En s’appuyant sur la réglementation EIDAS 2.0, Generali France et Be-ys amorcent une transformation structurelle de l’expérience client assurantielle. Leur pari : faire du portefeuille d’identité numérique un canal d’accès fluide, sécurisé et dynamique aux offres et services d’assurance. Un chantier technologique, réglementaire et humain, mené avec le wallet KeepMe comme catalyseur.

Le portefeuille d’identité numérique, ou wallet, s’impose comme un futur standard dans les relations entre citoyens, entreprises et administrations. D’ici 2027, toutes les organisations assujetties à EIDAS 2.0 devront accepter ce canal de connexion sécurisé. Pour Generali France, ce bouleversement réglementaire représente bien plus qu’une contrainte : c’est l’opportunité d’inventer une nouvelle grammaire assurantielle, fondée sur la confiance numérique, la fluidité des parcours client et l’accès personnalisé aux services. En s’appuyant sur la plateforme souveraine de Be-ys, éditeur du wallet KeepMe, l’assureur entend gagner en efficacité opérationnelle, renforcer la prévention et améliorer l’expérience utilisateur à chaque étape du contrat.

Le partenariat Generali–Be-ys est né d’un double alignement. D’une part la contrainte réglementaire liée à EIDAS 2.0, et, de l’autre, l’ambition stratégique du plan Boost 2027 de Generali, qui fait de l’innovation un levier prioritaire d’amélioration de l’expérience client. « Le wallet permet d’alléger la phase de souscription en automatisant la récupération d’informations déjà certifiées », explique Jean Rémond, en charge de l’innovation et de l’identité numérique chez Generali France. Au lieu d’exiger de chaque client une liste fastidieuse de justificatifs, l’assureur peut désormais accéder, avec consentement, à des attributs numériques validés, ce qui raccourcit considérablement les délais et soulage les conseillers.

Le pilote mené avec KeepMe s’est concentré sur la souscription, mais ses effets dépassent le seul onboarding. « Cette logique d’attributs certifiés permet d’alléger les contrôles de conformité, de réduire le risque de fraude documentaire et d’enrichir l’espace de services mis à disposition du client », poursuit Jean Rémond. Dans une optique de passage à l’échelle à partir de 2026, le wallet devient une brique stratégique de l’écosystème SI, intégrée au socle Generali via un hub d’interconnexion développé par Be-ys. L’expérience client y gagne, mais aussi les équipes internes, libérées d’une partie des tâches administratives récurrentes.

Un canal dynamique au service de la relation client

Plutôt que d’imaginer le wallet comme un simple conteneur d’identité, Generali et Be-ys y voient un espace interactif, évolutif, capable d’accueillir des services à forte valeur ajoutée. « Notre approche vise à transformer une obligation réglementaire en opportunité relationnelle », résume Matthieu de Montvallon, directeur du développement chez Be-ys. Le wallet devient un point d’ancrage pérenne pour la communication entre l’assureur et l’assuré, y compris en dehors des temps contractuels classiques. « On peut y pousser dynamiquement des informations, des services ou des alertes ciblées selon le profil et le contexte. »

Cette logique ouvre la voie à de nouveaux formats de services paramétriques, conditionnels ou limités dans le temps. Elle anticipe aussi l’émergence de cas d’usage transversaux, comme l’authentification granulaire, la délégation de consentement, ou l’accès contextuel à des services de prévention. « Ce que nous amorçons, c’est une relation d’abonnement à la protection, plutôt qu’une transaction ponctuelle autour d’un contrat », note Jean Rémond. L’assurance devient interaction continue, portée par un canal souverain et pilotée par l’utilisateur.

Souveraineté, sécurité et interopérabilité au cœur de la plateforme

À la couche visible du wallet s’ajoute une infrastructure robuste et souveraine. Be-ys opère quatre centres de données en France, sans dépendance à des acteurs extracommunautaires. Sa plateforme back-end, véritable cœur du dispositif, assure la conversion des attributs en données exploitables par le système d’information de l’assureur. « C’est cette couche d’intégration qui permet à Generali de s’appuyer sur des données certifiées sans rupture dans ses workflows métiers », souligne Matthieu de Montvallon. Chaque attribut est contextualisé, transféré de manière vérifiable, et potentiellement révoqué à tout moment par le client.

Cette architecture permet à Generali de concilier la conformité (RGPD, EIDAS, DORA), l’efficacité opérationnelle et la confiance numérique. Le système peut également intégrer des mécanismes de détection de fraude documentaire, grâce à l’IA. « L’un des usages immédiats de l’intelligence artificielle dans ce cadre est la détection de faux documents générés par IA. La sécurisation de l’entrée du wallet est un enjeu critique. » L’approche Zero Trust, évoquée en filigrane, implique de ne transmettre que des attributs strictement nécessaires, sans surexposition des données personnelles.

Agents numériques : vers un wallet intelligent et proactif

La prochaine étape consistera à introduire de l’intelligence contextuelle au sein même du wallet. Be-ys prévoit d’y intégrer des agents conversationnels capables d’orienter l’utilisateur dans ses démarches, de l’aider à choisir un service ou à compléter une action. « Un wallet contenant 100 espaces d’interaction devient vite illisible. Un agent IA personnel permet de fluidifier l’usage, voire d’anticiper certains besoins », projette Matthieu de Montvallon. Ces agents pourraient aussi suggérer automatiquement des offres adaptées à la situation de l’assuré, en capitalisant sur les attributs déjà enregistrés.

Pour Generali, l’enjeu est double : améliorer la qualité de service tout en respectant la logique de consentement actif. « L’IA ne doit jamais être une finalité, mais un moyen d’assister les collaborateurs et les clients. Notre priorité reste la transparence, l’acculturation des équipes et l’accompagnement », insiste Jean Rémond. Trois strates de l’IA sont identifiées : outils individuels (Copilot, Jupyter AI), agents métier pour équipes spécifiques, et systèmes transverses intégrés à l’IT. Le wallet intelligent s’inscrit dans cette dynamique hybride, au croisement de l’automatisation, de la personnalisation et de la gouvernance des données.

Anticiper les usages, structurer les services, améliorer la lisibilité

Le chantier 2026 portera sur la définition et la priorisation des services à intégrer au wallet Generali. « Ce ne sera pas un catalogue figé, mais une approche dynamique. Certains services auront du sens seulement à certaines périodes », anticipe Matthieu de Montvallon. L’assurance paramétrique, l’activation conditionnelle, la prévention ciblée sont autant de pistes déjà évoquées. À terme, le wallet pourrait devenir l’interface principale entre l’assureur et l’assuré, un « espace client augmenté » respectueux des standards européens et capable d’évoluer en fonction des contextes réglementaires ou sectoriels.

En redéfinissant la relation contractuelle comme un service vivant, Generali s’inscrit dans une logique de gouvernance numérique progressive, où la donnée circule mieux, de façon plus sûre et plus explicite. L’expérience client gagne en cohérence, les processus internes en robustesse, et le canal d’interaction devient lui-même un levier stratégique. « Le wallet est un accélérateur de maturité numérique pour le marché de l’assurance, conclut Jean Rémond. Mais il suppose de poser les fondations techniques, réglementaires et humaines pour en tirer toute la valeur. »

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