Avec l'acquisition annoncée d'EMC pour 67 milliards de dollars (!), Dell réalise la plus grosse fusion-acquisition de l'histoire des technologies.
Un premier rapprochement il y a un an, entre Michael Dell, le fondateur et CEO de l'entreprise qui porte son nom, et Joe Tucci, le CEO d'EMC. Les deux dirigeants se connaissent de longue date, EMC a pendant un temps fourni des solutions de stockage orientées PME et départemental au texan, les deux marques figurant sur un même équipement (voir l'image d'entête). Puis les conseils d'administration des deux groupes ont suivi le mouvement. Enfin la rumeur qui trainait depuis quelques temps. C'est désormais officiel, la négociation se termine par une offre, celle de Dell sur EMC.
67 milliards $
Une transaction proposée à 33,15 dollars l'action EMC – répartis en 24,05 dollars en cash et le solde en actions Dell - soit une prime de 28 % à la clôture de Wall Street vendredi dernier, ce qui porte son montant à 67 milliards de dollars. Jamais une opération de fusion-acquisition n'a atteint une telle somme dans l'histoire de l'informatique !
Pour réaliser cette prouesse, Michael Del a trouvé trois alliés financiers, les fonds MSD Partners, Sylver Lake et Temasek (ce dernier est un fonds souverain de Singapour). Et même si une clause d'une durée de 60 jours permet à EMC d'accepter éventuellement une surenchère, moyennant une (grosse!) indemnité au profit de Dell, nous voyons difficilement qui pourrait tenter ou disposerait des moyens pour tenter une telle aventure…
Consolidation de deux géants
Dans cette opération, Dell s'offre le géant mondial du stockage. Mais également l'incontournable de la virtualisation VMware, entreprise indépendante cotée en bourse (et qui le restera) mais contrôlée par EMC. RSA sur la sécurité et Pivotal sur le Big Data devraient se fondre dans la masse du portefeuille des solutions du constructeur texan, et à terme disparaître.
Ce montage aura le mérite de satisfaire les régulateurs américains, d'autant plus que sur un marché technologique dont le centre a largement commencé à se déplacer vers la Chine, la pépite EMC, même en difficulté face à ses concurrents qui progressent plus rapidement qu'elle, restera américaine. A la différence d'un IBM qui a soldé ses valeurs industrielles – PC puis serveurs – au chinois Lenovo. Et par ailleurs l'opération est une consolidation à l'américaine, bienvenue au moment où le numéro 1 HP se divise.
L'acqusition reste soumise à l'accord des actionnaires d'EMC, mais en vieux roublard Joe Tucci, l'homme qui a transformé le petit fabricant du Massachusetts en numéro un mondial du stockage de données, a préparé le terrain depuis quelques années, reculant régulièrement son départ à la retraite. L'approbation des autorités financières américaines ne devrait être qu'une formalité. L'opération pourrait aboutir à la mi 2016. Restera ensuite à faire les comptes, élimier les doublons, réduire la voilure dans certains domaines, afin d'assurer une digestion qui, même logique par les synergies de gammes et de technologies, sera difficile...