématiques qui proviennent principalement de la jeunesse de l'IoT comme du Big Data, et demanderont à être réglées tant en local qu'à l'international pour que ce marché puisse s'épanouir et créer la richesse que tous semblent vouloir lui associer.

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