La relation entre le DAF et l’informatique est une histoire complexe qui fut parfois conflictuelle. Elle constitue aujourd’hui un maillon essentiel de la transformation digitale. La question n’est plus de savoir qui pilote la transformation et si le DAF a un rôle à jouer, mais comment il peut l’accompagner en tant que relais de la direction générale, aux côtés de la DSI et des métiers. Il s’agit également de gagner en productivité en adoptant le numérique et la dématérialisation jusque dans le cloud.

Près d’un directeur financier sur deux (45 %) s’estime acteur de la stratégie numérique de son entreprise et même 21 % d’entre eux affirment tenir une position de leader (source baromètre du Congrès des DAF 2015). Tenant les cordons de la bourse de son entreprise et ayant généralement l’audience de sa direction générale, le DAF est évidemment incontournable dans tout projet de transformation digitale. Cependant, le cantonner au rôle de gestionnaire de trésorerie serait pour le moins réducteur, pour l’homme comme pour sa fonction.

La relation DAF et DSI a basculé dans le vert

En réalité, la relation entre la finance et l’informatique, puis le numérique a évolué au fil du temps. Témoin des débuts de l’informatique, le DAF a subi l’opacité de cette dernière et l’arrogance du directeur informatique, tenant d’un savoir qui échappait à tous. Au fil du temps, le service informatique a élargi son champ d’action et s’est mué en systèmes d’informations. Il est devenu support de l’ERP et non plus seulement de la gestion comptable, ce qui a permis au DAF de gagner en pouvoir et a fait perdre au DSI sa position dominante. L’entreprise avait tout à gagner de l’entente de ces deux hommes et malgré encore quelques frictions, c’est aujourd’hui fort heureusement le cas dans la majorité des organisations.

Il y a bientôt 10 ans, la crise a encore renforcé la mission du DAF. Celui-ci s’est vu confier la réduction drastique des coûts et la responsabilité d’exercer un contrôle strict sur la trésorerie. Une stratégie de repli imposée par les dirigeants de l’entreprise, sous la pression notamment des actionnaires, qui a touché tous les services.

Pourquoi le numérique 

Le DAF et le DSI doivent aujourd’hui affronter une même réalité, celle de la transformation digitale. Porteuse de nouveaux revenus et de son expression la plus commune en matière de gestion, la dématérialisation, qui modifient les règles du jeu. C’est désormais simple : il n’y pas de transformation sans numérique.

Le numérique est partout, du bureau au cloud et jusque dans notre poche sous la forme de nos smartphones. En automatisant les processus, il renforce la sécurité et soulage les équipes qui deviennent plus productives.

Il est porteur de la pépite qui se cache au cœur des organisations, qui se mesure, s’analyse, se conserve, se partage : la donnée. « Le pétrole de demain, c’est la donnée », affirme-t-on ainsi chez Bpifrance. Il s’agit en tout cas d’une valeur que doit évaluer et comptabiliser le DAF. Son rôle est essentiel, car plus que tout autre il est l’homme-orchestre de l’exploitation de la donnée, celui qui en comprend la valeur et qui a le pouvoir de la partager et d’en faire le support d’une nouvelle rentabilité.

Des outils, des compétences, des processus et des modèles

Pour atteindre cet objectif, le DAF doit s’appuyer sur des outils et des compétences. La démarche est délicate. Il doit ainsi compter sur la DSI pour l’accompagner. En effet, cette dernière apporte les outils numériques et l’agilité avec laquelle les équipes de l’entreprise adoptent les solutions nouvelles. Le monde est en mouvement, et celui-ci ne cesse d’accélérer. Au point que ceux qui traînent ou qui se contentent d’observer risquent fortement de rester sur le bord de la route

Cette adaptation passe par l’évolution des processus et l’adoption de nouveaux modèles économiques. Il s’agit d’une véritable révolution qui s’immisce dans les pratiques financières et opérationnelles des organisations. Elle constitue également l’opportunité de revoir les équilibres et de donner un nouvel élan à l’entreprise. Le passage du Capex à l’Opex, de la licence à l’abonnement, du ‘on premise’ (l’informatique physiquement dans l’entreprise) au SaaS (Software-as-a-Service ou applications en location dans le cloud), apporte son lot d’arguments auxquels les DAF sont sensibles. Elle génère une réduction des investissements et des coûts, ainsi qu’une hausse de la flexibilité et de la réactivité. Elle permet de tester les produits et de réduire les délais de déploiements, tout en garantissant les mises à jour et en assurant la continuité du service. Enfin, elle permet d’étendre les bases de données et de fournir des analyses précises notamment avec le Big Data.

Le partenariat avec le DSI s’exprime également au travers de ces nouveaux modèles. La DSI assure ainsi la validation des solutions et la maintenance du système d’information dans ce nouveau périmètre (de l’entreprise au cloud, des architectures physiques aux virtuelles). Il gère les prestataires et est responsable du développement des fonctionnalités et des services en ligne. Il est aussi le garant de l’interopérabilité avec les systèmes existants et des environnements déportés, tout en assurant la performance des réseaux et la scalabilité pour supporter les pics de charges. Enfin, il garantit la sécurité des données et leur sauvegarde, et met en place des plans de secours.

Le DAF, le cloud et la transformation digitale

Qu’il soit initiateur, partenaire ou support des projets, le DAF a tout à gagner de la transformation digitale et de l’adoption des nouveaux modèles numériques et technologiques. Si certains d’entre eux se montrent encore sceptiques face à la dématérialisation des fonctions opérationnelles de l’entreprise dans le cloud et l’adoption des modèles locatifs tels que le SaaS, les avantages générés par ces nouvelles solutions tels que la réduction de coûts, la flexibilité ou encore le gain d’agilité doivent faire chuter les préjugés et gagner en productivité. Sans oublier que la transversalité des fonctions digitales rapproche tous les acteurs de l’entreprise. Quel directeur financier serait ainsi opposé à une proximité renforcée avec sa direction générale en amont, sa DSI et les métiers en aval ?